« La situation est critique », confiait fin novembre à La Tribune Vincent Bernatets, le cofondateur d'Airseas, à l'origine d'un système de voile de kite automatisée, baptisé Seawing, pour tracter les cargos et réduire l'empreinte carbone des navires. Deux mois plus tard, l'entreprise tech et industrielle nantaise, qui se trouvait dans une situation financière délicate, nous avait confirmé sa mise en redressement judiciaire, dans le cadre d'une procédure accélérée.
Mais, aujourd'hui, un nouvel avenir se dessine suite à son rachat par son client K Line (Kawasaki Kichen Kaisha), le seizième plus grand acteur du transport maritime dans le monde.
Renforcer la commercialisation de la technologie française
Dans un communiqué, l'armateur japonais indique avoir créé en date du 18 janvier une filiale nommée Oceanicwing et domiciliée à Nantes. C'est cette société qui a acquis, le 15 février, l'entreprise Airseas. Le repreneur dit qu'il souhaite renforcer le développement et la commercialisation de « Seawing », un système qui peut être « installé sur tous les navires », précise-t-il. Pour K Line, l'objectif est de réduire « de 50 % les émissions de gaz à effet de serre et d'atteindre comme objectif le zéro émission nette d'ici à 2050 ».
Le périmètre de rachat d'Airseas, qui emploie 140 salariés, n'est quant à lui pas précisé. Et, d'après le service communication d'Airseas, Vincent Bernatets aurait quitté l'entreprise.
Une levée de fonds avortée
Fondée en 2016, Airseas (5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022) a développé une voile de 25 à 30 mètres d'envergure capable de tracter des navires de commerce de plus de 50.000 tonnes ou de plus de 250 mètres de long, en étant accrochée à la proue du cargo au bout d'un mât télescopique de 35 mètres de haut, lui permettant de se déployer. Sa dernière campagne d'essais en mer de 18 mois, finalisée en septembre 2023 sur le navire roulier Ville de Bordeaux exploité par LD Seaplane (Louis Dreyfus armateurs), s'était soldée par des résultats dans l'ensemble concluants. Les mesures avaient alors fait état d'une réduction de consommation de carburant et des émissions de 16%, alors qu'une économie de 20% était attendue. A horizon huit ans, l'ambition de la start-up nantaise était de livrer 250 équipements par an et d'atteindre 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. À terme, elle souhaitait équiper 15% des flottes de cargos existants.
Dans le même temps, Airseas avait également engagé courant 2023 un processus de levée de fonds « de plusieurs dizaines de millions d'euros » pour poursuivre ses recherches et porter une phase industrielle de production de ses Seawing. Opération qu'elle devait impérativement boucler avant la fin décembre. Mais les investisseurs, notamment français, n'ont pas été au rendez-vous et la levée de fonds a été avortée, entrainant son placement, début janvier, en redressement judiciaire dans le cadre d'une procédure accélérée.
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