Didi quitte Wall Street sur fond de bataille entre Pékin et Washington pour capter les géants de la Tech

Dans un contexte de nationalisme économique, le géant Didi Global a fini par céder à la pression de Pékin pour sortir de la cote américaine. Autrefois courtisé par les poids lourds de l'Internet, le Nasdaq ne doit plus être la priorité des valeurs technologiques selon la Chine qui durcit ses contrôles et favorise ses propres places financières.
Après son départ précipité des Etats-Unis, Didi risque à présent d'être traîné devant les tribunaux par des investisseurs mécontents.
Après son départ précipité des Etats-Unis, Didi risque à présent d'être traîné devant les tribunaux par des investisseurs mécontents. (Crédits : Reuters)

La bataille pour le nouveau leadership mondial est en train de se jouer sur les valeurs Tech cotées en Bourse. Face au durcissement de Pékin vis à vis des sociétés Internet, Didi Chuxing (la maison mère de Didi), l'équivalent d'Uber dans son pays, se retire vendredi de Wall Street où il était coté au Nasdaq. Cinq mois après son arrivée, et après avoir perdu environ 45% de sa valeur, l'opérateur de VTC est en effet victime de la rivalité technologique avec Washington et de la volonté du pouvoir chinois de garder le contrôle sur les données des utilisateurs, que les sociétés privées collectent.

Dans le même temps, alors qu'il est soumis à une enquête de Pékin concernant la cybersécurité de la société, Didi Global se prépare à relancer ses applications en Chine d'ici la fin de l'année. La société aurait aussi mis de côté une enveloppe de 10 milliards de yuans (1,4 milliard d'euros) pour le règlement d'une amende potentielle de  l'Administration chinoise du cyberespace (CAC), selon l'une des sources.

La Chine veut favoriser ses places boursières

Sur la cote américaine, Didi, leader sur son marché, avait pourtant levé quelque 4,4 milliards dollars (3,7 milliards d'euros). Les startups chinoises ont longtemps été encouragées à lever des fonds aux Etats-Unis pour se développer. En 2014, le géant du e-commerce Alibaba avait réalisé à Wall Street la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps, en levant 25 milliards de dollars.

Mais comme Didi, le groupe chinois de commerce électronique, sous la pression des autorités, a récemment renoncé à introduire en Bourse sa filiale "fintech" Ant Group, valorisée 37 milliards de dollars (31,5 milliards d'euros).

De fait, pour lever des fonds et financer leur croissance, la Chine incite désormais ses pépites à s'introduire sur ses places boursières (Hong Kong, Shanghai, Shenzhen ou désormais Pékin).

Le réseau social Weibo, coté depuis 2014 au Nasdaq, a annoncé lundi qu'il effectuerait prochainement une nouvelle levée de fonds à la Bourse de Hong Kong.

Dans ce contexte de nationalisme économique, le pouvoir communiste vient d'ouvrir une nouvelle Bourse à Pékin, destinée aux PME, particulièrement celles actives dans les nouvelles technologies.

Les investisseurs lésés

Après son départ précipité des Etats-Unis, Didi risque à présent d'être traîné devant les tribunaux par des investisseurs mécontents qui ont perdu de l'argent, prévient l'analyste Feng Chucheng, du cabinet d'études Plenum à Pékin.

Mais Didi est rentable en Chine. L'application y revendique près de 377 millions d'utilisateurs actifs par an, à comparer avec les 493 millions d'utilisateurs actifs annuels dans le monde (et 15 millions de chauffeurs actifs annuels). Le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 21,6 milliards de dollars en 2020 et de 6,4 milliards de dollars au premier trimestre 2021.

Fondé en 2012 par Cheng Wei, un ancien cadre du géant chinois du commerce en ligne Alibaba, Didi est disponible dans 15 pays, dont la Chine, la Russie et l'Australie.

Attirer les géants de la Tech pour l'Internet de demain

La rivalité entre la Chine et les Etats-Unis est en train de s'accentuer et de se traduire sur les marchés financiers. Pékin et Washington érigeant de nouvelles règles de conformité porteuses de leur vision respective de l'Internet.

A l'inverse, le concurrent Singapourien de Didi, Grab, a fait ses débuts à Wall Street jeudi au lendemain de la finalisation, mercredi, de sa fusion avec un véhicule coté, et est désormais valorisé quasiment 37 milliards de dollars. Pour entrer au Nasdaq, la Bourse new-yorkaise qui a les faveurs des valeurs technologiques, Grab a fusionné avec une Spac, baptisée Altimeter Growth, un véhicule déjà coté qui permet de réaliser une introduction simplifiée.

Dans le collimateur de Pékin, il reste sur la place américaine le site chinois de recrutement en ligne Zhipin.com et les applications de transport routier Huochebang et Yunmanman (donnant naissance à Full Truck Alliance) qui se sont également introduits à Wall Street en juin 2021.

(Avec AFP)

Lire aussi 2 mnSanctionné par Pékin, le "Uber chinois" Didi dégringole à Wall Street

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Commentaire 1
à écrit le 04/12/2021 à 10:01
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oui oui, la chine veut attirer les geants de la tech pour qu'ils fassent ' transfert de technologies'; comme ca une fois les technologies transferees, ils pourront prendre le coup de pied au cul d'uncle chang, comme toutes les boites qui s'installen...

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