Climat : la société civile prépare la COP 22 à Nantes

Organisatrice du premier sommet mondial des acteurs du climat, la Métropole nantaise apporte sa contribution à la crédibilité d'un scénario incluant les acteurs non étatiques dans la négociation sur le climat. Les prochaines éditions du sommet mondial Climate Chance devraient s'établir à Marrakech en 2017 et en Amérique du Nord en 2018.
Malgré un calendrier pas très favorable, le premier Sommet mondial des acteurs non étatiques du climat aura attiré quelque 3.500 personnes à Nantes.

Monté en moins d'un an, à une date trop proche de l'Assemblée générale des Nations-Unies à New York qui s'est tenue du 13 au 26 septembre et à quelques semaines de la COP22 organisée à Marrakech du 7 au 18 novembre prochain, le premier Sommet mondial des acteurs non étatiques du climat aura néanmoins attiré quelque 3.500 personnes à Nantes. Ce dont le sénateur écologiste Ronan Dantec, président de l'association Climate Chance, se félicite :

« Ce qui en fait quand même le principal événement des acteurs non étatiques de l'année. Déjà, là-dessus, c'est une réussite. Et une première. Alors, évidemment, on a un peu essuyé les plâtres. Toutes les coalitions thématiques -qui rassemblent les acteurs d'un secteur- n'étaient pas au même niveau. Mais on a montré la volonté des acteurs non étatiques à faire le boulot... sur l'accès au financement pour les acteurs du Sud ou sur le renforcement des coalitions, car ce sont elles qui seront en situation de participer à la réévaluation des engagements des États. »

C'est donc, à ses yeux, une étape extrêmement importante pour crédibiliser le scénario d'une limitation de la hausse des températures à +2°C, voire +1,5°C.

« Or, lorsque l'on additionne les engagements individuels des Etats, on est à 3°C. Ça ne marche pas. Quand on voit aujourd'hui, les sécheresses, les migrations climatiques... alors que nous sommes à +1°C, il est clair que, si l'on ne fait rien, ça va partir en vrille. »

Nantes dans la logique des sommets...

Le président de Climate Chance entend donc poursuivre l'expérience lyonnaise, où le sommet Climat et Territoires, organisé avant l'accord de Paris avait abouti à un engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre de deux gigatonnes à l'horizon 2020. « Dans les clous du Giec », rappelle-t-il.

« Si les Etats prennent des engagements, au quotidien, ce sont les collectivités, les associations, les entreprises, les citoyens qui les mettront en oeuvre. »

L'idée d'organiser ce sommet à Nantes, réputée pour être précurseur dès 2006 dans l'adoption d'un plan climat aujourd'hui perçu comme l'un des plus ambitieux, est née en ce sens. Et dans la continuité du sommet mondial de la ville durable Eco-city accueilli en 2013 dans la cité des ducs de Bretagne, labellisée Capitale verte cette même année.

« Dans un des ateliers d'Eco-city, on essayait d'avoir une position commune entre les neufs groupes (réseaux de collectivités, ONG, syndicats, entreprises...) déterminés par l'ONU pour défendre un objectif autour de la ville durable. L'ONU n'était pas habituée à cette démarche. Et ça a bien fonctionné. Elle a montré qu'il y avait un consensus international des acteurs non étatiques sur cet objectif et a aidé à son adoption dans la négociation finale », se souvient Ronan Dantec.

Un deuxième texte, encore plus largement signé par la société civile mondiale, sera présenté au sommet de Ban Ki-Moon, un an avant la Cop 2015. C'est ce qui a ouvert la voie au sommet lyonnais Climat & Territoires, co-présidé par Bernard Soulage. « Cela avait attiré 1.300 participants, cette fois nous sommes 3.500 », se félicite Ronan Dantec.

« Tout ne se passe pas à Nantes, mais Climate Chance a vocation à être un lieu clé de l'action climat non étatique à l'échelle mondiale. »

La fin du sommet est l'occasion d'une déclaration commune et d'une cinquantaine de propositions issues des soixante quinze ateliers et échanges de bonnes pratiques ayant émaillé ce rendez-vous.

« Des gens vont repartir chez eux avec de bonnes idées et des choses à mettre en place.  Il y a un suivi. Ce n'est pas un coup. L'enjeu, c'est aussi de mieux analyser ce que l'on peut gagner dans les transports, l'énergie, quelle coopération on peut créer...  pour se mettre en situation, en 2018, de trouver un cadre de discussion avec les États concernant la réévaluation volontaire de leur engagements », observe Ronan Dantec.

...et sur le territoire

Montrer les initiatives déployées sur le terrain, c'était l'une des volontés de la maire de Nantes, Johanna Rolland, qui vient de proposer aux nantais un grand débat collaboratif sur la transition énergétique, calqué sur le modèle élaboré l'an dernier autour des enjeux de la Loire dans la métropole. Le sommet a aussi été l'occasion de réunir une centaine d'opérations menées par  des associations,  des institutions locales ou des entreprises, mises en exergue par le « Lab », laboratoire des initiatives nantaises.

C'est le cas notamment de la startup Betterfly, qui propose des solutions on-line pour maîtriser l'efficacité environnementale, via un étiquetage environnemental des hébergements touristiques et des restaurants inspiré des classes énergétiques dans l'immobilier, ou encore de la société Naoden, qui propose une solution nomade de recyclage de déchets conçue à partir de conteneurs,  pour produire de l'électricité ou de la chaleur.

Des points de convergence et un de divergence

Pour affirmer encore plus son engagement, la présidente de la métropole a d'ailleurs de signer une convention avec le président de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), Bruno Lechevin. Conclu pour une durée de trois ans, ce contrat d'objectifs vise à faciliter la mise en place de préconisations issues du plan Climat Energie Territorial et du diagnostic, lié à la labellisation européenne Cit'Energie. Une quinzaine d'actions (adaptation au changement climatique, action avec les communes/quartiers, etc.) ont ainsi été identifiée par les deux partenaires. Selon le degré d'investissement et de réussite, mesuré selon des indicateurs très précis, l'Ademe devrait s'engager pour une enveloppe variable de 170.000 à 450.000 euros, sur des projets où Nantes Métropole estime sa part d'autofinancement à 2 millions d'euros.

« Grâce au développement du réseau de chaleur, à la politique de mobilité urbaine et à la réhabilitation des logements, Nantes est aujourd'hui, une des rares agglomérations avec Grenoble, disposant d'un plan climat  quantifié pour atteindre -30% d'émission de gaz à effet de serre en 2020 et -50% en 2030. Si tout le monde faisait autant, on stabiliserait le climat », estime le conseiller communautaire Ronan Dantec.

« Maintenant, on connaît les contradictions liées aux compétitions entre les territoires. Nantes, c'est à la fois le plan climat le plus ambitieux et le projet le plus contesté en terme d'émission de gaz à effet de serre -NDLR, en raison du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes-, c'est ça la réalité nantaise. »

Un dossier où cette fois, le président de Climate Chance et la présidente de la Métropole nantaise ne sont, cette fois, pas sur la même longueur d'onde...

D'ici là, Climate Chance devrait poursuivre sa route à Marrakech en 2017 et en Amérique du Nord en 2018.  La logique voudrait qu'il passe aussi Asie, même si ce parcours reste contraint par l'organisation des Cop. Toujours est-il qu'en tant que premier organisateur, Nantes pourrait revendiquer un droit d'accueil lors de son retour en Europe.

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Commentaires 2
à écrit le 04/10/2016 à 22:49
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Sympa l'article - C'aurait juste été bien de mettre les pieds à Climate Chance pour l'écrire (ou au moins lire le dossier de presse ? ) : ça aurait évité de citer, parmi les 69 initiatives du "Laboratoire des Initiatives Nantaises", deux initiatives....

à écrit le 02/10/2016 à 10:01
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Je félicite tout ceux qui essayent de s'attaquer à ce monstre d'inertie et de conservatisme économique qu'incarne notre économie néolibérale actuelle. Chapeau bas, c'est un peu comme des fourmis qui essaieraient de vouloir bouger un éléphant sour...

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