Dans les Hauts-de-France, près d'un quart des emplois risque de basculer vers l'intelligence artificielle

Deux ans après son lancement à Lille, la Cité de l'Intelligence Artificielle (IA), initiée par le MEDEF Lille Métropole, fait le bilan de ses réalisations : une formation de chef de projet unique en France, des accompagnements d'entreprises et des stagiaires certifiés au sein d'entreprises. Face au nombre d'emplois qui se dirigent vers l'IA, la Cité prépare ainsi la nouvelle vague technologique.
La Cité de l'intelligence artificielle est née début 2019, initiée par le MEDEF Lille Métropole et soutenue par l'Etat, le conseil régional Hauts-de-France et l'opérateur de formation Opcalia.
La Cité de l'intelligence artificielle est née début 2019, initiée par le MEDEF Lille Métropole et soutenue par l'Etat, le conseil régional Hauts-de-France et l'opérateur de formation Opcalia. (Crédits : Sébastien Duprez)

Wanted : 111.400 postes dans l'IA d'ici 2023 en Hauts-de-France, selon une étude prospective. Dont 4.200 postes d'experts... C'est l'équivalent à près de 80% du nombre de chercheurs académiques travaillant actuellement sur l'IA dans toute la France ! Et c'est sans compter les 6.400 postes d'experts à faire évoluer...

Face à cette urgence, est née début 2019 une Cité de l'intelligence artificielle, initiée par le MEDEF Lille Métropole et soutenue par l'Etat, le conseil régional Hauts-de-France et l'opérateur de formation Opcalia (devenu AKTO). L'objectif ? Détecter et anticiper les compétences liées à l'émergence de l'intelligence artificielle mais aussi accompagner les entreprises dans leurs projets, faciliter les échanges et rapprocher les entreprises de la recherche et des formations.

« La nouvelle vague technologique portée par l'IA ne devrait pas toucher les seules tâches manuelles répétitives comme avec les précédentes vagues technologiques mais également les tâches cognitives », souligne un livre blanc édité pour compiler les deux ans d'actions. 23% des emplois en Hauts-de-France pourraient être amenés à évoluer avec l'intelligence artificielle. D'où l'immense défi « d'accompagner les femmes et les hommes des Hauts-de-France à se former et à préparer leurs avenirs, pour s'assurer des recrutements de profils en adéquation avec les évolutions des entreprises. »

Potentiel numérique énorme

Le potentiel numérique des Hauts-de-France est énorme, tant elle est terre de secteurs pionniers en matière d'IA, comme la grande distribution, la santé ou le transport et la logistique. Le comité de gouvernance de la Cité de l'intelligence artificielle a d'ailleurs  pour chef de file Manuel Davy de Vékia (solution de gestion de stocks).

La tête pensante de ce comité de la Cité compte des entreprises d'envergure : Adéo (holding de Leroy Merlin), Adix (conseil en management), AG2R La Mondiale (assurance), Auchan Retail, Euratechnologies (incubateur-accélérateur), JurisExpert, Kiabi, La Redoute, Lesaffre (acteur mondial de la fermentation), Les Places Tertiaires (réseau de décideurs), PWC (comptabilité), Roquette (leader mondial de l'amidon) et SATT Nord (accélérateur technologique).

 Certification nationale

« La certification nationale de chef de projet en intelligence artificielle, mise en place en partenariat avec l'IMT de Douai (NDLR : École nationale supérieure Mines-Télécom Lille Douai, l'une des plus grandes écoles d'ingénieur au Nord de Paris) est l'une des grandes avancées car c'est une première nationale : la première promotion a été lancée en avril dernier », justifie le président du MEDEF Lille Métropole. Six stagiaires certifiés travaillent en alternance chez Arc France (ex International), Orange, Toyota et La Toile enchantée.

Dans le top 15 des formations financées par l'opérateur de compétences AKTO, on retrouve les thématiques de l'intelligence artificielle, du deep learning, des algorithmes, du Big Data... Des groupes de travail ont planché sur la mise en œuvre de l'IA, sur l'éthique et la responsabilité, sur les ressources humaines et sur les collaborations avec les laboratoires de recherche.

L'action de la Cité de l'Intelligence artificielle s'est attelée à accompagner les PME, à travers un diagnostic de sept jours pris en charge grâce à un cofinancement public. L'idée étant d'identifier les évolutions à venir en matière de marketing, de ressources humaines, de supply chain et de finances.

Cas concrets

Plusieurs entreprises ont avancé sur leurs projets. Une coopérative agricole sous-serre a ainsi fait appel à la startup Orchid, pour mettre au point des algorithmes capables de prédire, à partir de capteurs connectés, la date de maturité des fruits. Cameleon Software, IBM, Renault ont travaillé avec différents laboratoires pour permettre un système d'aide à la configuration, via l'interaction d'un client via le web, en tenant compte des contraintes technologiques, règlementaires et marketings. La startup DiagRAMS Technologies a pu mettre au point des algorithmes de maintenance prédictive dans l'industrie, avec l'avantage d'utiliser les capteurs en place (en palliant aux éventuelles données manquantes).

Toujours en se rapprochant de laboratoires de recherche, Colisweb, spécialisé dans la livraison dans les deux heures après achat ou sur rendez-vous, a pu résoudre ses problèmes de répartition de la demande auprès des différentes transporteurs et utilise désormais un précieux outil d'aide à la décision. Le logisticien Log's a créé un jumeau numérique pour modéliser ses flux complexes, et trouver des solutions. L'outil permet aujourd'hui de capitaliser sur les expériences passées, pour notamment répondre plus rapidement aux appels d'offres.

Vision assistée

Avec la vision assistée par l'Intelligence artificielle, un grand constructeur, dont le nom n'a pas été révélé, a automatisé la détection de l'hypovigilance chez le conducteur, via l'analyse de l'image de son visage. D'autre part, plusieurs laboratoires se sont penchés sur un concept de système robotiques, pour la cueillette des champignons.

Et ce ne sont là que quelques projets. « L'expérience de la Cité de l'IA a démontré la capacité des acteurs à s'unir et à collaborer : on compte près de 700 membres aujourd'hui, entreprises et startups mais aussi laboratoires de recherche et centre de formation », a conclu Yann Orpin, président du MEDEF Grand Lille.

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Commentaire 1
à écrit le 15/11/2021 à 4:15
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Un truc a fabriquer des experts. Qui fera le vrai travail. les migrants ?

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