Véhicule autonome : le franc-comtois Gaussin affine son plan pour Navya

La semaine dernière, le tribunal de commerce de Lyon annonçait la reprise des actifs de la société Navya, spécialiste de la conduite autonome, par deux groupes déjà présents dans ce secteur, l’un français : Gaussin (51%) et l’autre japonais : Macnica (49%). La nouvelle structure sera pilotée par l’actuel vice-président de Gaussin, Jean-Claude Bailly. Retour sur cette entreprise qui a tout misé sur les véhicules intelligents et propres depuis une dizaine d’années.
(Crédits : Gaussin)

La noce n'a que quelques semaines. Début février, le spécialiste de la conduite autonome basée à Villeurbanne (Rhône) a été repris pour un prix de cession de 1,4 million d'euros par un duo franco-japonais : le groupe franc-comtois Gaussin, constructeur de véhicules autonomes électriques ou hydrogènes pour le transport de marchandises en site fermé, en partenariat avec le japonais Macnica, un acteur important dans les semi-conducteurs qui utilise déjà des navettes Navya.

Créée en 1880, la société d'ingénierie Gaussin est dirigée par Christophe Gaussin, la quatrième génération à la tête du groupe, désormais cotée à Euronext. En 2012, le dirigeant a fait le choix de bannir complètement la motorisation diesel et de se focaliser uniquement sur les véhicules de la mobilité douce, en investissant 140 millions d'euros sur le développement de solutions électriques et hydrogènes. « C'était un choix extrêmement fort à l'époque car les marchés n'étaient pas encore prêts », souligne Jean-Claude Bailly, vice-président de Gaussin. « Toutefois, Christophe Gaussin avait la conviction qu'il fallait développer ces solutions sur des sites fermés, tels que les ports, aéroports, et centres logistiques, avec des écosystèmes plus simples à mettre en place, notamment en termes de recharge de batterie ou de station à hydrogène », poursuit-il.

Cette stratégie a amené le groupe à concevoir toute une gamme de véhicules électriques, entièrement modulaires, pensée dès le départ pour intégrer différents types de batteries, voire de l'hydrogène. « On utilise exactement la même plateforme, simplement, on va remplacer des blocs modulaires en fonction des besoins », explique Jean-Claude Bailly. Les véhicules Gaussin sont ainsi compatibles avec plusieurs marques de batteries, également conçus pour faire du swapping, c'est-à-dire la capacité d'échanger une batterie en moins de trois minutes.

Gaussin a également travaillé sur la partie autonome des véhicules. « Nous avons déjà mis des véhicules autonomes en fonctionnement, par exemple, sur le port de Singapour », précise Jean-Claude Bailly.  86 exemplaires de leur véhicule de manutention AGV Perfomance 65 tonnes, un véhicule 100% autonome et 100% électrique, tournent en permanence sur ce site. « Toutes nos plateformes sont « Drive by Wire » c'est-à-dire prêtes à être autonomisées », poursuit-il.

Les atouts de l'offre Gaussin-Macnica

Si le tribunal de commerce de Lyon avait estimé que l'offre de Gaussin était « supérieure (...) au niveau du critère de la pérennité de l'activité » à l'offre d'Ellectramobilys, un groupe basé à Calais, spécialisé dans la conception et la fabrication de véhicules utilitaires légers, en partenariat avec le groupe Alten, c'est parce que, d'une part, l'offre apparaissait plus solide en termes de financement de l'activité : « à hauteur de 25 millions d'euros sur les trois prochaines années dont 15 millions déjà sécurisés ». Mais pas que. Le carnet de commandes de Gaussin sur la logistique et le transport, en particulier le portuaire, ne cesse de s'accélérer. « Il y a une demande extrêmement forte sur ce secteur des véhicules autonomes », précise Jean-Claude Bailly. Ce qui ouvre de nouvelles perspectives de marchés à Navya qui s'était focalisé uniquement sur un type de véhicule, la navette. D'autre part, Gaussin possède une réelle capacité d'industrialisation grâce à sa capacité de production de véhicules, au travers de sa filiale Metalliance, située en Saône-et-Loire. « L'idée est de bénéficier de toute la R&D développée par les équipes de Navya en lui apportant ce côté business et développement de la production », explique Jean-Claude Bailly.

Même si aujourd'hui, Navya a développé un système plus perfectionné, avec plus de ressources, Gaussin a une vraie connaissance du secteur puisque l'entreprise s'est positionnée depuis plus de 10 ans sur les véhicules à zéro émission et à la conduite autonome.

Côté Macnica, le groupe qui comprend 4.000 collaborateurs, est bien implanté au Japon, mais aussi plus largement en Asie. « Notre partenaire se développe très vite, avec beaucoup de projets de villes avec de la conduite autonome », constate Jean-Claude Bailly. Macnica connait bien Navya puisqu'il lui avait déjà commandé des navettes. « Le groupe japonais a cette volonté de développer et de continuer à investir sur des navettes autonomes », confie le futur directeur de la co-entreprise « Gaussin-Macnica Mobility ». La création de cette joint-venture est une opportunité pour les deux groupes de garder cette longueur d'avance sur le déploiement du véhicule autonome. Une position de leader sur le marché qui passera par le développement massif du niveau 4 de l'autonomie des véhicules - plus besoin de conducteur ni de superviseur - et vers de plus grands marchés sur le transport de passagers.

Des partenariats stratégiques

Le groupe Gaussin a noué des partenariats stratégiques avec de grands acteurs mondiaux afin d'accélérer sa pénétration commerciale : Siemens Logistics dans le domaine aéroportuaire, Bolloré Ports et ST Engineering dans le domaine portuaire, UPS dans le domaine de la logistique, Bluebus dans le transport de personnes. Et même récemment, en décembre 2022, avec Amazon qui a passé une commande de 329 véhicules qui seront produits par la filiale de Gaussin, Metalliance. Dans un communiqué, le groupe précisait que l'accord avec Amazon prévoit la livraison des tracteurs de parc électriques sur les sites Amazon aux États-Unis à partir de 2023. Ils seront fabriqués dans l'usine de Gaussin en France, qui a actuellement la capacité de produire 2.400 tracteurs de parc électriques par an. Les véhicules Gaussin se distinguent par leurs performances et leur modularité. Les tracteurs ATM peuvent tracter des charges allant jusqu'à 38 tonnes et certains intègreront une capacité drive-by-wire - qui remplace les fonctions de liaison mécanique par des systèmes électroniques pour les véhicules routiers et tout-terrain.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.