Le Grand Paris doit-il copier le Grand Londres ?

L'idée de créer une métropole francilienne calquée sur celle du Grand Londres intéresserait les investisseurs internationaux séduits par la réussite économique de la capitale anglaise.
Mathias Thépot
Quelle place faut-il accorder au business dans le développement de la métropole du Grand Paris ?

Les débouchés économiques qui découleront de la montée en puissance de la métropole du Grand Paris intéressent le monde des affaires. Alors que le french bashing reste de mise, il est en effet intéressant de constater que les investisseurs étrangers regardent d'un œil attentif la structuration de la métropole francilienne, qui sera officiellement créée en 2016. « Nous n'avons pas un rendez-vous d'affaires avec des clients étrangers sans qu'une question portant sur le Grand Paris soit posée ! », confirme Philippe Le Trung, directeur du développement de la communication en interne chez Foncière des régions.

La stratégie de communication de la métropole semble prendre. « Le projet du Grand Paris est désormais connu par 15% des investisseurs internationaux. Selon eux, ce projet est à même de conforter l'attractivité de Paris, modèle de smart city, en pointe dans le domaine de l'industrie du luxe et de la qualité de vie », explique une enquête de KMPG publié en juillet dernier.

Paris, 5ème métropole la plus attractive

Désormais « Paris se place au 5ème rang derrière Singapour et Shanghai des métropoles les plus attractives pour l'ensemble des investisseurs, alors que Londres et New-York restent les métropoles les plus attractives », indique KPMG. Les résultats de cette étude sont à mettre en perspective avec le scepticisme qui entourait la région capitale entre 2010 et 2013, ajoute le cabinet d'audit. Il faut aussi dire que la baisse de l'euro enclenchée en 2014 participe à redonner de l'attractivité au projet métropolitain.

Les investisseurs séduits par le Grand Paris ne sont néanmoins pas répartis de manière homogène au niveau international. « Il subsiste de forts écarts de notoriété entre zones géographiques : les investisseurs des Pays du Golfe et d'Asie sont trois fois plus nombreux à connaître (le projet du Grand Paris ndlr) que les Américains du Nord et du Sud », est-il aussi dit dans l'étude de KPMG. Certes, « une montée en puissance des investissements asiatiques se dessine, aussi bien dans la réalité des investissements que dans les perceptions des investisseurs », explique Jay Nirsimloo, le président de KPMG France, mais le Grand Paris ne pourra pas se passer des investisseurs anglo-saxons.

S'appuyer sur l'aura du Grand Londres...

Comment attirer ces investisseurs ? Peut-être en s'appuyant sur ce qu'a fait la métropole du Grand Londres, où la création de richesse par habitant est la plus élevée en Europe, et dont le développement a enchanté le monde des affaires. Le Grand Paris peut d'ailleurs déjà bénéficier du Grand Londres. « La métropole du Grand Paris attire des investisseurs de culture anglosaxone qui ont en mémoire le succès du Grand Londres », explique Philippe Le Trung.

Plus concrètement, une des grandes forces de Londres, ce sont ces quartiers d'affaires. Au-delà de la création de nouveaux pôles, le Grand Paris devrait, pour se mettre au niveau, s'atteler à renforcer ces quartiers d'affaires existants, estime Philippe Le Trung, que ce soit dans Paris intramuros, à Nanterre-La Défense, à Saint-Denis ou autour d'Issy-les-Moulineaux. Pour attirer toujours plus d'investisseurs, il faudra donc créer une métropole mondialisée par excellence, comme l'est le Grand Londres.

Et prendre exemple sur la capitale britannique ?

En revanche, si l'on tient compte de la qualité de vie, les évolutions récentes au sein du Grand Londres peuvent inquiéter. L'attractivité internationale de la capitale britannique participe en effet grandement à y accroître le coût de la vie : les acquéreurs étrangers représentent désormais 50% du total des nouveaux acheteurs sur le territoire du Grand Londres, contre seulement 7% sur ce qui sera considéré comme le périmètre du Grand Paris, d'après la Fnaim. Et en 2014, les différences de prix se sont outrageusement creusées entre les deux capitales : les prix à Paris sont en légère baisse, alors qu'à Londres, ils ont encore bondi de 18%, accélérant le rythme d'une croissance soutenue ces dernières années.

Résultat, depuis 2007, les prix de l'immobilier ont crû de 26% à Paris et de 36% à Londres. Et le prix moyen au mètre carré dans les quartiers du centre de Londres est de 14.000 euros... contre environ 8.000 euros à Paris, et encore moins en première couronne. Les cas de gentrification de quartiers sont légion dans la capitale britannique, et les ménages qui ne bénéficient pas de la richesse des centres d'affaires sont mécaniquement obligés de s'éloigner du centre.

Cette question de la lutte contre la gentrification, la métropole du Grand Paris devra se la poser. Sous peine de transformer la capitale française en un lieu de passage où les touristes visitent, et les ménages travaillent.

Mathias Thépot

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Commentaire 1
à écrit le 22/10/2015 à 11:51
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les cadres parisiens veulent quitter Paris pour la province. faut-il faire Grand Paris ? investir en province ?

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