Entre Bourgogne et Franche-Comté, le contrat de mariage reste à finaliser

Le ban est officiellement publié. Au 1er janvier 2016, la Bourgogne et la Franche-Comté ne feront plus qu’une. Le mariage, véritable arlésienne du débat politique local, ne fait pas forcément l’unanimité, mais apparaît comme un choix de raison.
Dijon, 17e ville de France fraichement classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

Espace étriqué entre l'ogre parisien, le nouveau mastodonte Rhône-Alpes-Auvergne et l'axe rhénan, la Bourgogne et la Franche-Comté étaient comme au pied du mur. Composer une nouvelle région de 2,821 millions d'habitants était donc le minimum à faire pour continuer d'exister et se réaffirmer sur la scène européenne. Mais évoquer la fusion entre les deux entités, c'est inévitablement réveiller quelques rancœurs tenaces, remémorer des siècles de rivalité. Les deux régions se sont tourné le dos, cultivant un sentiment identitaire très fort et récusant le passé.

À trente ans, Germain Arfeux, célébrité régionale connue pour son engagement en faveur de l'indépendance de la Bourgogne, est de ceux qui souhaitent « restaurer le Grand-Duché d'Occident ». Rien que ça.

« La Franche-Comté c'est d'abord la Comté de Bourgogne », rappelle-t-il. « La réunion des deux régions ne constitue qu'une normalité, tandis que leur séparation est une anomalie de l'Histoire ».

Une normalité. Ou plutôt une banalité. Citée une vingtaine de fois depuis 1960. Plus que la décision de Manuel Valls de réduire de moitié le nombre de régions, c'est plutôt la rapidité de réaction des deux patrons de régions - une semaine après, le 14 avril 2014 - qui a surpris.

« La mariée n'a pas de robe. Et cela ne se fera pas tout de suite », temporisait alors François Berthelon, le président du Ceser Bourgogne.

Car chacun partait sur une hypothèse de fusion en 2020. Sauf que celle-ci devra se faire en dix-huit mois.François Patriat pour la Bourgogne et Marie-Guite Dufay pour la Franche-Comté avaient alors listé des « preuves d'amour » comme la création d'une Communauté d'universités et d'établissements (Comue) Bourgogne Franche-Comté, dont le siège est à Besançon et la présidence à Dijon, les nombreuses coopérations entre les Centres hospitaliers universitaires et même désormais l'unique aéroport grand public contre deux - jusqu'à il y a quelques mois, il y avait un aéroport civil à Dôle et un autre à Dijon, devenu aéroport d'affaires depuis -, auparavant distants de 40 kilomètres. Mais aussi plusieurs ambitions comme des achats groupés pour les lycées, ou la création d'un pôle de compétitivité autour de la voiture du futur, allant de Sochaux au circuit de Nevers-Magny-Cours.

La plus industrielle des 13 nouvelles régions

Cette bonne volonté a bien été saluée par la ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, qui a souhaité faire de la Bourgogne Franche-Comté un « laboratoire de préfiguration ». Mais, en revoyant régulièrement sa copie, le gouvernement n'a pas vraiment facilité sa tâche. Alors qu'ils devaient « réaliser un guide des bonnes pratiques », la concertation fut réduite et les projets de départ ont du plomb dans l'aile. On ne parle plus vraiment d'un Comité régional de tourisme unique. Encore moins des économies et des conséquences sur l'emploi des fonctionnaires.

Avec 17,3 % d'emplois dans l'industrie, la Bourgogne Franche-Comté est la plus industrielle des treize nouvelles régions. Elle peut compter sur quelques fleurons comme PSA Peugeot-Citroën, General Electric et Alstom en Franche-Comté ou Iveco, Michelin, Dim et Areva en Saône-et-Loire. C'est aussi une région agricole (4 % de l'emploi), tournée vers la viticulture et l'élevage.

Revers de la médaille, elle a été touchée, plus que nulle autre par la crise économique : l'emploi y a diminué de 4,6 % entre 2007 et 2014. Mais certains signes portent espoir. Si le produit intérieur brut de la région est l'un des plus faibles de France (71,3 milliards d'euros, soit 3,6 % du PIB national), la balance commerciale est excédentaire de près de 4 milliards d'euros sur les quatre derniers trimestres (!), stimulée par le matériel de transport et les produits agricoles.

« Une annexion pure et simple », selon certains

Le territoire, reconnu pour son riche patrimoine aussi bien architectural que gastronomique - la région regroupe à elle seule 100 appellations - profite d'une position privilégiée entre la capitale, le cœur de l'Europe et la Suisse. Elle partage en effet 230 kilomètres de frontières avec la Confédération helvétique où près de 30. 000 Francs-Comtois travaillent quotidiennement. C'est d'ailleurs vers ce pays que le Mouvement Franche-Comté aurait préféré voir la Franche-Comté se tourner.

« C'est la guerre, une annexion pure et simple. La Bourgogne a des visées hégémoniques », affirmait à l'époque Jean-Pierre Allenbach, président du Mouvement.

Il a même déposé un recours pour annuler les prochaines élections. Avant d'être débouté par le Conseil d'État.

Les habitants auront donc bien rendez-vous avec les urnes, même s'ils se disent insatisfaits par le découpage. Et c'est Marie-Guite Dufay qui mènera la liste socialiste. Elle devra composer avec François Sauvadet (UDI), qui a pris le dessus dans les sondages, et Sophie Montel (FN). Mais aussi des dissidences dans son propre camp, un Modem qui se structure et des écologistes qui partent en solitaires. Et si les deux régions sont actuellement à gauche, l'issue du scrutin est pour l'heure toujours imprévisible.

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Commentaire 1
à écrit le 13/11/2015 à 19:51
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Article très médiocre. Ce journaliste ne semble pas suivre l'actualité. La plupart des entreprises citées ont des problèmes. PSA est plus ou moins devenu chinois, Aréva s'apprête à licencier, Alstom est passé sous le controle de Général Electric ce q...

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