Climat : la révolution dans la ville doit commencer

A l'occasion du Forum Smart City du Grand Paris, organisé par La Tribune les 26, 27 et 28 novembre prochains à l'hôtel de ville de Paris, experts, politiques et entrepreneurs ont pris la parole dans un numéro spécial consacré à la ville intelligente. Jean Douzel, directeur de recherche au CEA et ancien vice-président du Giec, estime qu'au rythme actuel, respecter l'objectif de la COP21 ne nous laisse qu'une vingtaine d'années d'émissions de CO2. Le bâtiment et les transports sont en première ligne.
Le domaine du bâtiment contribuera à l'objectif 2020, mais il sera impossible d'atteindre ceux affichés à plus long terme - 2030, 2040 et 2050 - sans une ambition aussi forte dans le domaine de la mobilité.

Si rien n'était fait pour maîtriser l'augmentation de l'effet de serre liée aux activités humaines, le réchauffement moyen serait supérieur à 4°C en 2100 et se poursuivrait au-delà. L'adaptation à ces conditions climatiques serait très difficile voire impossible et, en tout état de cause, extrêmement coûteuse. Elle apparaît beaucoup plus accessible dans le cas d'un scénario peu émetteur répondant à l'objectif qui sera au coeur de la COP21, celui d'un réchauffement à long terme n'excédant pas 2°C par rapport au climat préindustriel. Au rythme actuel, le respecter ne nous laisse qu'une vingtaine d'années d'émissions de CO2. Fort de ce constat, le dernier rapport du Giec nous redit l'urgence de l'action mais indique aussi que cet objectif, économiquement viable, reste techniquement à notre portée.


Un secteur du bâtiment gourmand

Les zones urbaines qui représentent près des trois quarts de l'utilisation d'énergie et contribuent à ce niveau aux émissions de CO2 qui y sont liées, ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. D'autant qu'environ les deux tiers de la population mondiale devraient y vivre à l'horizon 2050 et que la majorité des infrastructures sont à construire. Ainsi 30 % de la consommation d'énergie finale est due au secteur du bâtiment pour lequel la demande énergétique pourrait doubler d'ici à 2050.

Les progrès récents dans les technologies, le savoir-faire et les politiques offrent des possibilités de stabilisation ou de réduction de la consommation mondiale d'énergie dans ce secteur grâce notamment à d'importantes améliorations qui rendent la construction et la rénovation à très faible consommation d'énergie économiquement intéressantes.

Le rôle essentiel de l'urbanisme

Ce qui vaut à l'échelle planétaire s'applique à notre pays. Des objectifs ambitieux en termes de consommation totale d'énergie et de développement des énergies renouvelables y sont définis à l'horizon 2050. Le domaine du bâtiment contribuera à l'objectif 2020, mais il sera impossible d'atteindre ceux affichés à plus long terme - 2030, 2040 et 2050 - sans une ambition aussi forte dans le domaine de la mobilité. Ceci implique un urbanisme (bâtiments et transports) prenant résolument en compte cet objectif d'une diminution importante des émissions de gaz à effet de serre. C'est donc une véritable révolution en termes de sobriété, d'efficacité énergétique et d'éco-mobilité qui doit être menée à bien, ce qui implique de repenser nos villes et d'innover. Le développement du Grand Paris doit s'inscrire dans cette perspective.

Directeur de recherche au CEA. Jean Jouzel a été vice-président du groupe scientifique du Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat (Giec) de 2002 à 2015.

 

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