Vélo électrique : revenu de République tchèque, Gaya relocalise son assemblage en Vendée

C’est en Vendée (Pays de la Loire) que les fondateurs des vélos électriques Gaya ont choisi de relocaliser leurs activités. Le choix s’est porté sur l’entreprise Arcade Cycles, un acteur incontournable du marché situé à La Roche-sur-Yon. Une association qui marque le début de leur objectif “Made in France”.
Depuis fin octobre, le parisien Gaya assemble ses vélos-cargos électriques en Vendée chez Arcade Cycles.
Depuis fin octobre, le parisien Gaya assemble ses vélos-cargos électriques en Vendée chez Arcade Cycles. (Crédits : @Gaya)

Avec 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2022, le marché du vélo à assistance électrique rattrape son retard en France. « Depuis la crise sanitaire, il a connu un énorme boom, soit +30% entre 2020 et 2021 », indique Amélie Guicheney qui a cofondé en 2021 la start-up Gaya avec Jacques Bonneville. Laquelle se positionne sur « deux segments qui fonctionnent très bien : le vélo électrique et le vélo cargo ».

Et malgré un léger ralentissement en 2022 (+12%), l'entreprise profite d' « une très belle dynamique de marché » impulsée entre autres par le Plan vélo du gouvernement (6 milliards d'euros injectés sur la période 2023/2027 en partenariat avec les collectivités locales, en partie pour développer une filière économique du vélo) mais aussi par « un fort engagement de l'Europe » qui souhaite mettre le vélo au centre de son projet de transition écologique.

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Face au nouvel engouement des Français pour le deux-roues, « +30% d'usages à Paris », cite-t-elle, ce marché continue à « être soutenu de manière active par les pouvoirs publics et la dynamique va se poursuivre ». Les acteurs de cette filière sont de plus en plus nombreux, parmi lesquels Douze Cycles, O2Feel, Moustache, Kiffy ou encore Yuba.

Pérenniser le savoir-faire local

Alors que le gouvernement souhaite l'assemblage d'1,4 million de vélos en France d'ici à 2027 et de 2 millions à l'horizon 2030, Gaya, en tant qu'entreprise à mission, a, elle, pris le virage, cette année, de réindustrialiser sur le sol français l'assemblage de ses deux modèles « pour favoriser l'emploi et pérenniser le savoir-faire local », dit-elle. Jusqu'alors ses vélos étaient fabriqués en République tchèque.

Une décision qu'Amélie Guicheney explique à l'époque par deux facteurs : « le manque de disponibilité des pièces et des carnets de commandes des assembleurs français pleins au moment du lancement de la marque ». Elle ajoute : « Le projet de relocaliser la production, initialement prévu pour le printemps 2024, a pu finalement se concrétiser six mois plus tôt qu'annoncé. Nous sommes désormais l'une des rares marques à être assemblées en France. » D'après elle, seuls 8.000 vélos cargos auraient été assemblés en France en 2022. Un décision qui lui permet d'optimiser sa chaîne d'approvisionnement, avec un mode de fonctionnement plus simple et une réduction de ses coûts logistiques, et d'éviter 200.000 kilomètres parcourus en camion.

Pour ce faire, son choix s'est porté sur la société Arcade Cycles en Vendée, considérée comme un acteur incontournable dans son domaine après 28 ans d'existence. « Nous recherchions une partenaire qui pouvait nous accompagner dans notre croissance, avec un vrai niveau d'expertise. Gaya est une petite entreprise et nous avons besoin de beaucoup de fiabilité. Arcade Cycles est spécialiste des flottes de vélos électriques pour les entreprises et les collectivités. C'est un gage de qualité. De plus, il nous ouvre la commercialisation sur ce réseau de location de vélos. C'est aussi une entreprise qui investit en termes d'innovation. »

Une nouvelle usine

Depuis fin octobre, 20 à 30 personnes (sur un effectif total de 130 personnes) travaillent en Vendée à l'assemblage des vélos Gaya en sus de 5 à 10 contributeurs d'Arcade Cycles qui apportent leur expertise sur les achats, la qualité, l'administration des commandes et des ventes. D'ici à la fin de l'année 2023, 1.000 vélos sortiront des ateliers. Une cadence qui va s'accélérer.

« Gaya a écoulé 2.800 vélos depuis ses débuts et nous tablons sur 5.000 vélos dès 2024 », projette Amélie Guicheney.

 Pour absorber ces nouvelles commandes, Arcade Cycles fait édifier une nouvelle usine, d'une superficie de 15.000 m², à proximité de son site historique (6.300 m²) au cœur du parc d'activités économiques Éco 85 à La Roche-sur-Yon. Ce nouvel outil, dont le montant est évalué à 20 millions d'euros, équipé de nouvelles lignes de peinture ou encore d'une nouvelle ligne d'assemblage, devrait permettre à terme de produire jusqu'à 180.000 vélos par an, soit le triple de la production actuelle.

Cibler le marché européen

Gaya prévoit aussi d'accélérer sa croissance à l'international et de conquérir le marché européen (Belgique, Allemagne, Espagne). Pour se faire, la start-up qui s'appuie sur une équipe d'une quinzaine de personnes (dont une dizaine de salariés) vient de lancer une levée de fonds participative avec la plateforme LITA.co. Objectif : récolter 1 million d'euros d'ici à début 2024.

Avec cette somme, elle entend aussi poursuivre son projet de relocalisation. « A horizon deux à trois ans, nous souhaitons rapprocher la production de certaines pièces clés, comme la batterie et le cadre du vélo, aujourd'hui fabriquées principalement en Asie », indique Amélie Guicheney qui envisage aussi de poursuivre sa démarche éco-responsable en favorisant d'ici un à deux ans la réparabilité des vélos, dès leur phase de conception, avec des composants éco-conçus et « simples à réparer par le plus grand nombre » avec l'aide de tutoriels en ligne.

Le marché français en quelques chiffres

  • Un marché de 1.4 milliard d'euros en 2022
  • 740.000 vélos à assistance électrique vendus en 2022
  • Croissance de +90% en 3 ans entre 2019 et 2022
  • 33.000 vélos cargos vendus en 2022
  • Croissance de +98% en 2022/2021 pour le segment du vélo cargo

Source : Union Sport & Cycles - Observatoire du Cycle 2022

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Commentaire 1
à écrit le 13/12/2023 à 9:39
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"mais aussi par « un fort engagement de l'Europe » qui souhaite mettre le vélo au centre de son projet de transition écologique" Le fameux "en même temps" européiste néolibéral à savoir tandis qu'on subventionne à fond le transport par avions on subv...

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