La deeptech Ecollant veut produire des collants recyclables en France

AUXERRE. Plusieurs acteurs de la chaine de production textile en France se sont réunis autour d’un projet : comment recycler les collants et en fabriquer de nouveaux à partir de cette nouvelle matière recyclée ? Un questionnement qui a fait naître en 2019 le projet Ecollant dans l'Yonne.
(Crédits : Divine Paris)

Chaque année, 104 millions de collants sont jetés, selon une enquête de HOP (Halte à l'obsolescence programmée) datant de 2018. Ce qui représente 7.315 tonnes de déchets non recyclés par an. « À l'échelle mondiale, il n'existe pas encore de procédé capable de recycler à 100% les collants », regrette Agathe Rouzaud, directrice des opérations chez Ecollant. « Aujourd'hui, ils partent directement à l'enfouissement et mettent environ 30 ans à se désintégrer », poursuit-elle. Si certaines marques font des efforts pour moins impacter la planète, comme Billi London qui conçoit des collants biocompostables grâce à un nylon biodégradable, c'est-à-dire qu'ils mettent seulement 5 ans à disparaitre sous enfouissement ; ou d'autres comme Cygnes qui fabrique leurs collants à partir de nylon recyclé - celui-ci vient aussi d'Asie du Sud Est - aucune marque n'est encore capable de les recycler entièrement et d'en refaire à partir de ces matières, en boucle circulaire.

C'est l'objectif d'Ecollant d'ici 2025 : commercialiser des collants fabriqués à partir de collants usagés et entièrement recyclables, en faisant le pari d'une éco-conception sur le territoire français. Reconnue deeptech en début d'année, l'entreprise compte désormais six personnes à temps plein. Ecollant est accompagnée par l'Ademe, le Pôle écoconception et la région Bourgogne-Franche-Comté.

Trouver la solution pour un recyclage des collants en boucle circulaire

Grâce à l'écosystème qui l'entoure et à ses partenaires industriels, Ecollant travaille en intelligence collective : « Les tricoteurs et les teinturiers nous apportent la connaissance technique liée à la production textile et à ses contraintes tandis que d'autres nous aident à mieux connaitre le marché », se réjouit Agathe Rouzaud. Pour atteindre son objectif de sortir un collant recyclable en 2025, à partir de collants usagés, et fabriqués en France, Ecollant investit dans la recherche et développement.

Depuis 2021, Ecollant teste et travaille déjà sur les matières recyclées afin de sensibiliser ses partenaires industriels à fabriquer leurs articles en mode éco-conception. Grâce au partage de leurs chaines de production, la startup a déjà commercialisé sa troisième collection d'articles recyclés en marque blanche, auprès de grandes marques. À partir de matière recyclée comme le Polyester, Ecollant produit des articles de mode féminins, tels que des maillots de bain, en 2022. « Cette activité nous permet de nous rôder et de nous préparer à l'arrivée des collants en 2025 », explique Agathe Rouzaud.

Lancer sa propre marque

Après ses trois collections en marque blanche, Ecollant a décidé de lancer sa marque en 2023. « L'idée est de commencer à pénétrer le marché de la mode avec nos propres produits », précise Agathe Rouzaud. Un an a été nécessaire pour le prototypage de ces articles de mode qui sortiront en janvier prochain. « Nous avons été très loin dans le processus d'éco-conception, que ce soit dans la matière utilisée, la manière de les produire et de les packager », poursuit-elle.

Ecollant a déjà commencé la collecte de collants dans différents réseaux, car ses besoins sont importants pour la recherche. La deeptech a déployé plusieurs partenariats à travers la France, que ce soit avec des professionnels qui utilisent en grande quantité des collants pour leurs uniformes, tels que les palaces parisiens ou des compagnies aériennes ; ou bien dans la grande distribution avec des marques, telle que Divine Paris - un des acteurs qui a initié le projet Ecollant en 2019 - qui propose des boxes directement en magasin. « C'est le top départ de la collecte auprès des femmes en individuel, alors que jusqu'alors, nous travaillions, soit au sein des entités pour que les femmes ramènent leurs collants directement sur leur lieu de travail ou au sein des collecteurs trieurs textiles professionnels », souligne Agathe Rouzaud. Leclerc et Auchan ont également des points de collecte.

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Commentaire 1
à écrit le 13/12/2022 à 10:33
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Madame, pourquoi ne penser qu'à l'allaitement au sein ?! Dans certains pays (Asie) les parents donnent du lait de soja ou d'amandes à leur bébé. Et ils n'en sortent pas moins bien. Mieux peut-être qu'en on constate le nombre de jeunes délinquants che...

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