Transports publics : Transdev rempile au Havre mais devrait être concurrencé à Rouen

Aucun adversaire ne s’est dressé sur son chemin. Transdev vient d’être reconduit pour six ans aux manettes du réseau de bus et tramway de la communauté urbaine du Havre. Dans la métropole de Rouen en revanche, le poids-lourd tricolore du transport public pourrait avoir à défendre son pré carré.
Entré en service fin 2012, le tramway assure près de la moitié des voyages comptabilisés par Transdev sur le réseau havrais.
Entré en service fin 2012, le tramway assure près de la moitié des voyages comptabilisés par Transdev sur le réseau havrais. (Crédits : Le Havre Seine Métropole)

C'est décidé, le volant ne changera pas de mains. Les élus de la communauté urbaine du Havre viennent de renouveler leur confiance à Transdev pour l'exploitation du réseau de transport LIA pendant les six prochaines années (2024-2029). La nouvelle ne constitue pas à proprement parler une surprise. Comme lors des trois précédents appels d'offre, aucun compétiteur ne s'est risqué à venir chatouiller les mollets du groupe.

Le doublement annoncé de la longueur du réseau de tramway aurait pourtant dû aiguiser les appétits de ses challengers, comme c'est souvent le cas. Mais la liaison sans nuages entre l'opérateur et les équipes d'Edouard Philippe semble avoir découragé toute tentative de le déboulonner. « Répondre à un appel d'offres de cette envergure coûte très cher et mobilise beaucoup de forces vives, décrypte un fin connaisseur des transports urbains. Les concurrents ne s'alignent au départ que s'ils entrevoient ne serait-ce qu'une petite chance de l'emporter ce qui n'était pas le cas au Havre ».

Continuité dans le changement

Il est vrai que la performance du service plaidait en faveur du maintien de Transdev. Malgré un trou d'air pendant la crise Covid, tramway et bus havrais ont vu leur fréquentation augmenter régulièrement au cours des dernières années (de 30% entre 2012 et 2022). « Ce réseau fait aujourd'hui référence », se plait-on à rappeler à la communauté urbaine. Les élus n'en ont pas moins exigé un sérieux coup d'accélérateur de la part de l'exploitant, appelé à déployer « un écosystème multimodal ».

Outre l'extension du tramway attendue en 2027, il lui est demandé de mettre en place « 8 lignes Chrono Bus rapides, fréquentes et directes » et 9 lignes supplémentaires pour assurer une connexion plus optimale avec les 54 localités de l'agglomération. A quoi il faut ajouter la montée en puissance du parc de vélos en location. Le plan de développement sera présenté dans le détail dans quelques mois mais on en connaît déjà l'objectif. Il s'agira de réaliser « 27 millions de voyages annuels » à la fin de la délégation de service public, soit une augmentation de 12% de la fréquentation, versus l'an dernier. Quant au coût de la dite délégation pour la collectivité, il devrait s'élever à un peu moins de 75 millions d'euros en moyenne annuelle.

Vers une partie plus serrée à Rouen

Si Transdev était seul en piste au Havre, il n'en ira sans doute pas de même chez sa voisine. La Métropole rouennaise se prépare, en effet, à remettre en jeu le contrat d'exploitation de son réseau Astuce, concédé depuis 1991 au groupe présidé par Thierry Mallet. Le marché recouvrira non seulement les bus et le tramway mais aussi une navette fluviale et la gestion du parc de vélos en location.

Les élus devraient décider en février prochain de transformer la concession en vigueur en une délégation de service public d'une durée de neuf ans. Auquel cas, la procédure d'appel d'offres débutera dans la foulée.  L'enjeu est important pour Transdev qui a toujours considéré Rouen comme une vitrine de son savoir-faire. Mais ici le poids-lourd français du transport public devrait se trouver face à des compétiteurs, à écouter notre spécialiste. « C'est l'un des plus importants réseaux de province. Et comme il n'y a pas eu d'appel d'offre depuis trente ans, il est hautement probable que d'autres opérateurs le convoitent », explique t-il.

Selon nos informations, RATP Dev s'intéresserait de près à ce marché de belle taille. Très présente aux portes de la Normandie, la filiale de la régie parisienne avait tenté sa chance à Caen en 2018 sans succès. Cette fois, elle pourrait se mettre sur les rangs à Rouen face à l'exploitant historique. Gageons que Keolis, avec qui la Métropole a signé l'an dernier un marché pour l'exploitation de son service de transport à la demande, s'alignera aussi sur la ligne de départ. Le bastion de Transdev est-il pour autant menacé ? Pas si sûr pour cet ancien cadre du groupe. « Le réseau s'est énormément développé et les relations avec la métropole se sont apaisées depuis quelques années après une période de turbulences. Aujourd'hui, aucun contentieux sérieux ne semble les perturber », observe t-il. Rendez-vous dans quelques mois pour vérifier la justesse de l'analyse.

A Caen, stop ou encore pour Keolis ?

La troisième grande agglomération de Normandie s'apprête, elle aussi, à relancer un appel d'offres pour l'exploitation de son réseau de transport : Twisto de son nom. Prolongé de douze mois l'an dernier dans l'attente d'études sur l'extension du tramway, le contrat de délégation accordé par la communauté urbaine de Caen à Keolis court jusqu'en décembre 2024.

Exploitante du réseau depuis plus de vingt ans, la filiale de la SNCF sait qu'elle sera challengée. « Ce réseau attire les convoitises. Il y a une compétition ouverte avec la volonté (de Caen-la-mer ndlr) de susciter la concurrence », confiait il y a peu Dominique Rocha, le nouveau directeur de Keolis Caen à nos confrères de l'hebdomadaire Bonhomme Libre. Doté d'une solide expérience dans la négociation, l'intéressé n'a pas été nommé là par hasard.

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