Technicolor : un investisseur étranger et le FSI en sauveurs

L'ex-Thomson a suspendu la cotation de son titre et tient un conseil d'administration exceptionnel ce mercredi après-midi. Au programme : l'entrée au capital d'une « institution internationale ». Le gouvernement a demandé au FSI d'entrer au côté de cet investisseur au capital.
Manifestation début avril au siège d'Issy-les-Moulineaux de salariés inquiets de l'avenir du groupe. Copyright AFP.

Qui sera le sauveur de Technicolor, l'ex-Thomson, en proie à de profondes difficultés financières et malmené par des actionnaires activistes ? Le Qatar, un fonds souverain chinois ? Un investisseur, « une institution internationale » plus précisément, veut s'inviter au capital du groupe de technologies de traitement de l'image et du son. Technicolor lui-même a annoncé mercredi matin dans un communiqué qu'un conseil d'administration se réunirait dans l'après-midi pour examiner cette proposition de prise de « participation minoritaire ». La cotation de l'action Technicolor est suspendue à la demande de la société depuis mercredi matin : le cours avait flambé de 13% lundi à 1,59 euro (en repli de 69% sur un an). A ce cours, l'entreprise capitalise 357 millions d'euros.

Une démarche a priori amicale
La démarche est semble-t-il amicale, puisque le communiqué précise que cette prise de participation vise à « soutenir la stratégie du groupe et son plan Amplify 2015 » présenté par le directeur général, Frederic Rose. Un communiqué sera publié à l'issue de la réunion du conseil. Hypothèse la plus probable : l'investisseur mystère souscrira à une augmentation de capital réservée, voire procédera à au rachat d'actions détenues par le groupe. En effet, l'arrivée d'un nouvel investisseur qui aurait simplement acquis des titres sur le marché n'aurait pas nécessité la tenue d'un conseil d'administration. Technicolor est aux prises avec plusieurs fonds activistes, détenant d'importantes participations comme Apollo Management (8,58%), Third Point (4,84%) et le Canadien West Face Capital (5,09%). En particulier, Third Point réclame une scission du groupe, la vente de ses très lucratifs brevets (MPEG2, MP3, MPEG 4), qui ont rapporté en licences 456 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011 (13% du total) et près de 350 millions de résultat (Ebitda). « Qu'il lance une OPA !» répondait encore il y a peu l'entourage de la direction. L'arrivée du nouvel investisseur pourrait aussi peut-être offrir une porte de sortie honorable à ces actionnaires remuants.

Eric Besson annonce une entrée du FSI au capital en soutien

Hasard du calendrier, ce mercredi après-midi le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a reçu une délégation de l'intersyndicale du groupe (CFDT, CFE-CGC, CGT, SUD, UNSA). Au programme bien sûr : le projet de cession de la dernière usine française de Technicolor, à Angers, qui emploie 350 salariés, le plan social dans la R&D à Rennes et au siège d'Issy-les-Moulineaux, et plus généralement la question de la désindustrialisation de la filière télécoms en France, enfin le problème de la lourde dette du groupe. Technicolor, qui emploie au total 17.000 salariés dans le monde, dont environ 1.900 en France (à fin décembre 2011), a déjà frôlé la faillite en 2009 et croule sous un endettement de plus de 1,1 milliard d'euros (en valeur nominale à fin 2011) : or le groupe prévoit de dégager 475 à 500 millions d'euros de résultat brut opérationnel cette année. Or le ministre a annoncé que le gouvernement avait demandé au Fonds stratégique d'investissement, le FSI, d'entrer au côté de ce nouvel investisseur au capital de Technicolor.
 

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Commentaire 1
à écrit le 03/05/2012 à 7:00
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Et voila, on donne des instructions politiques au FSI charge au depart de soutenir les industries de demain. Un Credit Lyonnais bis. Pauvre France.

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