Les champions sportifs en délégation à Auschwitz, pour la mémoire

Ce dimanche, une délégation d’athlètes français se rend au camp d’Auschwitz-Birkenau. Deux d’entre eux ont expliqué à La Tribune Dimanche les raisons qui les ont poussés à se joindre à l’initiative lancée par Richard Dacoury, ex-capitaine de l’équipe de France de basket, et Pierre Fraidenraich, président de la commission Sport du Crif.
Denis Charvet et Cyril Benzaquen
Denis Charvet et Cyril Benzaquen (Crédits : © Maxime JEGAT/LE PROGRES/MAXPPP ; ANTON KARLINER/SIPA)

C'est un voyage inédit dont l'idée a germé après une séance cinéma. Le film d'Olivier Dahan Simone - Le voyage du siècle bouleverse Richard Dacoury. L'ex-capitaine de l'équipe de France de basket en sort convaincu qu'il faut continuer de transmettre une mémoire qui s'amenuise au fur et à mesure que les survivants de la Shoah s'éteignent. Il lance alors l'idée d'un grand voyage au camp d'Auschwitz-Birkenau, un pèlerinage qui se déroule aujourd'hui. Mais pourquoi faire se déplacer les sportifs en particulier ? « À quelques mois des Jeux de Paris 2024, il est important pour celles et ceux qui vont briller sur nos sites olympiques de se rendre compte qu'à deux heures trente d'ici, il y a quatre-vingts ans, des millions de personnes ont été exterminées au seul nom de la différence », explique Pierre Fraidenraich. Président de la commission sport du Crif, il coorganise le voyage.

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L'ex-international de rugby Denis Charvet n'a pas hésité. Lorsqu'on lui a proposé de participer au déplacement, il a spontanément dit oui : « J'estime que c'est un devoir d'homme, et de citoyen, au-delà d'un devoir de mémoire. »

Des paroles qui font écho à celles de Cyril Benzaquen, champion du monde de kickboxing. Son titre sera remis en jeu dans un mois. Il a pourtant tenu à maintenir sa présence quand la date du voyage a été modifiée à cause des attaques du 7 octobre, car « c'est un devoir qui compte autant que [s] es engagements sportifs ». Il est nécessaire, pour les deux athlètes, de continuer d'aller sur les lieux de mémoire, et d'en parler pour ne pas oublier. Quand Denis Charvet apprend dans le sondage OpinionWay publié dans La Tribune Dimanche la semaine dernière que 35 % des 16-24 ans ne savent pas ou pas bien ce qu'est la Shoah, il est révolté. « Mon grand-père, mes oncles, mon père ont vécu cette guerre. » Il espère que le déplacement des athlètes pèsera. « Les paroles et les actes des sportifs peuvent être mieux accueillis par les jeunes que ceux d'autres personnes, car ils s'identifient à eux. » Cyril Benzaquen confirme : « Ils ont besoin de mentors. »

C'est également pour remplir une mission de passation que le champion entreprend ce voyage. « Il est encore possible aujourd'hui de rencontrer des survivants des camps. Un jour, plus aucun d'eux ne sera là. Il faut les écouter, pour transmettre leurs témoignages. » Sport et mémoire rassemblent autour des mêmes valeurs. Il affirme que « se rendre à Auschwitz pour dénoncer ce qu'il s'y est passé, c'est continuer de lutter contre la xénophobie », poursuivant : « Dans le monde du sport, on accueille tout le monde. » Une démarche « à l'esprit patriotique et fraternel ».

Outre les anciens athlètes, les présidents de plusieurs fédérations dont les équipes seront en compétition en juillet sont aussi du voyage (Philippe Diallo pour le football, Florian Grill côté rugby). Alors que les JO s'ouvrent, comme un clin d'œil de l'Histoire, dans la foulée des 80 ans du débarquement du 6 juin, « qui mieux que les champions pour promouvoir la tolérance ? » conclut Pierre Fraidenraich.

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