Droits du foot : BeIN, Canal+ et SFR vont-ils casser la tirelire ?

La Ligue de football professionnel (LFP) a donné le coup d’envoi, ce mercredi, de l’appel d’offres pour les droits de diffusion de la Ligue 1 pour la période 2020-2024. Va-t-on assister à une inflation de ces droits, et passer la barre du milliard d’euros par an ?
Pierre Manière
Transféré l'an dernier du FC Barcelone au PSG pour 222 millions d'euros, la star brésilienne Neymar est l'un des atouts sur lequel la LFP compte pour faire grimper le prix des droits TV.
Transféré l'an dernier du FC Barcelone au PSG pour 222 millions d'euros, la star brésilienne Neymar est l'un des atouts sur lequel la LFP compte pour faire grimper le prix des droits TV. (Crédits : Benoit Tessier)

La Ligue de football professionnel (LFP) a sonné le début des hostilités. Ce mercredi, elle a sifflé le coup d'envoi de l'appel d'offres pour les droits de diffusion de la Ligue 1, le championnat de France de football, pour la période 2020-2024. Évidemment, l'institution espère que les cadors des médias casseront la tirelire, et ainsi, décrocher un chèque bien supérieur aux 727 millions d'euros par an dépensés pour la période 2016-2020 par Canal+ et BeIN Sports. Pourrait-on, dans le contexte actuel, assister à une forte inflation des droits TV, et passer, comme le rêve la Ligue, la barre du milliard d'euros par an ?

Il est difficile, aujourd'hui, de tirer des plans sur la comète. Notamment parce que ces derniers mois, la donne a changé du côté des poids lourds des médias. Il y a trois ans, un nouvel acteur aux poches profondes a fait irruption sur le marché. Il s'agit de SFR, l'opérateur du milliardaire Patrick Drahi, qui a longtemps misé sur une stratégie de « convergence » entre les télécoms et les médias pour damer le pion à ses concurrents Orange, Bouygues Telecom ou Free. Pour ce faire, l'opérateur au carré rouge a largement misé sur le football pour étoffer son offre de contenus. Il y a près de trois ans, SFR a dépensé 300 millions d'euros (100 millions par an) pour s'offrir les droits de la Premier League anglaise pour la période 2016-2019. Une sacrée somme, sachant qu'auparavant, c'était Canal+ qui retransmettait le prestigieux championnat anglais pour 63 millions d'euros par an.

Les difficultés de SFR rebattent les cartes

Rebelote deux ans plus tard: en mai 2017, SFR rafle les droits de la Ligue des champions et de la Ligue Europa pour un montant - encore une fois faramineux - de 370 millions d'euros par an pour la période 2018-2021. À partir de ce moment-là, SFR s'est transformé aux yeux de tous en un concurrent des plus sérieux face aux grognards du secteur : BeIN Sports et Canal+, pour qui le football constitue depuis longtemps un de leurs principaux actifs. Du côté de la LFP, l'arrivée d'un troisième larron constituait, pensait-on, une opportunité en or pour récupérer beaucoup plus d'argent pour le prochain appel d'offres de la L1...

Mais tout a basculé en novembre dernier. Suite à la publication de mauvais résultats de SFR, le titre d'Altice, sa maison-mère, s'est effondré en Bourse. En difficulté, Patrick Drahi a fait le ménage dans l'équipe dirigeante de l'opérateur au carré rouge. Il a ensuite averti que, désormais, la priorité n'était plus aux acquisitions importantes dans les médias ou dans les télécoms. Mais qu'au contraire, il allait se mobiliser pour réduire sa dette et relancer commercialement de SFR. Voilà pourquoi beaucoup pensent que l'opérateur au carré rouge se tiendra à l'écart des droits de la L1.

Vers un duel entre BeIN et Canal+ ?

Alain Weill, le PDG d'Altice France et de SFR, a ainsi indiqué le mois dernier, dans une interview au Figaro, que son groupe « verrait le moment venu » s'il participerait - ou pas - à l'appel d'offres concernant le championnat de France. Mais il a précisé que si son lancement intervenait « trop tôt », son groupe « ne s'y intéresserait pas ». Pourquoi ? « Parce qu'on veut se concentrer sur la Ligue des champions », laquelle sera diffusée sur ses chaînes à partir de l'été prochain, a-t-il indiqué. Autrement dit : Altice souhaite visiblement s'assurer que la commercialisation de ces droits se déroule bien avant de ressortir le chéquier pour en acquérir de nouveaux. Interrogé sur quel serait « le bon moment » pour voir Altice participer à l'appel d'offres pour la L1, Alain Weill a estimé que « la fin de l'année » serait la période idéale, afin d'avoir « une bonne visibilité » sur ses activités de télévision payante. Si Alain Weill reste fidèle à ses dires, SFR devrait laisser Canal+ et BeIN Sports s'affronter seuls. Il n'est pas, toutefois, complètement à écarter que le PDG ait tenu ces propos pour endormir la concurrence.

Pour BeIN Sports et Canal+, en revanche, la L1 est vitale. Si Canal+, privé de Premier League et de Ligue des champions, passe à côté, il ne sera plus, en matière de sport, qu'un acteur de second rang. Idem pour BeIN Sports. Pour ce dernier, « ce sera la Ligue 1 ou la vente », jugeait Bruno Hareng, analyste chez Oddo, il y a tout juste un an. On devrait donc a minima assister à un affrontement entre ces deux groupes pour décrocher la timbale. Reste qu'il est difficile, dans ce contexte, de savoir combien les acteurs dépenseront. Pour rappel, le coût des droits TV de la L1 demeure inférieur à ceux des autres grands championnats européens. Aujourd'hui, les droits TV des championnats espagnol, italien, allemand et anglais s'élèvent à respectivement 883 millions, 945 millions, 1,16 milliard et 2,3 milliards d'euros par an.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 30/04/2018 à 8:38
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Pourquoi casser sa tirelire pour un championat d'un niveau tres faible.

à écrit le 26/04/2018 à 17:55
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BeIN combien d'abonnés ? C'est pas une boite subventionnée encore une fois ça ? Puis c'est insupportable qu'ils aient les droits de quelques matches, importants mais pas assez pour s'abonner, encore plus que canal, du coup cela fait que la champi...

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