Comment le plan de relance de la Caisse des Dépôts se déploie en Île-de-France

EXCLUSIF. Logement social, commerce, logistique... Le nouveau directeur régional de la Banque des territoires Île-de-France, Richard Curnier, dévoile pour La Tribune les montants alloués à la région-capitale. Ces sommes s'inscrivent dans le cadre du plan de relance lancé par la Caisse des Dépôts et Consignations.
César Armand
Richard Curnier a pris la direction régionale de la Banque des territoires Île-de-France le 6 septembre dernier. Il succède à Marianne Louradour, nommée directrice générale de CDC Biodiversité.
Richard Curnier a pris la direction régionale de la Banque des territoires Île-de-France le 6 septembre dernier. Il succède à Marianne Louradour, nommée directrice générale de CDC Biodiversité. (Crédits : DR)

C'était quatre jours après la présentation gouvernementale de France Relance, le plan de relance à 100 milliards d'euros. Le 7 septembre 2020, la Caisse des Dépôts et Consignations lançait, à son tour, un plan de relance doté de 26 milliards d'euros : 2,1 milliards pour la transition écologique, 4,9 milliards d'euros pour l'habitat et la construction, 3,2 milliards pour le financement des entreprises et 200 millions pour la cohésion sociale.

Le 21 septembre dernier, le bras armé financier de l'Etat a fait un point d'étape, communiquant sur l'injection de 10 milliards d'euros dans l'économie française - 40% des 26 milliards - et se fixant pour objectif d'en investir 80% d'ici à fin 2022.

200 millions d'euros de fonds propres aux organismes HLM

Dans ce cadre, outre un plan climat lancé par ses deux principales entités, la Banque des territoires et la Banque publique d'investissement Bpifrance, le groupe Caisse des Dépôts s'est concentré sur le logement, le soutien aux entreprises et la cohésion sociale.

« Nous nous sommes aperçus lors de cette crise sanitaire que le parc de santé était vieillissant et qu'il fallait mieux loger les travailleurs-clés de la première ligne », résume, à La Tribune, le nouveau directeur régional de la Banque des territoires Île-de-France, Richard Curnier, nommé le 6 septembre dernier.

Première région de France avec 31% du PIB, la région-capitale reste aussi la plus inégalitaire. Selon les chiffres de l'association des organismes de logement social d'Île-de-France (AORIF), seulement moins de 10% (60.930) des demandeurs (745.000) se sont vus attribuer un habitat. La filiale francilienne a pourtant signé, entre le 30 juin 2020 et le 30 juin 2021, 1,333 milliard d'euros de contrats avec ces mêmes organismes de logement social.

« Nous sommes simplement financeurs pour qu'ils puissent accélérer la production de logements », rétorque Richard Curnier, qui affirme avoir déjà apporté 200 millions d'euros de fonds propres aux opérateurs franciliens. En particulier, aux offices publics de l'habitat (OPH), c'est-à-dire pour ceux où la collectivité territoriale de rattachement est majoritaire, grâce à la souscription de titres participatifs.

2.721 friches en Île-de-France

S'agissant des organismes fonciers solidaires (OFS), ces organismes qui achètent et gèrent des terrains (le foncier) pour y construire des logements à prix abordable (solidaire), « nous pouvons leur prêter sur des durées de 80 ans », assure le directeur régional de la Banque des territoires Île-de-France. « Les moyens financiers ne manquent pas, mais les fonciers, si ! »

Sur ce point, la situation va peut-être changer. L'institut Paris Region, ex-institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) de la région Île-de-France, vient de recenser 2.721 friches dans la région-capitale : 1.990 appartiennent à des acteurs privés, 706 à des acteurs publics et 25 aux deux. Sachant que la collectivité accueille chaque année 50.000 habitants supplémentaires et s'est fixée comme la règle de zéro artificialisation nette des sols d'ici à 2050, ces fonciers qui ont déjà eu une vie pourront servir à construire des logements.

418,4 millions pour réhabiliter les logements sociaux

Dans un autre registre, Richard Curnier évoque une enveloppe de 418,4 millions d'euros pour réhabiliter les logements sociaux. C'est quasiment autant que l'enveloppe de 500 millions d'euros de France Relance. « Nous essayons de prêter en fonction de l'étiquette énergétique », explique le directeur régional Île-de-France de la Banque des territoires.

D'autant qu'au regard de la loi Climat et Résilience, promulguée le 24 août dernier, les logements G, les plus énergivores, seront interdits à la location dès 2025, suivis des habitats F en 2028 et E en 2034. A l'échelle nationale, cela représente 75.000 logements sociaux classés G, 289.000 classés F et 805.000 classés E, a détaillé, lors d'une conférence de presse le 22 septembre 2021, la présidente de l'Union sociale pour l'habitat, Emmanuelle Cosse.

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Impliquée dans le soutien au commerce

Enfin, la Banque des territoires Île-de-France est très impliquée dans le soutien au commerce. 23 villes moyennes du programme « Action cœur de ville » et 41 petites villes du dispositif « Petites villes de demain » se situent en effet dans la région-capitale.

Son directeur régional, qui a participé le 21 octobre dernier à une table-ronde de la métropole du Grand Paris sur les centres villes vivants, estime ainsi qu'un tiers des habitants de la région-capitale veut vivre dans les villes moyennes, « des marchés immobiliers qui se portent bien à 1h-1h30 de Paris » et où « 25% de la population vit déjà ».

« C'est un gisement de croissance mais aussi une problématique de centre-ville et de redynamisation », dit encore Richard Curnier, qui y travaille avec les maires. Son entité se trouve en effet « en pleine réflexion » pour créer des foncières commerciales au travers de société d'économie mixte (SEM), des filiales de SEM ou avec des partenaires privés. Elle participe déjà au capital de six foncières, dont deux créés en 2020.

« Quand une grande enseigne commerciale laisse une friche en centre-ville, nous l'achetons pour en faire des cellules commerciales plus petites avec des valeurs locatives plus modérées que le prix du marché pour encourager la création de commerces de proximité », souligne-t-il.

18 millions d'euros de fonds propres pour un hôtel logistique

Apporteur de 18 millions d'euros de fonds propres à la Sogaris pour un hôtel logistique à Vitry-sur-Seine, aux côtés de la Bpi et de la Banque postale, le directeur régional de la Banque des territoires Île-de-France veut anticiper la mutation de ces commerces en pied d'immeuble du fait du e-commerce.

« Avec le digital, il n'y aura plus autant d'agences bancaires et les métiers de bouche vont donc revenir. Le petit commerçant a un avantage : il peut présenter une collection éphémère et peut imaginer à la différence des franchises », relève Richard Curnier. « Bref, nous travaillons avec les collectivités pour lutter contre un taux de vacance, allant de 20 à 30% dans certaines villes, pour les remettre sur les circuits », conclut-il.

Outre le logement social et le commerce, l'entité francilienne du groupe Caisse des Dépôts revendique également 460 financements d'un montant total de 194,6 millions d'euros en soutien à la justice entre 2020 et le 30 juin 2021.

César Armand

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