Lucibel, la LED au bout du tunnel

Repositionné sur « le luxe, l’art et le beau », le précurseur français de la technologie LED devrait connaître son premier exercice rentable, cette année.
Lancé cette semaine, ce dispositif cosmétique exploite les vertus de la photobiomodulation. Doté de 10 sources lumineuses, il promet d'apporter fermeté à la peau et brillance aux cheveux.
Lancé cette semaine, ce dispositif cosmétique exploite les vertus de la photobiomodulation. Doté de 10 sources lumineuses, il promet d'apporter fermeté à la peau et brillance aux cheveux. (Crédits : Lucibel)

Il a cru avant tout le monde aux promesses de la LED et n'a jamais dévié depuis. Quinze ans après avoir créé Lucibel et neuf ans après l'avoir l'introduit en bourse, l'ancien numéro 2 de Poweo, Frédéric Granotier, peut enfin espérer tirer profit de sa constance. Pour la première fois cette année, son groupe pionnier de la diode électroluminescente devrait être rentable. L'intéressé en attribue le mérite à son recentrage sur « les mondes connexes du luxe, de l'art et du beau ». Entamé fin 2022, ce virage stratégique vers des segments à forte valeur ajoutée commence manifestement à porter ses fruits.

En témoigne, l'augmentation nette de sa marge brute portée à près de 70% au premier semestre : une hausse de plus de dix points comparée à la même période de l'année précédente. « Elle démontre que nous avons fait le bon choix en misant sur deux verticales d'excellence complémentaires, la lumière cosmétique et la lumière scénographique, qui favorisent la multiplication des opportunités commerciales », se félicite le maître de maison, que La Tribune a rencontré dans les bureaux de son siège. Comme l'usine, ceux-ci sont installés dans la banlieue de Rouen depuis que la société -labellisée Origine France Garantie- y a rapatrié la fabrication de ses produits sous-traités en Chine où, affirme la société, elle se faisait piller ses concepts sans vergogne.

« A l'aube d'une révolution »

Si Frédéric Granotier peut se montrer optimiste, c'est notamment en raison de la croissance exceptionnelle du chiffre d'affaires (+237%) de sa filiale Lucibel.le spécialisée dans la cosmétique par la lumière.

Sa botte secrète ? Une maîtrise experte de la photobiomodulation. Encore peu connu du grand public, le procédé consiste à diffuser sur le visage ou le corps une « lumière froide » via des ondes de longueur variable qui pénètrent plus ou moins profondément pour régénérer les cellules. Utilisé en médecine pour la cicatrisation, il va faire un malheur dans la cosmétique, à écouter Frédéric Granotier. « On est à l'aube d'une révolution, assure-t-il. Et nous avons une longueur d'avance grâce à notre antériorité dans la technologie LED ».

De fait, les choses semblent bouger. Jusqu'ici, les multinationales de la beauté se montraient peu pressées de renvoyer aux oubliettes leurs sérums de jouvence (et avec eux leur modèle d'affaire). Mais les lignes bougent, en démontre le deal semi-exclusif que Lucibel.le a conclu avec Dior autour du masque lumineux OVE. La marque du groupe LVMH a passé une première commande de 800.000 euros pour en équiper tous ses spas. Le cador français du luxe poussera-t-il plus loin le partenariat ? Difficile de le dire à ce stade. En attendant, le Normand étoffe sa gamme. Il vient de mettre sur le marché une version « mini » et moins coûteuse du OVE sur laquelle il compte pour s'assurer des revenus récurrents. De la taille d'un smartphone, le dispositif doté de 10 sources lumineuses promet d'apporter fermeté à la peau et brillance aux cheveux. « Les résultats sont visibles après une séance », jurent ses concepteurs.

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Des musées aux boutiques de luxe

Sur le versant plus classique de l'éclairage, l'activité de Lucibel est également en croissance. À la manœuvre, sa filiale Procédés Hallier spécialisée dans la « lumière scénographique ». Là encore, c'est le haut de gamme qui est visé. L'entreprise, qui équipe quelques-uns des plus grands musées du monde (du Louvre, en passant par le centre Pompidou et le Grand Palais) a décroché récemment une commande de 700 luminaires pour la biennale des antiquaires de Djeddah (Arabie Saoudite). « Nos solutions sont appréciées parce qu'elles n'abîment pas les œuvres, ne déforment pas les couleurs et restent stables dans la durée », vante Frédéric Granotier. Lequel table, aujourd'hui, sur ces références en or massif pour adresser le marché plus large des boutiques du luxe et l'hôtellerie de prestige.

Le LIFI bouge encore

En 2016, Lucibel lançait le premier luminaire LIFI au monde dans l'espoir d'un décollage rapide de cette technologie de connexion à l'Internet par la lumière. Huit ans plus tard, force est de constater que le marché plafonne, malgré les préoccupations croissantes du grand public sur la prolifération des ondes radio. Leader dans cette spécialité, le groupe ne compte qu'une centaine de clients à travers le monde (pour un chiffre d'affaires moyen de 200.000 euros par an). Et encore s'agit-il la plupart du temps de « projets pilotes », comme l'admet son patron.

La publication cet été d'une norme internationale pourrait toutefois changer la donne. « La standardisation a demandé cinq ans. Maintenant qu'elle est officialisée, elle va inciter les fabricants d'ordinateurs et de smartphones à l'intégrer de façon native », prédit Frédéric Granotier. Le lancement par Hewlett Packard d'un premier ordinateur compatible semble lui donner raison. Restera ensuite à convaincre les utilisateurs de se convertir à leur tour au LIFI... ce qui risque de prendre un peu de temps.  Sauf à ce que de nouvelles études démontrent la nocivité des ondes radio.

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Commentaires 2
à écrit le 23/11/2023 à 21:50
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Bonjour,un Les LEDs sont partout maintenant. Dans les tout premiers débuts de l'électronique à semi conducteurs un de mes profs d'électronique délégué du CEA a été le premier a remarquer au Microscope d'étranges lumières de certains semi condicteu...

à écrit le 23/11/2023 à 11:06
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"via des ondes électromagnétiques de longueur variable" longueur d'onde peut-être ('couleur lumineuse') Ça risque d'en refroidir certains de lire "ondes électromagnétiques" mélangeant les grandes ondes de la radiodiffusion aux rayons X en passant pa...

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