Rugby : « Je craignais de ne pas être au niveau » (Juan Imhoff, ailier du Racing 92)

L'Argentin a vécu toutes les campagnes européennes depuis 2011. Souvenir d’une légende du club francilien avant d’affronter Toulouse pour une place en quart de finale de Champions Cup.
En janvier, à Nanterre face à Cardiff, en Coupe d'Europe.
En janvier, à Nanterre face à Cardiff, en Coupe d'Europe. (Crédits : © LTD / PIERRE LAHALLE/PRESSE SPORT)

Il savoure chaque match de Champions Cup avec le Racing 92 comme si c'était le dernier. Ce qui serait le cas avec une élimination à Toulouse (16 heures, France 2, beIN) en huitième de finale. À 35 ans, l'ailier argentin Juan Imhoff vit sa treizième campagne européenne sous les couleurs Ciel et Blanc, qu'il quittera en fin de saison. Le meilleur marqueur d'essais de l'ère professionnelle du Racing - il a récemment passé la barre des 100 essais inscrits pour le club -, chouchou des supporters, revisite ces épopées continentales, ponctuées par trois finales perdues (2016, 2018 et 2020).

Lire aussiRugby : la France a peur

LA TRIBUNE DIMANCHE - Jeune joueur en Argentine, quelle compétition vous faisait rêver : la Coupe d'Europe ou le Top 14?

JUAN IMHOFF - J'ai grandi avec la Coupe d'Europe à la télévision. Il y avait ça et le Super Rugby [compétition entre franchises de l'hémisphère Sud]. Je sais que le Top 14 est le plus important dans la culture française mais, encore aujourd'hui, ce que je veux le plus gagner c'est la Coupe d'Europe. C'est aussi le titre qui me manque, puisque j'ai eu la chance d'être champion de France avec le Racing en 2016.

Quel est votre premier souvenir dans cette compétition ?

Mon premier match à Colombes, contre Cardiff en 2011. Je craignais de ne pas être au niveau. Et je marque un essai que je vais chercher tout seul. J'en ai marqué d'autres plus importants après. En quart de finale en 2016 contre Toulon [19-16]: un match serré, où je n'ai pas eu grand-chose à faire, mais j'intercepte un ballon, je marque et on gagne. Même chose en 2020 contre les Saracens [19-15] mais celui-ci nous envoie en finale.

Votre troisième finale en cinq ans pour autant de défaites...

Celle-ci, contre Exeter [27-31], a été la plus dure à digérer. Tout était réuni pour que ça soit notre année. Avant le match, c'est la seulefoisdemavieoùjemesuisdit:«Si ce n'est pas là, ce ne sera jamais. » Mais on a très mal géré le début. On revient, mais on perd sur une action litigieuse à cinq minutes de la fin [un ballon gratté par un joueur anglais sur sa ligne]. Vraiment frustrant.

Quels adversaires vous ont le plus impressionné ?

Le grand Toulon [sacré en 2013, 2014 et 2015], car on avait l'impression qu'il n'y avait aucun moyen de les battre. Le Leinster de l'an dernier. Et Toulouse, évidemment. On dit que c'est une compétition très courte, mais tu laisses beaucoup de plumes pour arriver en finale. Les équipes qui gagnent ne sont pas seulement très fortes, elles ont quelque chose en plus. J'ai été marqué par notre défaite en finale contre les Saracens en 2016 [9-21]. Sur le papier, on avait deux équipes de niveau comparable. Le jour de la finale, il n'y a pas eu photo. On aurait pu jouer dix fois, ils auraient gagné au moins neuf fois. Ils avaient ce truc en plus.

Avant la finale contre Exeter, je me suis dit : « Si ce n'est pas là, ce ne sera jamais »

La plus belle ambiance en Europe ?

Au Munster [Irlande]. C'est hostile, il y a la météo, le fanatisme des gens de la région. On sent qu'il n'y en a que pour le rugby, que c'est une religion. Mais après quelques bières ils peuvent être bonnards. Une fois, j'arrive sur la pelouse pour l'échauffement. Et là, des supporters irlandais ressortent une chanson que j'avais eue en quart de finale de Coupe du monde à Cardiff [2015, victoire de l'Argentine contre l'Irlande] : There's only one Juan Imhoff. J'ai adoré.

Défier une équipe française en Coupe d'Europe, c'est la même chose qu'en Top 14?

Non, ne serait-ce que l'arbitrage, qui est complètement différent. En Coupe d'Europe, les arbitres font tout pour avoir des matchs de grande intensité. Ils sifflent autant mais privilégient les équipes qui attaquent dans les rucks, les phases de contact. Castres, par exemple, est une équipe très difficile à battre en Top 14, mais en Coupe d'Europe, la façon d'arbitrer ne lui convient pas, ce qui rend les matchs un peu moins durs. Contre Toulouse, on va tenir compte de ça. Il faudra beaucoup courir, garder le ballon pour pouvoir jouer au rugby.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.