Semi-conducteurs : à Davos, les Etats-Unis se défendent de faire « un blocus technologique » contre la Chine

A l'occasion du Forum économique de Davos, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan a affirmé, mardi, que les Etats-Unis ne cherchent pas à faire de « blocus technologique » contre la Chine. Il répond ainsi au Premier ministre chinois Li Qiang qui avait dénoncé les barrières commerciales mises en place par Washington, qui concernent notamment les puces électroniques.
« Ces mesures taillées sur mesure ne sont pas un blocus technologique », s'est défendu Jake Sullivan.
« Ces mesures taillées sur mesure ne sont pas un blocus technologique », s'est défendu Jake Sullivan. (Crédits : KEVIN LAMARQUE)

Le Forum économique de Davos est l'occasion pour les Etats-Unis et la Chine de s'expliquer sur leurs différends commerciaux. Et ces derniers n'ont pas attendu longtemps. Mardi, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan a affirmé que les mesures de restrictions commerciales des Etats-Unis n'avaient pas pour objectif de constituer un blocus contre la Chine.

« Pour être très clair, ces mesures taillées sur mesure ne sont pas un blocus technologique. Elles ne cherchent pas à restreindre les échanges plus larges ou les investissements, et ne le font pas », a-t-il déclaré mardi à Davos.

Jake Sullivan a répondu au Premier ministre chinois Li Qiang qui avait dénoncé, dans la même journée, les « nouvelles mesures discriminatoires pour le commerce et l'investissement » alors que « tous les obstacles ou disruptions peuvent ralentir ou bloquer des flux vitaux pour l'économie mondiale ». Si le représentant de Pékin n'a pas officiellement mentionné les Etats-Unis, le commerce est ces dernières années un sujet de contentieux entre Pékin d'un côté et les États-Unis et l'Union européenne de l'autre.

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Des restrictions justifiées par un intérêt de sécurité nationale

Pour rappel, les Etats-Unis ont limité l'exportation de certaines puces très avancées (les cerveaux de nos appareils électroniques), et d'équipements de pointe de fabrication de ces composantes, visant à empêcher Pékin d'acquérir des semi-conducteurs susceptibles d'être utilisés dans des armes et les hautes technologies.

La dernière restriction en date n'est autre que celle du gouvernement néerlandais qui a révoqué une licence de son géant ASML d'expédition vers Pékin de ses machines de photolithographie permettant de produire des puces de pointe. Entrée en vigueur le 1er janvier, cette décision a cependant été prise il y a plusieurs mois dans un contexte d'alliance entre les Pays-Bas, les Etats-Unis et le Japon. Ces restrictions « ont de vastes exceptions pour des puces commerciales », s'est néanmoins défendu Jake Sullivan.

Et pour ce dernier, les restrictions de Washington ont avant tout un intérêt de sécurité nationale. « Nos concurrents stratégiques ne doivent pas être en mesure d'exploiter les technologies américaines pour porter atteinte à notre sécurité nationale ou à celle de nos alliés et partenaires », a-t-il ajouté. Il a évoqué notamment des puces « cruciales » pour certaines applications militaires, comme des « missiles hypersoniques ».

Représailles de Pékin

Reste que ces restrictions ne plaisent pas du tout à Pékin qui a mis en place des restrictions contre les Etats-Unis et l'Europe. Le 12 janvier, les autorités chinoises ont lancé une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin, comme le cognac, importées de l'Union européenne (UE). Une telle enquête pourrait avoir des conséquences sur les producteurs européens exportateurs. En 2022, la Chine a importé plus d'eau-de-vie de vin que tout autre spiritueux, indique un rapport du cabinet Daxue Consulting, et la plupart des importations venaient de France. Parmi ces eaux-de-vie de vin produites dans l'UE figurent notamment le cognac et l'armagnac, tous les deux produits sur le sol français. De quoi dégrader encore davantage les relations avec le bloc occidental.

L'IA au cœur des discussions de Davos

L'intelligence artificielle est un autre point de discussion entre la Chine et les Etats-Unis. « L'IA doit être dirigée dans une direction qui bénéficie au progrès de l'Humanité et il doit donc y avoir des lignes rouges qui ne doivent pas être franchies et que tout le monde doit respecter », a déclaré ce mardi Li Qiang. « L'IA doit être inclusive et bénéfique pour tous, et pas uniquement pour un petit groupe de personnes », a-t-il alors fait valoir, assurant que la Chine « souhaite développer la communication et la coopération avec toutes les parties pour améliorer les mécanismes de gouvernance de l'IA ». Avant d'ajouter : « Les intérêts des pays en développement doivent être priorisés pour réduire la fracture technologique avec les pays développés ».

Son discours s'adresse ainsi officieusement aux géants américains comme OpenIA, Google et Microsoft, en avance sur cette technologie. Et pour cause, si les géants chinois Alibaba et Baidu ont annoncé avoir développé leurs propres concurrents nationaux du robot conversationnel de l'américain OpenAI, jusqu'ici, ces derniers n'ont pas fait beaucoup de bruit.

(Avec AFP)

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Commentaires 7
à écrit le 18/01/2024 à 15:25
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Je me méfie des paroles de tous les politiciens. Aujourd'hui, ils assurent une chose et demain le contraire. Les États-Unis et la Chine sont en compétition pour la domination mondiale. Tous deux feront tout pour améliorer leur position. Les États-Uni...

à écrit le 18/01/2024 à 8:15
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Moi ce qui m'étonne c'est surtout de prendre Davos comme un endroit sérieux pour discuter de sujets sensibles. Enfin bon ils mangent tous à la même gamelle hein... Allez à la niche ! ^^

à écrit le 18/01/2024 à 6:12
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Et il imagine que les chinois vont gober son mensonge niveau maternelle ?? Les USA, plus aucun crédit...

à écrit le 17/01/2024 à 16:10
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Ils le font et c'est très bien. La dictature stalino communiste chinoise n'a pas besoin de technologies de pointe puisque son seul objectif est de nous asservir.

le 18/01/2024 à 10:49
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Et réciproquement !

à écrit le 17/01/2024 à 14:34
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Je ne ferais pas confiance aux politiciens. Vous dites cela aujourd'hui et le contraire demain. Le fait est que les États-Unis et la Chine sont des concurrents amers pour la domination mondiale. Et chacun d'eux fera ce qui renforce son influence mond...

à écrit le 17/01/2024 à 14:22
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L'ambivalence à l'américaine.

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