De silence ou d'applaudissements, les minutes qui ont précédé les coups d'envoi des matchs, partout en France depuis hier, ont noué les gorges et rougi les yeux. Le jeune Thomas, 16 ans, assassiné samedi dernier lors d'une rixe à Crépol (Drôme), était dans les pensées de tous les joueurs de rugby, comme lui.
L'hommage national au capitaine des jeunes du RC Romans-Péage va s'étirer cet après-midi, avec le dernier match de la 8e journée du Top 14, entre le Racing 92 et le Stade rochelais. « Le drame a eu un grand retentissement dans notre communauté », témoigne Henry Chavancy, le trois-quarts centre parisien, qui raconte les échanges émus dans le vestiaire avec ses partenaires. « Tout le monde est choqué qu'un adolescent ait pu être poignardé ainsi, au-delà du fait qu'il ait été rugbyman », ajoute l'ancien international.
Ces dernières heures, plusieurs joueurs du XV de France ont fait connaître leur tristesse. Le capitaine, Antoine Dupont et le troisième ligne Grégory Alldritt ont partagé sur les réseaux sociaux une publication émouvante du club drômois. Vendredi, Romain Ntamack a publié une photo de Thomas, souriant dans son maillot bleu ciel et blanc. Pas de mots, mais de la solidarité. Philippe Saint-André, né à Romans-sur-Isère, a rendu un hommage vibrant à cet « enfant du rugby ». « Moi aussi je l'ai fait, ce bal de Crépol, a témoigné sur BFMTV l'ancien capitaine et sélectionneur de l'équipe de France. Vous partez pour danser, pour rire, peut-être pour connaître votre premier flirt et vous ne rentrez pas à la maison. C'est terrible. »
Au téléphone, Mathieu Giudicelli a eu du mal à finir ses phrases. « Nous pratiquons un sport de tradition où les bals sont fréquents, souffle le directeur général de Provale, l'union des joueurs. C'est toute la famille du rugby qui est affectée. » Le syndicat prendra contact avec la famille dans quelques jours, pour respecter le temps du deuil. Mais déjà, des idées ont germé : une cagnotte devrait être ouverte ; une rencontre caritative pourrait être organisée.
Jean-Thomas Poletti, président du comité Drôme, réfléchit à des actions à l'échelle du département. « Beaucoup de monde s'est manifesté pour soutenir ses camarades », note le dirigeant. Dès lundi, moins de quarante-huit heures après l'altercation mortelle, des cellules psychologiques ont été mises en place. Elles le resteront aussi longtemps que nécessaire. D'autant que Thomas et ses équipiers avaient été témoins d'un événement traumatisant quelques heures plus tôt : pendant leur match contre Ampuis, samedi dernier, « la mère d'un joueur adverse a succombé à un malaise dans les tribunes », nous a raconté Thierry Tonnelier, président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, en route vers Lyon pour assister à l'hommage à Thomas, avant le match entre le LOU et l'Aviron bayonnais. Le dirigeant sera aux côtés de Florian Grill, le président de la Fédération, pour sa visite au club et à la famille de Thomas, prévue le 10 décembre. Le patron de la FFR avait déjà pris contact personnellement avec le président du club de Thomas.
Un report des matchs du week-end a été envisagé, mais ses camarades ont souhaité jouer pour faire honneur à l'ami disparu. Vendredi soir, le directeur du centre de formation des Damiers, le surnom du club drômois, était prêt à diriger son match à Bourg-en-Bresse, cet après-midi, comme prévu. L'ancien directeur du centre de formation du LOU se dit « touché » et veille sur plusieurs de ses joueurs, voisins de la famille de Thomas. L'entraîneur de l'adolescent, Yvan Jourdan, n'a pas souhaité s'exprimer.
Les neuf suspects interpellés après le meurtre de Thomas ont été présentés hier au parquet de Valence à l'issue de leur garde à vue.
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