Facebook, critiqué de toutes parts

[CARTE INTERACTIVE] Le premier réseau social au monde a traversé une année 2017 tumultueuse. Retour sur les principales polémiques.
Anaïs Cherif
Facebook est le plus grand réseau social au monde avec 2,13 milliards d'utilisateurs actifs mensuels.
Facebook est le plus grand réseau social au monde avec 2,13 milliards d'utilisateurs actifs mensuels. (Crédits : © Dado Ruvic / Reuters)

Je t'aime, moi non plus... Facebook a publié mercredi ses résultats annuels. Une chose est sûre : la plateforme continue d'attirer les foules. Le géant de la Silicon Valley demeure le premier réseau social au monde avec 2,13 milliards d'utilisateurs actifs mensuels. Loin devant Twitter et ses 330 millions d'usagers.

Si les fidèles sont de plus en plus nombreux, ils restent moins longtemps connectés. Facebook a noté une baisse du temps passé sur son réseau "d'environ 50 millions d'heures par jour" - soit un repli de 5% pour le dernier trimestre 2017. Il faut dire que l'entreprise de Mark Zuckerberg a évolué en terrain miné l'année dernière : accusation de censure, modération des contenus haineux, fake news, optimisation fiscale... Tour d'horizon des critiques.

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■ Propagation des fake news

Le géant américain a été vivement critiqué l'année dernière pour son manque d'efficacité dans sa lutte contre les fake news, ces fausses nouvelles virales popularisées lors du Brexit en 2016 et amplifiées lors de l'élection présidentielle américaine. A tel point qu'une interférence russe a été dénoncée par les élus américains. La Russie est soupçonnée d'avoir mené une campagne de propagande à travers le financement de publicités sur les réseaux sociaux - ce qui a conduit Facebook, Twitter et Google à se justifier devant le Congrès américain début novembre dernier.

Lors de cette audition, Facebook a déclaré avoir identifié 3.000 publicités vues par 10 millions d'internautes américains. Et ce n'est pas tout : 80.000 publications - non payantes et soupçonnées d'être liées aux intérêts russes - ont été vues par 126 millions d'Américains entre 2015 et 2017.

> Lire aussi : Facebook, Twitter, Google : leur aveu d'impuissance devant le Congrès

■ Une modération jugée laxiste

Trop lente, trop laxiste... La modération de Facebook souffre de plusieurs écueils. L'Allemagne a été le premier pays à dégainer une loi pour contraindre les réseaux sociaux à une modération réactive. Baptisée NetzDG, la loi est entrée en vigueur au 1er janvier 2018.

Le texte s'applique à tous les discours haineux sur Internet (propagande terroriste, insultes, appels à la violence, fake news du genre...). Elle oblige les réseaux sociaux à supprimer sous 24 heures les contenus litigieux publiés sur leurs plateformes - au risque d'encourir une amende pouvant grimper jusqu'à 50 millions d'euros. Un délai de 7 jours, voire plus, peut néanmoins être accordé pour des cas plus complexes.

Conséquence : Facebook renforce ses effectifs. En mai dernier, Mark Zuckerberg a annoncé le recrutement de 3.000 modérateurs - s'ajoutant à une équipe déjà constituée de 4.500 personnes. Actuellement, environ 10.000 salariés travaillent déjà à la sécurité du réseau, comprenant notamment la modération des « fake news, discours haineux, harcèlement », précisait Mark Zuckerberg début novembre. L'effectif devrait être doublé au cours de 2018.

■ Optimisation fiscale aux Caïmans

Comme tout géant américain qui se respecte, Facebook se livre à l'optimisation fiscale. Sortie en novembre 2017, l'enquête sur les "Paradise Papers" révélait l'intérêt du réseau social pour les îles Caïmans - et son taux d'imposition des sociétés inexistant.

Facebook a domicilié son siège social à Dublin. L'entreprise de Mark Zuckerberg profite ainsi d'un petit taux d'imposition des sociétés à 12,5% (contre 28% en France cette année). Sa société Facebook Ireland Holdings dispose d'un statut "hybride", lui permettant d'être résidente fiscale aux îles Caïmans, explique Le Monde.

En 2016, le réseau social a payé 1,16 million d'euros d'impôts en France pour un chiffre d'affaires déclaré de "seulement" 36,95 millions d'euros. En effet, Facebook revendiquait pour la période 32 millions d'utilisateurs par mois dans l'Hexagone. Chaque utilisateur européen générait en 2016 environ 16,8 euros. Le chiffre d'affaires réalisé en France par Facebook était donc estimé aux environs de 540 millions d'euros, selon les calculs de BFM Business.

Pour 2018, l'entreprise a promis davantage de "transparence". Elle s'engage à déclarer certains de ses revenus publicitaires dans les pays où elle les gagne. L'objectif est de procéder à ce changement à partir de 2018 et de l'achever d'ici à mi-2019. En effet, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), sont sous la pression des autorités européennes.

La Commission cherche à établir de nouvelles règles afin de mieux taxer les géants du numérique opérant sur le sol européen et entend faire des propositions dans ce sens cette année. L'exécutif européen reproche aux GAFA de payer trop peu d'impôts dans des pays à faible fiscalité, comme l'Irlande ou le Luxembourg, où leurs sièges sociaux européens sont installés.

■ Violation de la vie privée

Max Schrems, citoyen autrichien, a voulu intenter un recours collectif au nom de plusieurs utilisateurs de nationalités différentes pour violation de la vie privée. Il accuse Facebook de ne pas protéger les données de ses utilisateurs, voire, de les transmettre aux services de renseignements américains.

Ayant recueilli plus de 25.000 signatures de soutien, il réclamait 500 euros de dommages-intérêts pour chaque signataire. Si les accusations remontent à 2014, la décision de la Cour de Justice de l'Union européenne a été rendue jeudi 25 janvier. Elle interdit à Max Schrems le recours collectif mais lui offre la possibilité d'attaquer en son nom propre.

> Lire aussi : Facebook va-t-il vérifier les pièces d'identité de ses utilisateurs ?

■ Censure d'art... Ou de pornographie ?

Facebook se justifie ce jeudi devant la justice française pour la censure en 2011 d'une reproduction du tableau de Gustave Courbet, « L'origine du monde ». Peint au XIXè siècle, l'oeuvre représente un sexe féminin. C'est le premier scandale de modération rencontré par le réseau social.

Un enseignant nantais avait publié le tableau, avant de voir son compte supprimé "sans préavis ni justificatif". Il demande la réactivation de son profil au nom de la liberté d'expression sur les réseaux sociaux. De son côté, Facebook décrivait la représentation litigieuse comme une "image pornographique".

Le géant du net a essayé d'échapper à la justice française pendant 5 ans pour tenter d'être jugé aux Etats-Unis. En vain. En février 2016, la cour d'appel de Paris a confirmé la compétence des tribunaux français pour juger l'affaire.

(avec agences)

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 01/02/2018 à 18:02
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Et dire qu'il suffirait de ne plus se connecter pour que ça s'effondre complètement!

le 01/02/2018 à 20:46
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Vous avez totalement raison... et c'est même un cas d'illusion collective.

le 02/02/2018 à 9:59
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"Et dire que si on était parti une heure et demi plus tôt on serait arrivé une heure et demi plus tôt" Johnny

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