Un grand classique. À 19 heures à Herning (Danemark), la France et la Norvège se retrouvent en finale du Mondial pour la cinquième fois depuis 1999. En ajoutant l'Euro 2020, c'est même la sixième opposition à cette altitude entre les deux pays. Pour un seul succès tricolore, celui du deuxième titre planétaire en 2017. Mais cette année, peut-être pour la première fois, les joueuses d'Olivier Krumbholz seront favorites. « Plein de petites choses se sont alignées dans ce tournoi, observe la capitaine, Estelle Nze Minko. La victoire au tour principal contre la Norvège [24-23], un quart de finale abordable contre les Tchèques, puis deux jours de repos avant notre demie [37-28 contre la Suède]. Tous les voyants étaient au vert. »

Les quelques grains de sable n'ont pas enrayé la belle mécanique. La blessure au premier tour de Laura Flippes, seule arrière droite, déjà peu utilisée par son club (CSM Bucarest), a été surmontée. Tout comme l'absence interminable pour commotion cérébrale de la gardienne numéro un, Cléopatre Darleux, suppléée avec autorité par Laura Glauser et Hatadou Sako. « On pouvait s'inquiéter un peu plus », admet Philippe Bana, le président de la Fédération. Huit matchs et autant de victoires plus tard, le dirigeant l'assure : « On est plutôt sur une pente olympique ascendante. » Car, dans cette saison à deux compétitions majeures, c'est évidemment la seconde qui compte le plus. Les éléments de langage martelant le contraire ne sont qu'une diversion.

Krumbholz 2025 ?

Ça ne signifie pas qu'un troisième sacre mondial serait déprécié, surtout par les nombreuses joueuses qui n'étaient pas du précédent il y a six ans. Mais cet or-là serait d'abord une étape vers la destination finale : le 10 août 2024 à Lille. À huit mois du rendez-vous rêvé, les temps de passage sont rassurants, d'après Estelle Nze Minko : « L'engagement des filles est total, notre défense toujours solide et le retour de Méline Nocandy, une magicienne comme en ont peu d'équipes, fait avancer notre jeu offensif. » La demi-centre de 25 ans avait manqué le dernier Euro, grièvement blessée à un genou. Ces quinze derniers jours, en Norvège puis au Danemark, elle a rayonné.

L'attaque placée était le chantier identifié de longue date par le staff pour rêver d'un deuxième titre olympique, dans la foulée de celui de Tokyo (2021). Pour l'améliorer, le sélectionneur avait obtenu l'organisation d'un rassemblement à Capbreton, en juillet, en dehors des dates internationales. Conscients de l'enjeu, tous les clubs sauf un avaient mis leurs joueuses à disposition. « Les grandes de ce monde, comme la Norvège, travaillent plus, justifie Bana. C'était un stage de chercheuses d'or, pour se mettre les JO dans la tête et dans les muscles. » Entre deux entraînements bien corsés, des cadres du groupe voyaient ce « petit plus » comme un atout important face à la concurrence olympique.

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Mais voici donc une première récompense à leur portée ce soir. En même temps, une revanche : c'est dans l'intimidante Jyske Bank Boxen de Herning (12 500 places) que les Norvégiennes avaient estoqué les Bleues en finale de l'Euro il y a trois ans. Une troisième étoile pourrait-elle donner l'envie d'un rab à Olivier Krumbholz ? Le Lorrain, 65 bougies et vingt-trois années en poste, a annoncé de longue date qu'il passerait la main à l'issue de Paris 2024. « Officiellement, sa retraite est pour août 2025 », précise avec malice son président, Philippe Bana. L'idée d'un tuilage avec le prochain sélectionneur fait son chemin, dans sa tête au moins. Atteindre le sommet, c'est bien. Trouver le moyen d'y rester, c'est mieux.