Pour le FLNC, « l'autonomie évoquée ne sera pas en mesure de préserver le peuple corse »

À l'occasion d'une conférence de presse clandestine, à laquelle Corse-Matin, France 3 Corse Viastella et l'AFP ont été conviés, le FLNC rappelle que la Corse « n'a pas de destin commun avec la France », que le processus en cours n'est pas de nature à préserver le peuple corse et livre un discours très politique, en prenant notamment position pour la cause palestinienne.
Pour le FLNC, la Corse « n'a pas de destin commun avec la France »
Pour le FLNC, la Corse « n'a pas de destin commun avec la France » (Crédits : Ange Nicolini)

Onze hommes en armes. Tous sont dissimulés sous des couches de vêtements noirs, des cagoules intégrales, d'autres plus classiques mais superposées sur des masques blancs. Un seul des trois hommes assis à la tribune prend la parole. La voix qui sort du micro est électrique, modifiée. Il s'interrompt définitivement au terme de la lecture du texte de trois pages, préalablement remis aux journalistes.

« Contraints de faire appel à des instances internationales »

Et pour donner le la, il cite « un extrait du rapport Hudson Institute demandé par l'administration française en 1970 pour l'aménagement du territoire :  Solution possible pour la France... Accélérer l'érosion de l'identité culturelle corse, par exemple en encourageant une nouvelle immigration massive en provenance de la Métropole (...) en majorité non corse ».

Ainsi, pour les clandestins, « la colonisation dite de peuplement », est la définition, qui « ne souffre d'aucune contraction », de la « notion de colonisation ».

Un préambule pour mieux faire écho à des chiffres actuels : « Sans aucune possibilité légale pour s'y opposer, des milliers de Français viennent s'installer chaque année en Corse (...) Entre 2015 et 2021, la Corse va connaître une augmentation de la population de 20.310 résidents. Pour la plupart des Français. Augmentation d'autant plus indiscutable que le solde naturel est déficitaire ».

Du discours du président de la République, Emmanuel Macron, prononcé le 28 septembre 2023 à Ajaccio, le FLNC tire un autre constat : « Il n'y a pas de peuple corse mais une communauté insulaire, donc pas de reconnaissance de peuple corse prévue ; Il n'y a pas de statut de résident possible mais un statut de résidence car tous les citoyens français ont les mêmes droits sur le territoire français ».

Deux arguments qui suffisent aux militants de l'ombre à affirmer : « L'autonomie évoquée ne sera absolument pas en mesure de préserver le peuple corse dans sa survie ».

Pour autant, le principe de communauté de destin, qui fait débat aujourd'hui dans la sphère politique corse, n'est pas rappelé ici, ni même évoqué. La création d'une plateforme patriotique, qui organise sa première assemblée générale ce dimanche à Corte, et que le FLNC appelait de ses vœux dans une communication datée de juillet 2023, ne fait pas non plus l'objet de commentaires de la part des militants de l'ombre.

A quelques jours de la venue de Gerald Darmanin, ministre de l'Intérieur, les discussions politiques avec Paris, qui ne représentent pas le fil rouge du discours, sont effleurées. « L'alliance à venir entre l'Exécutif de la Collectivité et la Droite insulaire ne pourra en aucun cas constituer un consensus puissant, capable d'apporter des solutions à la disparition de notre peuple. Dès lors, le président de la République française ayant précisé les contours de ce que la France est capable d'accepter en matière d'évolution institutionnelle, nous serons rapidement contraints de faire appel à des instances internationales pour faire valoir les droits de notre peuple », préviennent les clandestins du FLNC. Ils reprennent, dans trois paragraphes, l'unique phrase d'un communiqué transmis à la rédaction de Corse-Matin en octobre 2023 au lendemain de la nuit bleue du 8 au 9 : « Nous n'avons pas de destin commun avec la France ». En référence au discours de Gilles Simeoni le 28 septembre 2023.

Discours macro politique

Puis, le discours politique sur la Corse bascule dans un discours de macro politique. « Nous, F.L.N.C, soutenons la cause palestinienne. Depuis notre création et aujourd'hui encore. Saremu sempre fratelli di lotta da l'Irlanda à a Palestina".

Une manière aussi de rappeler que dans ce combat politique, les militants se réfèrent « exclusivement au droit international, loin des préoccupations religieuses qui hystérisent les luttes ».

Car « c'est bien le droit international qui a validé le droit à l'indépendance de la Palestine, rendant inaudibles les circonvolutions diplomatiques actuelles de la France », selon les clandestins qui adoptent presque le positionnement d'un parti politique.

« Parce que nous sommes le F.L.N.C, nous serons toujours solidaires de tous les peuples de par le monde dans leur droit légitime à l'autodétermination et à l'indépendance sur leur terre ».

Enfin, au terme de la lecture, les clandestins ont revendiqué « les 45 actions d'octobre dernier », sans doute toutes réalisées à l'occasion de la nuit bleue des 8 et 9, qu'ils listent par secteur et non pas de manière détaillée. Certaines actions taguées FLNC n'apparaissent cependant pas sur cette communication et pour cause : « Nous précisons aussi que nous assumons toutes nos actions et que l'usurpation de notre sigle par des manipulations barbouzardes ne parviendront pas à discréditer notre combat ».

Le parquet national antiterroriste de Paris s'est saisi de l'intégralité de ces actions.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 27/01/2024 à 18:53
Signaler
Bonjour, l'autonomie Corce... Avant toute chose , ils me semblent importants de voir si , nous pouvons nous entendre, si non, lors de la prochaine élection présidentielle, la fenêtre sera passée...MDR.Donc , mieux vos tenir que courir... Donc , les ...

à écrit le 27/01/2024 à 10:08
Signaler
Le beurre et l’ argent du beurre , jamais cette citation n’ a été plus judicieuse pour la Corse, les corses veulent l’ Independance avec l’argent de la France où d’un autre.

à écrit le 27/01/2024 à 8:31
Signaler
Ils n'ont toujours pas compris qu'aucun peuple ne sera préservé. Se battre pour garder un mode de vie dans un monde en mutation inexorable est inutile. Aujourd'hui, c'est pour notre survie à tous qu’il faut se battre.

le 04/02/2024 à 2:36
Signaler
Cela dit, quand on voit la qualité de vie en Corse...Enfin, c'est ce qu'on dit, moi je n'y suis jamais allé. Nous dans le nord, on n'a pas vu le soleil depuis trois mois. On ne peut pas leur en vouloir de vouloir conserver cela. Même si cela nous coû...

à écrit le 27/01/2024 à 8:17
Signaler
Ah la la tout cet attirail alors qu'il suffit de filmer un bureau vide hein ! Voir un communiqué audio tout simplement.... ^^

à écrit le 26/01/2024 à 20:18
Signaler
Une année, je discutais avec un couple de gens âgés (un peu plus que moi) assis sur un banc dans un village en hauteur à l'ouest d'Aléria, ils me demandaient si je ne voulais pas acheter une maison pas chère, pour augmenter de nombre d'habitants, mêm...

le 28/01/2024 à 15:52
Signaler
Alors , la réponse s'est non, pour voir la maison brûlé par deux comiques en noire un soir de cuites.. Non , merci ... les français sont bon, mais cela ne s'écrit pas avec un C ..

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.