Alchimie : future plateforme leader de vidéos thématiques en SVOD ?

Alchimie, la plateforme OTT française de vidéos et de chaînes thématiques à la demande par abonnement, a lancé mardi son introduction en bourse sur Euronext Growth à Paris. La plateforme prévoit de proposer plus de 200 chaînes en 2022 et d’atteindre le seuil de rentabilité avec 1,2 million d’abonnés. Elle vise un déploiement sur les marchés francophones, anglophones, hispanophones et germanophones.
La chaîne SVOD CultivonsNous.tv, co-éditée par l’exploitant agricole Édouard Bergeon - réalisateur du film Au nom de la terre - et parrainée par l’acteur Guillaume Canet, a passé le cap des 50.000 abonnés.
La chaîne SVOD CultivonsNous.tv, co-éditée par l’exploitant agricole Édouard Bergeon - réalisateur du film Au nom de la terre - et parrainée par l’acteur Guillaume Canet, a passé le cap des 50.000 abonnés. (Crédits : Alchimie)

Alchimie n'a pas la renommée de Netflix ou d'Amazon Prime Video, ni le catalogue hyper généraliste de Salto. Mais si vous faites partie des 50.000 abonnés de la chaîne SVOD CultivonsNous.tv, co-éditée par l'exploitant agricole Édouard Bergeon - réalisateur du film Au nom de la terre - et parrainée par l'acteur Guillaume Canet, alors vous participez à son modèle économique. De même si vous êtes abonné aux chaînes jacquesattali.tv ou guerreshistoires.tv. Ces deux offres commercialisées à 4,99 € par mois sont respectivement éditorialisées par l'économiste et haut fonctionnaire Jacques Attali et par Reworld Media, éditeur du magazine Guerres et Histoire. Pour bâtir leur programmation, ces deux chaînes puisent dans la vaste bibliothèque de 60.000 heures de contenus multilingues (documentaires, magazines, formats) constituée par Alchimie.

À la fois plateforme technologique et agrégateur de contenus issus de plus de 300 ayants droit et producteurs tels que France Télévision, Arte, ZDF Entreprises, BBC, ZED ou Inverleigh, l'entreprise fondée et dirigée par Nicolas d'Hueppe, ambitionne de devenir « le service proposant le plus grand nombre de chaînes thématiques en SVOD ».

Afin de poursuivre sa croissance en France et à l'international sur les marchés francophones, anglophones, hispanophones et germanophones, cette structure de 125 personnes officiant sur cinq bureaux (Paris, Londres, Madrid, Düsseldorf, Sydney), a lancé mardi son introduction en bourse sur Euronext Growth à Paris. Le processus, clos le 23 novembre et éligible au PEA-PME sous conditions, prévoit une augmentation de capital correspondant à 20 millions d'euros dans une fourchette de prix de 15,50 € à 20,96 € par action et pouvant être portée, en cas d'exercice intégral de la clause d'extension primaire, à 21,5 millions d'euros. Il comporte également une cession de 1,5 millions d'euros de titres par le fonds HLD, actionnaire principal d'Alchimie.

D'ici à 2022, la société entend doubler ses revenus à 58 millions d'euros et pense atteindre le seuil de rentabilité avec un total de 1,2 million d'abonnés pour 200 chaînes.

600 chaînes en 2024, modèle de partage de revenus

« Créé il y a quatre ans, Alchimie a investi 23 millions d'euros ces dernières années et devrait atteindre 27 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020. Nous comptons à ce jour 55 chaînes (70 en fin d'année), 300.000 abonnés payants en Europe et sommes sur le rythme d'un lancement de chaîne par semaine en Europe », a souligné Nicolas d'Hueppe lors d'une conférence de presse en ligne.

« L'objectif d'ici à 2022 est d'atteindre une moyenne de 5.000 abonnés par chaîne. Pour 2024, nous tablons sur 600 chaînes (50 par pays), 3 millions d'abonnés et 150 millions d'euros de chiffre d'affaires », ajoute Stéphane Taillefer, directeur financier de la société dont le modèle est fondé sur l'acquisition auprès d'ayants droit d'un catalogue de contenus utilisés ensuite par des médias et des personnalités pour lancer leurs propres chaînes payantes.

« Plus notre catalogue s'étend, plus nous pouvons créer de chaînes. Il s'agit d'un modèle vertueux », assure Stéphane Taillefer.

Ces chaînes sont accessibles en standalone sur le web et dans un réseau d'une soixantaine de partenaires internationaux (plateformes digitales, opérateurs télécoms, fabricants de TV connectées) à un prix oscillant entre 2,99 € par mois pour les offres des youtubeurs et 4,99 €. Elles sont également distribuées au sein d'un package de plusieurs chaînes commercialisé à 9,99 € par mois. Rebaptisée TVPlayer (ex-Watch-It !), après le rachat en 2019 du service OTT britannique de distribution de chaînes gratuites et payantes, sorte de Molotov anglais, cette offre packagée et plateforme propriétaire de streaming est disponible dans dix pays dont la France, l'Allemagne, l'Espagne et les États-Unis depuis septembre dernier.

« Notre modèle est fondé sur le partage de revenus. Pour un coût d'abonnement moyen de 4,99 €, 30 % de la somme, soit 1,40 €, sert à rémunérer les ayants droit. Les 2,80 € restants sont partagés à 50/50 entre les créateurs de la chaîne et Alchimie », détaille Nicolas d'Hueppe. « Pour un média ou des personnalités suivis sur les réseaux sociaux, une chaîne payante co-créée avec Alchimie est vue comme un outil de monétisation et représente un apport financier important ». Guillaume Canet et Édouard Bergeon récupèreront ainsi 168.000 € sur un an pour 10.000 abonnés par mois.

Cord-cutting et marché SVOD de 141 milliards d'euros en 2025

Alchimie appuie sa stratégie et sa croissance sur un phénomène qui va crescendo : la perte de vitesse des chaînes thématiques traditionnelles proposées dans les offres des opérateurs et des câblo-opérateurs. Ce fameux « cord-cutting » (coupure du cordon électrique) bénéficie, et encore plus durant cette crise sanitaire, aux plateformes OTT. À côté de la domination des acteurs généralistes tels Netflix, des services comme Alchimie ou CuriosityStream, exclusivement dédiée au documentaire, entendent profiter eux aussi de l'expansion du marché de la SVOD.

Lire aussi : L'AVoD, un modèle gagnant pour exister face aux géants du secteur ?

« En proposant des services de niche, nous récupérons les abonnés historiques des chaînes thématiques du câble », explique Nicolas d'Hueppe. Confiant dans son modèle, le dirigeant veut conquérir sa part d'un gâteau qui « pourrait atteindre près de 167 milliards de dollars en 2025 (141 milliards d'euros en 2025) ».

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Commentaire 1
à écrit le 12/11/2020 à 11:30
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Attali qui finance une plateforme dans laquelle il a sa propre chaîne et qui en plus se lance en bourse, l'ensemble partant d'une notion appelée "cultivons nous" tant qu'à faire ? -_- Un pas de plus vers la fin du monde. Par contre vous faite...

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