Semi-conducteurs : le fabricant européen ASML interdit de vendre certaines machines indispensables à la Chine

Le géant néerlandais des semi-conducteurs ASML a déclaré lundi qu'il ne pourra plus vendre à la Chine ses machines permettant de produire des puces de pointe. Une décision issue du gouvernement néerlandais , celui-ci ayant révoqué la licence d'expédition du groupe, sous la pression des Etats-Unis.
ASML affirme que ces nouvelles restrictions à l'exportation ne devraient pas avoir d'« impact matériel » sur ses perspectives financières.
ASML affirme que ces nouvelles restrictions à l'exportation ne devraient pas avoir d'« impact matériel » sur ses perspectives financières. (Crédits : DADO RUVIC)

Le Vieux continent met encore un peu plus la pression sur la Chine. Lundi, le fabricant néerlandais de machines permettant de produire des semi-conducteurs, ASML, a annoncé qu'il n'enverrait plus certaines de ses machines en Chine. Utilisées dans de nombreux produits, des armes aux voitures en passant par les réfrigérateurs, les puces électroniques, véritables cerveaux de nos appareils électroniques, alimentent l'économie mondiale moderne.

Selon un communiqué de l'entreprise, le gouvernement néerlandais a récemment révoqué une licence pour l'expédition de ses machines photolithographie - permettant de réaliser des gravures très fines, « ce qui aurait un impact sur un petit nombre de clients en Chine » d'ASML.

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Pour rappel, les machines par rayonnement ultraviolet extrême produites par le groupe néerlandais sont indispensables pour fabriquer les puces les plus avancées (gravées en moins de 7 nm) et l'Européen est le seul à maîtriser leur conception.

La Chine, un gros marché pour ASML

Du côté du fabricant européen, ces restrictions à l'exportation ne devraient pas avoir d'« impact matériel » sur ses perspectives financières, a assuré ASML qui rappelle que la Chine achète surtout des technologies plus anciennes, qui ne tombent pas sous le couperet de la loi américaine.

Reste que la Chine continentale est le troisième marché d'ASML après Taiwan et la Corée du Sud. Et même le premier au troisième trimestre, avec 46% du chiffre d'affaires. Les exportations néerlandaises vers la Chine n'en finissent d'ailleurs plus de grimper. En octobre, elles ont encore augmenté de 29,5%, selon des chiffres officiels cités par le South China Morning Post.

Ce poids de l'ex-Empire du milieu sur le géant néerlandais explique donc la sanction du titre par les investisseurs ce mardi. Les actions de la société ont chuté de 1,26% vers 11h20 à la Bourse d'Amsterdam, alors que l'indice néerlandais AEX était en hausse.

Une décision émanant du gouvernement

Ce nouveau tour de vis contre la Chine apparaît surtout comme une décision politique. Les Pays-Bas se sont, en effet, récemment joints aux Etats-Unis et au Japon pour imposer des limites à l'exportation concernant les équipements de pointe de fabrication de puces. Objectif affiché, empêcher Pékin d'acquérir les puces les plus avancées, susceptibles d'être utilisées dans des armes et les hautes technologies.

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En octobre, Washington a annoncé des restrictions supplémentaires sur les exportations de puces d'IA de pointe vers la Chine, suscitant la fureur de Pékin. Citant des sources anonymes, l'agence de presse financière Bloomberg a rapporté que des responsables américains avaient contacté le gouvernement néerlandais et ASML à la fin de l'année dernière pour tenter de bloquer des expéditions.

La menace de contre-mesures de Pékin

En réponse, à Pékin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a fustigé ce mardi ce qu'il a qualifié de « comportement d'intimidation » de Washington.

Une telle action « viole gravement les règles du commerce international, porte gravement atteinte à la configuration de l'industrie mondiale des semi-conducteurs et à de graves conséquences sur la sécurité et la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement internationales », a-t-il ajouté.

Ce contexte de tensions commerciales pourrait tout aussi nuire à l'Europe et aux Etats-Unis. Wang Wenbin a averti que les États-Unis « subiraient inévitablement les conséquences de leurs propres actions ». Après avoir déjà conditionné l'exportation de deux métaux stratégiques (gallium et germanium), à l'aval du gouvernement central cet été, la Chine a annoncé fin décembre qu'elle allait stopper l'exportation d'une série de technologies liées à l'extraction des terres rares.

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Pour rappel, les terres rares sont un ensemble de 17 éléments indispensables pour le développement de nombreuses technologies (batteries électriques, puces, smartphones, écrans LCD, Internet, éoliennes, et équipements militaires...). Contrairement à ce que laisse entendre leur dénomination, cet ensemble de 17 métaux essentiels aux technologies de pointe est relativement abondant.

Mais leurs propriétés électromagnétiques particulièrement recherchées en font des « métaux stratégiques » décisifs... notamment pour l'Europe. Or, en 2022, la Chine a extrait 58% de la production mondiale et raffiné 89% de terres rares. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIEA), les besoins en technologies bas-carbone, notamment pour les moteurs de véhicules électriques ou les éoliennes en mer, pourraient multiplier par sept la demande mondiale, d'ici 2040, soit près de 2 millions de tonnes par an, contre 280.000 tonnes en 2022.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 03/01/2024 à 20:59
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Bonjour, Il n'y a pas nécessité de disposer de puces en dessous de 7 nanomètres , 10 suffisent dans tout les cas et même 30 si la commande est optimisée .chacun se souvient du conflit entre AMD et Intel. Il s'agissait de fabriquer des mini pc, I...

à écrit le 03/01/2024 à 9:42
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"licence d'exportation", et pas "licence d'expédition" : arrêtez de faire faire le boulot par des stagiaires qui coûtent pas cher.

à écrit le 02/01/2024 à 17:27
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ah ben comment vont faire les chinois pour copier tout ca, alors? mince, va y avoir de la retorsion sur les batteries et les metaux rares et lourds!!

à écrit le 02/01/2024 à 12:49
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La marche à la guerre continue. Comme lorsque les USA ont privé le Japon de l'accès au charbon et au pétrole : ils ont créé les conditions de déclenchement de Pearl Harbor

le 03/01/2024 à 0:22
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Vous omettez que les usa a l roque ont fait ça car le Japon avait envahie la Mandchourie des les années 30 , pille les ressources Chinoises et s’ était livré aux massacres de Nankin et aux bombardements de Shanghai.. les concessions occidentales av...

le 03/01/2024 à 0:22
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Vous omettez que les usa a l roque ont fait ça car le Japon avait envahie la Mandchourie des les années 30 , pille les ressources Chinoises et s’ était livré aux massacres de Nankin et aux bombardements de Shanghai.. les concessions occidentales av...

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