Rachat de SFR : l'AMF critique Bouygues, Numericable et Vivendi sur la transparence

Le gendarme de la Bourse, qui était resté silencieux depuis un mois, met en garde les acteurs impliqués dans la reprise de l’opérateur télécoms, qui n’est pas coté : ils s’exposent à des sanctions s’ils ne fournissent pas « une information exacte, précise et sincère. » Un point plutôt en faveur de Bouygues dans cette bataille à plusieurs milliards d'euros.
Delphine Cuny
Gérard Rameix, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Le gendarme de la Bourse sort enfin de son silence. Depuis un mois que la bataille pour emporter SFR bat son plein, l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'était montré pour le moins discrète. Vendredi après la clôture de la Bourse, elle a publié un communiqué en forme de rappel à l'ordre. Elle explique avoir « demandé à plusieurs reprises aux différents acteurs impliqués dans le rachat de SFR (Altice/Numericable, Bouygues, Vivendi) la communication d'éléments d'information supplémentaires » et déplore n'avoir reçu « à ce jour que des réponses partielles. » Aussi tient-elle à réaffirmer « la nécessité d'informer le marché des caractéristiques des offres en présence. » C'est plutôt un point en faveur de Bouygues, qui a communiqué rapidement les principaux éléments de ces trois offres successives, et en défaveur de Numericable, dont l'actionnaire Altice martelait qu'il était tenu par la confidentialité à l'égard de Vivendi.

Stratégie de communication des acteurs

Certes, SFR n'est pas coté donc le rachat « n'est pas soumis au cadre juridique des offres publiques, dont les obligations de transparence et le jeu des surenchères est très strict » reconnaît l'AMF. Mais Altice, Numericable, Bouygues et Vivendi sont elles des entreprises cotées et « ont l'obligation de fournir au marché une information exacte, précise et sincère. » Le gendarme de la Bourse souligne qu'elles « s'exposent à des risques de sanction en cas de non-respect de la réglementation boursière. » Toutefois, l'Autorité se défend de donner des bons ou mauvais points : « nous sommes tenus à une parfaite neutralité et à un strict respect de la présomption d'innocence » insiste le président de l'AMF, Gérard Rameix, dans une interview au Figaro.

« Je comprends que pour les acteurs, l'information ou l'absence d'information est un élément de stratégie. Mais nous voulons que le marché ait une information complète et précise » indique le président de l'AMF. « La prise de parole du régulateur est en soi une anomalie, le signe d'un malaise. »

 

Vivendi pas assez rigoureux sur le choix d'Altice

Le président de l'AMF assène aussi un carton rouge à Vivendi. « Le vendeur a lui aussi le devoir d'être rigoureux dans sa communication, qui nous a notamment paru insuffisante lors du choix d'Altice-Numericable, en particulier sur les conditions de liquidité future de sa participation. » En effet, une source proche de Vivendi a évoqué des « clauses d'incessibilité » sur les 32% du capital qu'il récupérerait d'un ensemble fusionné SFR-Numericable. En revanche, il n'évoque pas le relèvement de la partie cash de l'offre d'Altice au lendemain d'une interview aux Echos de son président, Patrick Drahi, qui affirmait qu'il ne voyait « pas de raison de modifier son offre. » Le message sera-t-il entendu par les intéressés ? Si c'est le cas, le marché devrait sans doute obtenir des précisions dès ce lundi de la part de Vivendi ou d'Altice sur les conditions de cette offre jugée « la plus pertinente » par le conseil de surveillance de la maison-mère de SFR au point d'entrer pour trois semaines en négociations exclusives...

Delphine Cuny

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Commentaires 3
à écrit le 31/03/2014 à 11:05
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Bollore ne support pas les bouygues ! est ce une raison suffisante ...?

à écrit le 31/03/2014 à 11:04
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Mr Rameix oublie un peu vite son attitude dans l affaire Kerviel/SG et l absence d actions dans l OPA de carrefour sur Hyparlo ....!

à écrit le 30/03/2014 à 13:43
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Rappel à Vivendi: vous êtes une société cotée en bourse, et les class-actions existent aux USA !! Là-bas, les petits arrangements entre amis ne seront pas forcément bien vus, surtout si à but politique. Tout manquement à votre obligation de clarté, e...

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