« Je les ai ratés, mais les Jeux restent la plus belle compétition » (Camille Lacourt, nageur)

ENTRETIEN - S’il n’a jamais remporté de médaille et l’a mal vécu, l’ancien dossiste ne regrette pas ses années à nager après l’or.
Aux JO de Rio, le 8 août 2016.
Aux JO de Rio, le 8 août 2016. (Crédits : © Henri Szwarc/ABACAPRESS)

Alcool et souffrances psychologiques. Camille Lacourt a traversé de rudes épreuves à la suite de ses échecs aux Jeux olympiques. Pour autant, le quintuple champion du monde, 38 ans, fréquente toujours les bassins. Avant de commenter Paris 2024 pour France Télévisions, il sera l'un des capitaines du relais de la flamme, le 19 juillet à Sarcelles (Val-d'Oise).

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LA TRIBUNE DIMANCHE - Compte tenu de votre histoire contrariée avec les JO, avez-vous hésité à participer au relais de la flamme ?

CAMILLE LACOURT - Je n'ai pas eu la chance d'accrocher une médaille olympique autour de mon cou, mais les Jeux restent la plus belle épreuve qu'un sportif puisse disputer. J'ai raté mes deux compétitions, à Londres et à Rio [4e et 5e]. Le sport procure des joies et des douleurs de la même intensité. Ces deux échecs font partie de mon histoire. J'ai accepté et digéré ces moments difficiles. Le but est d'en sortir le plus vite possible. Douze ans après Londres, il me reste des regrets mais pas d'amertume envers l'événement lui-même. Quand on m'a proposé de porter la flamme, j'ai tout de suite dit oui. Elle incarne des valeurs que je partage : travail, effort, respect.

Vous partagez votre vécu en entreprise, mais vous n'avez pas été sollicité pour conseiller des sportifs ?

Pas encore. Aujourd'hui, les jeunes peuvent trouver des ressources pour les aider dans les moments difficiles. Énormément de clubs et de centres d'entraînement font appel à des préparateurs mentaux, c'est vraiment important pour se relever. Le sport est extrêmement dur. Mais ça vaut le coup d'aller au bout de soi-même, de ne pas se chercher d'excuses, d'être à 100 % dans son activité. Ça fait grandir pour la vie d'après.

Florent Manaudou estime que la France n'est pas un pays de sport. D'accord ?

Je ne connais pas beaucoup de sportifs qui pensent autrement. Ma fille de 11 ans, qui est au collège en classe de 6e, a seulement quatre heures d'activité physique par semaine. Dans les pays nordiques, c'est école le matin, activités artistiques et physiques l'après-midi. On a aussi du retard sur les pays anglo-saxons, les universités américaines.

J'espère que Florent Manaudou sera désigné porte-drapeau en récompense de sa si belle carrière

Il faut donc encourager nos sportifs à s'entraîner à l'étranger ?

C'est un des outils à notre disposition, il serait stupide de s'en priver. Léon Marchand apprend aux États-Unis des choses qu'il partage ensuite. De même, le directeur des entraîneurs en équipe de France, le Néerlandais Jacco Verhaeren, a travaillé avec l'Australie et nous apporte une expertise que peu de coachs français ont la chance d'avoir.

La natation française a retrouvé des couleurs après une période creuse. Comment l'expliquez-vous ?

La France n'est pas une grande nation de natation, contrairement à l'Australie, aux États-Unis ou à la Hongrie. On ne peut pas toujours avoir une grande densité. Léon Marchand et Maxime Grousset sont des exemples à suivre, des nageurs sérieux qui s'entraînent avec leur cerveau. Derrière, il y a de nombreux finalistes mondiaux et européens chez les filles comme chez les garçons qui, je l'espère, vont passer un cap pour aller chercher une médaille olympique. Il y a du potentiel et de la fraîcheur, c'est un régal.

Léon Marchand est annoncé comme la star des Jeux. Piégeux ?

C'est plus facile de réaliser une contre-performance qu'une performance, mais je pense qu'il a tous les atouts pour être en forme. Il est intelligent, son entraîneur [l'Américain Bob Bowman] a l'expérience. De l'extérieur, on peut penser qu'il a la pression, mais j'imagine plutôt son excitation. Et puis il n'a pas encore officialisé son programme, il n'aura pas forcément plus de courses qu'aux derniers championnats du monde, où il avait remporté trois médailles d'or.

Florent Manaudou ferait-il un bon porte-drapeau ?

Oui, il a clairement le profil. Il est le plus titré des nageurs français. J'espère qu'il sera désigné en récompense de sa si belle carrière.

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