Champions Cup de rugby : « Je savais juste qu’il fallait faire la passe en arrière et avancer » (Peato Mauvaka)

ENTRETIEN - Originaire de Nouvelle-Calédonie, le talonneur du Stade toulousain a découvert le rugby sur le tard. Avant le quart de finale contre Exeter, il se raconte.
Peato Mauvaka, avec Antoine Dupont, contre Bath, le 21 janvier.
Peato Mauvaka, avec Antoine Dupont, contre Bath, le 21 janvier. (Crédits : © LTD / NICOLAS LUTTIAU/PRESSE SPORTS)

Son premier match professionnel, c'était en 2016 en Coupe d'Europe. Cela ne faisait alors que quatre ans qu'il jouait au rugby. Depuis, Peato Mauvaka, 27 ans, a remporté la compétition (2021), trois Top 14 (2019, 2021 et 2023) et est devenu un incontournable du XV de France (34 sélections). Le chemin vers un nouveau sacre européen passe par Exeter en quart de finale de la Champions Cup cet après-midi (16 heures, France 2 et beIN).

LA TRIBUNE DIMANCHE - Vous êtes arrière-petit-fils d'un ancien roi de Wallis, ça signifie que vous êtes fait pour porter des couronnes ?

PEATO MAUVAKA - Pas sûr que ça ait un lien mais c'est marrant. Je n'en parle jamais mais, oui, le grand-père de ma mère était roi. En tout cas, j'ai gagné des titres avec le Stade toulousain donc ma carrière avance dans le bon sens et j'espère que ça va continuer comme ça. J'aime gagner même si, en dehors du sport, je ne suis pas si compétiteur que ça. J'aime aussi chambrer. Tout ce qui peut énerver les autres, ça m'amuse. Sans méchanceté ni arrière-pensée.

Il y a treize ans, vous ne connaissiez rien au rugby. Comment est-il possible d'avoir une telle carrière ?

Avec les entraînements et le travail, mais c'est vrai que je ne connaissais rien quand je suis arrivé à Toulouse. Rien au rugby, rien à l'histoire du club dans lequel je posais les pieds. La Nouvelle-Calédonie, c'est proche de la Nouvelle-Zélande, donc je ne connaissais que les All Blacks. Mon père en était fan et enregistrait tous les matchs, j'étais à côté et je regardais du coin de l'œil. Ça ne m'intéressait pas trop. J'étais très volley, à l'époque. Je ne sais même pas comment le Stade toulousain a fait pour me conserver : j'avais six mois de tests, je ne jouais pas beaucoup, j'essayais de comprendre les règles. Je savais juste qu'il fallait faire la passe en arrière et avancer.

Comment quelqu'un a-t-il pu se dire que vous étiez fait pour ça ?

J'en parlais encore avec Thomas Ramos et Piula [Faasalele] : je ne comprenais pas ce qu'ils avaient vu en moi. Bon, à Nouméa, le niveau est très bas. Il n'y avait que des gros gabarits. On s'entraînait avec les seniors et, vu que j'avais peur qu'on me rentre dedans, je faisais la passe. Ça me sortait du lot car j'étais le seul à en faire. Là-bas, tu prends le ballon, tu baisses la tête et tu fonces dans le tas.

Les JO ? J'avais dit à l'entraîneur de mettre mon nom sur la liste

Quel a été le déclic ?

Après mes six mois de tests, qui étaient vraiment durs, loin de ma famille, je suis rentré pour deux mois de vacances. Toulouse m'a conservé et je me suis entraîné tous les jours. Mon niveau a totalement changé. Et à mon retour, on m'a aussi proposé de passer de [trois-quarts] centre à troisième ligne.

Pourquoi êtes-vous devenu talonneur ?

À cause du poids [112 kilos] ! Quand je jouais au centre, j'étais fin. Mais les années passant, je prenais 10 kilos chaque fois que je revenais de mes deux mois de vacances. Je n'ai pas eu le choix si je voulais entrer au Pôle espoir : c'était talonneur et rien d'autre. Moi, je ne voulais pas. C'était la première ligne, c'était les gros. Je voulais être libre. À force, j'ai appris à aimer ce poste. À y jouer tout en gardant mes qualités.

Quel est le pire ennemi du talonneur ?

Le doute. Surtout quand on commence à rater des touches. Le week-end dernier contre le Racing 92, malgré le vent, j'ai réussi ma première touche et ça m'a mis en confiance. À mon poste, je n'ai pas de modèle. J'essaie de ne pas ressembler aux autres et d'être comme je suis. Libre. Mes coachs me l'ont souvent reproché. Au début, c'était un peu dur. Puis on m'a fait confiance. Jusqu'à avoir une certaine liberté comme à Toulouse.

Est-ce bizarre d'avoir son principal concurrent en club et en sélection ?

Non. Avec Julien Marchand, on a grandi ensemble et on a accepté de travailler comme ça. Et ça se passe bien pour le moment. Ce n'est pas commun mais ça existe, notamment en Irlande, où il y a presque l'équipe du Leinster à chaque poste.

Ça vous plairait de faire les JO avec l'équipe de France de rugby à 7 comme Antoine Dupont ?

Beaucoup. Pendant la prépa de la Coupe du monde, le staff était là et j'avais taquiné l'entraîneur [Jérôme Daret] en lui soufflant qu'il n'y avait pas que « Toto » qui pouvait y jouer. Donc je lui avais dit de mettre mon nom sur la liste. Il avait répondu « oui », en rigolant...

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