Les Civic Tech, outils en développement pour des villes inclusives

[ CITIES FOR LIFE ] Confrontées à l'émergence d'une panoplie de nouveaux outils digitaux permettant aux citoyens de faire remonter leurs revendications vers les élus, les villes s'en saisissent. Incontournables mais encore imparfaites, ces nouvelles relations ont été explorées lors du sommet Cities for life organisé par la ville de Paris avec La Tribune.
Giulietta Gamberini
Premier obstacle des Civic Tech : l'inclusion de toutes les catégories de population, notamment des personnes âgées et des plus démunis, n'ayant pas accès aux smartphones et aux applications internet qui vont avec.

De l'Ouest à l'Est, du Nord au Sud, le constat de fond est commun: si la montée en puissance des populismes prouve sans doute une méfiance croissante vis-à-vis de la politique traditionnelle, les tendances dans les réseaux sociaux comme les manifestations dans les rues ont fait émerger ces dernières années un désir renouvelé d'engagement. La technologie s'est vite saisie de ce paradoxe, en mettant à la disposition des citoyens une nouvelle panoplie d'outils pour se dialoguer, voire faire remonter leurs revendications vers les élus. Et les villes, premiers niveaux de la démocratie locale, mais aussi lieux de concentration d'individus et de besoins, ont été bousculées par ce nouveau mouvement ascendant, qu'elles ont dû se rendre capables d'écouter.

Cette nouvelle relation entre instances traditionnelles de démocratie et Civic Tech a été explorée lors de l'un des ateliers de Cities for Life, le sommet mondial "pour des villes inclusives, innovantes et résilientes" organisé les 21 et 22 novembre par la Mairie de Paris et La Tribune. Les communautés urbaines sont en effet le niveau idéal pour expérimenter de nouveaux outils de démocratie directe, a souligné la fondatrice du réseau citoyen Fluicity, Julie de Pimodan, puisque c'est ici que les citoyens peuvent produire le plus grand impact sur la prise de décisions.

Du budget participatif aux plans des bus

De nombreux exemples font déjà état de la fertilité de ces nouvelles relations. A Barcelone, 10.000 propositions ont été présentées pour la rédaction du plan municipal, et quelques 1.500 ont été mises en oeuvre, rappelle Pilar Conesa, fondatrice et PDG de la société de conseil spécialisée dans l'accompagnement des villes Anteverti. Et si Paris a réservé à la définition participative une partie de son budget, Mexico, mégalopole de presque 9 millions d'habitants, s'est lancée dans un projet de crowdsourcing de sa Constitution, à travers la plateforme Change.org. Dans la capitale du Mexique, un plan -jusqu'alors inexistant- des dizaines de milliers de microbus qui chaque jour sillonnent la ville a pu aussi être dessiné grâce aux informations fournies par les habitants, dans le cadre du projet Mapathon mené par le Laboratorio para la ciudad, témoigne sa co-fondatrice Gabriella Gomez-Mont.

Des outils physiques à côté du digital

Mais si la technologie digitale ouvre de nouvelles possibilités, elles présente aussi des limites, conviennent les élus comme les acteurs des Civic Tech. Premier obstacle: l'inclusion de toutes les catégories de populations, notamment des personnes âgées et des plus démunis, n'ayant pas accès aux smartphones et applis. Collectivités locales et startups tentent alors de doubler les plates-formes de participation online de moyens de participation physique. Ainsi Voxe, "boîte à outil des citoyens connectés", propose désormais non seulement des informations personnalisées sur internet, mais également -dans le cadre de la Voxe Academy- des cours "physiques" de civisme inspirés de la tradition de l'éducation populaire, explique leur responsable Charles Deeffrennes. Pour la bonne réussite de son budget participatif, Paris a pour sa part mis en place des formes d'accompagnement des habitants de ses quartiers populaires afin de leur permettre aussi de se saisir de cette opportunité.

De l'élaboration à la mise en oeuvre

Le plus grand niveau possible de représentativité de Civic Tech passe aussi, selon Julie de Pimodan, par la nécessité que les divers outils soient toujours en phase avec les usages du numérique: ce qui devrait inciter les instances politiques à se servir de plateformes développées par des experts plutôt que d'essayer de créer leurs instruments propres. Ce qui n'empêche qu'un deuil, temporaire du moins, semble devoir être fait: "Il faut assumer que les Civic Tech n'ont pas à être tout de suite représentatives: la démocratie s'expérimente en permanence", admet la fondatrice de Fluicity.

Le défi du futur de la démocratie participative est néanmoins celui de l'inclusion des citoyens au-delà de l'élaboration des projets, jusqu'à leur mise en oeuvre, analyse Pauline Véron, adjointe à la maire de Paris chargée de la démocratie locale. Il s'agit non seulement de "dépasser l'inertie de l'administration et la complexité des acteurs, mais aussi doter les citoyens des compétences nécessaires",  souligne-t-elle. Son interrogation sonne comme un appel à l'innovation, puisque "le mouvement doit être accompagné": "Quelles applications pourront nous aider?"

>> Lire aussi : Dossier complet sur le Forum Smart City du Grand Paris

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 24/11/2016 à 8:53
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Pourquoi dissimuler ces initiatives populaires derrière de l'argot technique ? Vous allez effrayer plein de gens avec une telle approche, votre idée est bonne sachez utiliser les mots appropriés même si quelque part je vous comprends étant donné que ...

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