Voiture électrique en Hauts-de-France : le réseau de bornes de recharge monte en puissance dans la concertation

ENQUÊTE 4/5. Quatrième volet de notre série de cinq enquêtes sur le business complexe des bornes de recharge électrique, qui sont publiées chaque jour depuis hier jusqu'à vendredi. La Tribune propose un état des lieux de chaque région en présentant leur feuille de route. Forte d'une stratégie initiée dès 2012 et un travail collectif avec toute la filière, la région Hauts-de-France possède aujourd'hui un réseau de bornes de recharge électriques plutôt bien calibré. La hausse de la demande des voitures à moteur non-thermique s'accompagnera d'une accélération du maillage territorial des points de branchement. D'ici 2035, la collectivité prévoit 151.500 bornes publiques, contre 4.321 en 2021
(Crédits : DR)

Pas si simple de bien mettre en musique le maillage des bornes électriques. Surtout sur un territoire aussi grand que les Hauts-de-France, avec des villes densément peuplées et beaucoup de territoires ruraux. Néanmoins, en chef d'orchestre, on trouve le gestionnaire du réseau d'électricité Enedis, missionné depuis 2018 par le conseil régional pour établir les scénarios prospectifs d'implantation, construire les schémas directeurs locaux, en identifiant notamment la localisation des besoins en charge rapide.

Pour développer les points de recharge, Enedis travaille donc avec tous les partenaires, à commencer par Pôle Energie qui anime notamment le Comité Opérationnel Régional des Réseaux Electriques Intelligents (CORREI), piloté par EDF, la chambre de commerce et d'industrie régionale, le pôle MEDEE, l'ADEME, les réseaux électriques de transport et distribution et des industriels (grands groupes comme PME).

« Nous accompagnons également les collectivités, comme par exemple les communes du Syndicat Intercommunal d'Energie des Communes de Flandre (SIECF), pour co-construire le schéma directeur d'implantation des infrastructures de recharge et développer des projets innovants comme les bornes de recharge sur l'éclairage public. »

Action politique et...prospective

Si le territoire semble aujourd'hui en avance par rapport à d'autres régions, c'est parce que les Hauts-de-France se sont dotés dès 2012 d'un Plan régional de développement de la mobilité électrique (PRDME), en collaboration avec l'ADEME, les différentes collectivités et les syndicats départementaux d'électricité.

Ce plan stratégique a été également inspiré par la Rev3, le mouvement de troisième révolution industrielle, porté par Philippe Vasseur, alors président de la chambre de commerce et d'industrie (aujourd'hui président de la mission Rev3) et Daniel Percheron, précédent président du conseil régional Nord-Pas-de-Calais, avec les conseils de Jeremy Rifkin, essayiste américain, spécialiste de la prospective.

La demande de véhicule électrique à quadruplé depuis 2019

La région, bien que précurseure et aujourd'hui classée parmi les meilleures élèves de l'Hexagone, continue d'accélérer, en lien avec l'augmentation de la demande. Les chiffres de la mobilité électrique en Hauts-de-France ont quadruplé depuis 2019. La région compte à ce jour 4.321 bornes électriques contre 2.971 l'année dernière, selon Enedis. Ce qui représente un point de charge public pour 13 véhicules électriques (alors que c'était 7,5 en octobre dernier) et si l'on prend en compte les bornes privées, une moyenne 0,8 véhicule par borne pour le Nord-Pas-de-Calais et Picardie, selon Enedis.

Tous les territoires ne sont pas pour autant à la même enseigne. La Métropole européenne de Lille (MEL), qui a rompu l'année dernière son contrat avec Bluelib (groupe Bolloré) pour "constat de carence" (seules 30 bornes ont été installées sur 167), a décidé d'accélérer pour passer de 400 points de recharge actuellement disponibles sur le territoire à plus de 4000 d'ici 4 ans. La collectivité a lancé fin juin un appel pour une concession de service de dix ans. La MEL, qui a mis en place un système payant par abonnement, a calculé que les véhicules électriques devrait dépasser les 30.000 unités en 2025 sur le territoire métropolitain pour atteindre les 100.000 en 2030 (contre 5.600 véhicules actuellement).

A l'échelle de la région, l'ex Nord-Pas-de-Calais et Picardie ont vu la mise en service de 47.659 véhicules électriques ou hybrides rechargeables en circulation à juin 2021 : si cela ne représente encore qu'1% du parc total de véhicules, le nombre a quand même doublé en une année, avec une nette préférence pour l'hybride. D'après les projections du gestionnaire du réseau d'électricité, et au vu des objectifs fixés par la Programmation Pluriannuelle de l'Energie, d'ici 2035, il devrait y avoir 1.180.000 véhicules électrique ou hybrides, soit presque 8% du parc français et 151.500 bornes publiques, en Hauts-de-France.

L'innovation au cœur de la structuration du réseau

« De nombreux projets sont actuellement en plein développement dans la région », poursuit Enedis. L'implantation de 200 bornes publiques, rapides ou très rapides, est actuellement initiée (concernant tout autant la voirie, les parkings, stations-services, opérateurs de recharge, aires d'autoroute de la SANEF, concessionnaires automobiles, centres commerciaux ou grande distribution, etc.).

D'autres expérimentations, menées avec l'école d'ingénieurs ENSAM et le bailleur social Partenord testent des « véhicules to grid » (ou comment utiliser la batterie du véhicule pour renvoyer de l'électricité sur le réseau). La métropole européenne de Lille a par exemple mis en place des premières cellules de production photovoltaïque sur des ombrières de parking, couplées à des batteries de stockage stationnaire.

>> Cliquez sur la carte pour poursuivre l'enquête en région :

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