Régionales en Île-de-France : qui est Laurent Saint-Martin (LREM), l'inconnu du scrutin ?

RÉGIONALES - PORTRAIT. Avant de se présenter à la présidence de la région Île-de-France, Laurent Saint-Martin a longtemps rêvé de brûler les planches et de diriger un théâtre. Egalement passionné de géopolitique, le député du Val-de-Marne a aussi été délégué à l'innovation de Bpifrance Île-de-France. Rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale et capitaine du XV parlementaire, il est considéré comme "quelqu'un de sérieux" par ses pairs.
César Armand
Référent du 17ème arrondissement de Paris pendant la campagne présidentielle, il est finalement investi dans la troisième circonscription du Val-de-Marne aux élections législatives de juin 2017. Élu au second tour avec 51,64% des voix, Laurent Saint-Martin obtient la possibilité de siéger à la prestigieuse commission des Finances, de l'Economie générale et du Contrôle budgétaire.
Référent du 17ème arrondissement de Paris pendant la campagne présidentielle, il est finalement investi dans la troisième circonscription du Val-de-Marne aux élections législatives de juin 2017. Élu au second tour avec 51,64% des voix, Laurent Saint-Martin obtient la possibilité de siéger à la prestigieuse commission des Finances, de l'Economie générale et du Contrôle budgétaire. (Crédits : DR)

Quand Emmanuel Macron a lancé En Marche, ça m'a donné envie de faire de la politique partisane. Sa façon de faire était séduisante et mettait en pratique les idées qu'on développait.

Laurent Saint-Martin, candidat de la majorité présidentielle en Ile-de-France

Il fêtera ses 36 ans au lendemain du premier tour. Le natif de Toulouse, Laurent Saint-Martin, est le chef de file de la majorité présidentielle aux élections régionales des 20 et 27 juin. Sous la bannière « Envie d'Île-de-France », le député (LREM) de la 3e circonscription du Val-de-Marne tutoie, selon un dernier sondage OpinionWay-CNews, la troisième place derrière la présidente sortante Valérie Pécresse (Libres !) et l'eurodéputé (RN) Jordan Bardella.

Actuellement rapporteur général du budget dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances rectificatif à l'Assemblée nationale, Laurent Saint-Martin est plutôt un littéraire. A la maison, papa est professeur de français et maman enseigne l'histoire-géographie. Sur son bureau à son QG de campagne, entre un parapheur et une tasse de café vide, trône le dernier livre d'Aurélien Bellanger, Téléréalité, prêt à être ouvert.

« C'est le romancier contemporain que je trouve le plus brillant. J'ai évidemment relu son ouvrage Le Grand Paris qui reste totalement d'actualité », confie-t-il.

Passionné par le théâtre... et la géopolitique

Au collège et lycée Bellevue de Toulouse puis en classes préparatoires économiques au lycée Saliège de Balma (Haute-Garonne), Laurent Saint-Martin brûle même les planches pendant trois à quatre ans, comme son aîné Emmanuel Macron au lycée La Providence à Amiens quelques années plus tôt. « Les Trois Sœurs de Tchekhov, c'est de loin ce que j'ai préféré jouer », déclare-t-il.

« Son enseignante de français Michèle Dupin m'a confié que tout en étant discret, Laurent, doté d'un très bon potentiel, était déterminé et passionné par le théâtre, féru de culture », témoigne le chef d'établissement du lycée Saliège, Alain Copin. « Il aurait aimé être acteur - voie cependant aléatoire pour lui - et même directeur d'une troupe de théâtre. Il avait notamment assisté à la pièce La Vie de Galilée de Brecht. », ajoute-t-il.

En prépa, Laurent Saint-Martin se fait également remarquer par son professeur d'histoire-géographie, Jacques Voisenet, qui fait part à La Tribune de « sa gentillesse, son travail régulier, son ouverture d'esprit et son écoute des conseils et des critiques ». Bon élève en géopolitique, le jeune Toulousain présente des dossiers sur « Comparaison du New Deal et du Front populaire » ou sur « Les crises économiques du XXe siècle et leurs conséquences économiques et sociales ». De même qu'en « khôlle », il réalise une « belle performance » sur « L'Afrique, un continent sans espoir ? »

M. Innovation de Bpifrance Île-de-France

A sa sortie de l'EDHEC en 2009, le futur parlementaire s'engagera d'ailleurs en Afrique comme en Amérique centrale et en Asie - Pérou, Burkina Faso, Ghana et Cambodge - dans plusieurs organisations non gouvernementales, parmi lesquelles Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières ou Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités. De retour en France, il ne repart pas à Toulouse et ne s'installe pas encore à Paris, mais revient à Lille, « attaché à la ville » de son école de commerce.

Chargé d'affaires innovation à Oséo dans le Nord-Pas-de-Calais pendant deux ans, il est nommé en 2012 à Amiens responsable des études à Oséo Picardie où il participe à la mise en place de la banque publique d'investissement Bpifrance dans la région. « J'ai accompagné le financement de PME qui font de l'innovation technologique », explique Laurent Saint-Martin.

Moins d'un an s'écoule et en 2013, il se retrouve à la Grande arche de la Défense comme délégué innovation de Bpifrance en Île-de-France. Il y participe au financement de pépites spécialisées dans la santé : Theraclion, qu'il est retourné voir à Malakoff (Hauts-de-Seine) le 31 mai dernier, ou encore Carmat, fabricant de cœurs artificiels. En 2016, changement de maison : Laurent Saint-Martin rejoint la direction du listing d'Euronext, c'est-à-dire celle des introductions en Bourse.

Séduit par Emmanuel Macron dès 2015

Parallèlement, le jeune ambitieux, qui milite alors au Parti socialiste, s'engage dans le think-tank En Temps Réel, un club de pensée social-démocrate qui publie des rapports et qui organise des petit-déjeuners débats avec des personnalités économiques et politiques. C'est dans ce cadre qu'il rencontre « le 18 septembre 2015 » le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique de François Hollande, un certain Emmanuel Macron.

« C'est plus intéressant de faire du débat d'idées que de l'appareil politique », se souvient Laurent Saint-Martin. « Quand Emmanuel Macron a lancé En Marche, ça m'a donné envie de faire de la politique partisane. Sa façon de faire était séduisante et mettait en pratique les idées qu'on développait », poursuit-il.

Référent du 17e arrondissement de Paris pendant la campagne présidentielle, il est finalement investi dans la troisième circonscription du Val-de-Marne aux élections législatives de juin 2017. Élu au second tour avec 51,64% des voix, Laurent Saint-Martin obtient la possibilité de siéger à la prestigieuse commission des Finances, de l'Economie générale et du Contrôle budgétaire.

Controverse sur Orly

« N'y voyez pas d'aigreur, mais je ne l'ai pas beaucoup vu pendant la campagne et je ne l'ai pas beaucoup vu non plus dans la ''circo' », déclare aujourd'hui l'ex-député (LR) Didier Gonzales. « Dès qu'il s'est passé des choses importantes, comme l'extension du projet du plan d'exposition au bruit pour Orly, on ne l'a pas vu ni entendu sur le sujet », embraye le maire de Villeneuve-le-Roi réélu en 2020.

« Je suis le seul député à avoir agi dans ce domaine ! », rétorque Laurent Saint-Martin qui cite un amendement déposé le 14 mars 2019 dans le cadre du projet de loi PACTE et porté avec ses collègues essonniennes Amélie de Montchalin - désormais ministre de la Transformation et de la Fonction publiques - et Marie Guévenoux.

Vérification faite, ce dernier permet en effet de « garantir la protection des riverains de l'aéroport Paris-Orly exposés aux nuisances aériennes » et inscrit dans la loi « les dispositions relatives au plafonnement du nombre annuel de créneaux attribuables et au couvre-feu ». Soit une autorisation des atterrissages et des décollages fixée entre 6h et 23h30.

"Laurent est quelqu'un de sérieux" (De Rugy)

Dans le même temps, Laurent Saint-Martin se serait bien vu, dès le début de la législature, rapporteur général du budget, c'est-à-dire la courroie de transmission entre Bercy, le gouvernement et le Parlement lors de l'examen des projets de loi de finances. Il trouve finalement un accord avec l'ex-radical de gauche Joël Giraud, réélu député de la 2e circonscription des Hautes-Alpes, pour lui succéder en janvier 2020.

« Cela ne l'a pas empêché de se montrer d'entrée de jeu très actif sur ces sujets-là à la commission des Finances. Même s'il n'est pas du style à se mettre en avant avec des petites phrases, Laurent est quelqu'un de sérieux - c'est une qualité. Il ne fait pas les choses à la légère et surtout ne réagit pas au dernier tweet ou à l'ultime polémique médiatique », salue l'ex-président de l'Assemblée nationale François de Rugy, lui-même candidat de la majorité présidentielle en Pays de la Loire.

Du temps où ce dernier occupait le Perchoir, Laurent Saint-Martin l'avait invité à intervenir à un « atelier législatif » salle Colbert au Palais-Bourbon. « C'était déjà sur les sujets budgétaires qui ne sont pas les plus attractifs, mais quand on est député, il faut aussi faire ce travail d'explication », dit François de Rugy. « Il est plus à Paris qu'en circonscription. C'est peut-être pour cela qu'il est candidat à la région », grince son rival local Didier Gonzales.

« C'est une circonscription difficile mais une circonscription très riche humainement. Une petite France avec du rural, de l'urbain, des problèmes de mobilité... Elle est très représentative des politiques publiques que doivent mener l'Etat », relève de son côté Laurent Saint-Martin.

Capitaine du XV parlementaire et jeune papa

En cas d'élection au conseil régional, le trentenaire devra quitter son mandat de député du Val-de-Marne au nom du non-cumul des mandats de même que la fonction de rapporteur général de budget. « Il y a plein de talents dans la majorité pour reprendre le projet de loi de finances », balaie-t-il avant même que la question soit posée.

En revanche, quelle que soit l'issue du scrutin, Laurent Saint-Martin devrait rester capitaine du XV Parlementaire, une équipe de rugby composé d'actuels et anciens parlementaires. « On devrait reprendre les entrainements à la rentrée avec des matchs cet automne et on espère retrouver le tournoi des Six nations en 2022 », dit-il encore.

Invité à filer la métaphore sportive appliquée à la vie politique, le macroniste lâche cette comparaison que chacun jugera : « La première mi-temps, c'est le travail en commission ; la deuxième, c'est la séance publique ; et la troisième, c'est la buvette. Dans l'équipe, on a tous le même maillot et dans la mêlée, on ne se demande pas quelle est l'opinion politique de son partenaire », explique-t-il.

D'autant que Laurent Saint-Martin aurait déjà pu quitter l'Assemblée pour devenir secrétaire d'Etat à l'Economie auprès du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire. Une promotion qu'il a déclinée au nom de la paternité. Son fils Louis est actuellement âgé de 2 ans et 4 mois, et ses équipes bloquent des créneaux dans son agenda chargé pour qu'ils puissent passer du temps ensemble.

Laurent Saint-Martin

Laurent Saint-Martin à son QG de campagne le 1er juin 2021

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 03/06/2021 à 11:33
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"à la prestigieuse commission des Finances" Prestigieuse ou pas on s'en tape l'important est de savoir si elle est importante et pourquoi. Le prestige, les honneurs, les médialles c'est pour les gens sans intérêt qui ont d'abord et avant tout un ...

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