Montres, objets connectés, e-santé : Silmach, la PME qui veut révolutionner la micromécanique avec son micromoteur en silicium

Le micromoteur conçu par la deeptech Silmach se présente comme révolutionnaire pour nombre d'appareils électroniques. La PME française pionnière de la micromécanique sur silicium, basée à Besançon, a remporté un prix « Best of Innovation Award », dans la catégorie « Technologies embarquées » au CES de Las Vegas. Son micromoteur en silicium est non seulement le plus petit au monde mais il est aussi autonome. Explications.
Grâce à son micro-moteur silicium, Silmach a commercialisé une montre hybride (à aiguilles) connectée, conçue et assemblée à Besançon, en partenariat avec le groupe américain TIMEX, en novembre 2023. Son nom : TheTimeChanger.
Grâce à son micro-moteur silicium, Silmach a commercialisé une montre hybride (à aiguilles) connectée, conçue et assemblée à Besançon, en partenariat avec le groupe américain TIMEX, en novembre 2023. Son nom : TheTimeChanger. (Crédits : Silmach)

Il aura fallu près de vingt ans de recherche et développement pour que cette nouvelle technologie voit le jour et soit enfin commercialisable. Issue à la fois du marché américain des Micro Electro Mechanical Systems (MEMS), né dans la Silicon Valley, il y a plusieurs dizaines d'années, avec l'engouement pour la miniaturisation des fonctions électroniques, et du marché de l'horlogerie de haute précision à Besançon, le micromoteur de Silmach est une petite révolution dans le monde de l'électronique. Celui-ci mesure un millimètre d'épaisseur pour une superficie d'environ un cm 2. « Ce n'est pas tous les jours qu'une nouvelle capacité émerge dans le secteur de l'électronique », souligne Pierre-François Louvigné, co-directeur général de SilMach qui s'est lancée en 2003. « Les jurys du CES de Las Vegas ont bien compris l'ouverture que notre technologie de rupture pouvait offrir aux produits de demain », poursuit-il.

Une combinaison entre les MEMS de la Silicon Valley et le savoir-faire horloger bisontin

« Pour créer notre micromoteur, nous avons utilisé la même matière que les MEMS, le silicium, obtenu à partir du sable qui est transformé et raffiné jusqu'à obtenir une technologie très pure », confie Pierre-François Louvigné. Il s'agit du même silicium - sous forme de « wafer » - qui est utilisé pour la fabrication des semi-conducteurs, par exemple. « Notre particularité tient dans notre capacité à marier les deux technologies, MEMS et micromécanique horlogère, qui apportent l'une et l'autre des avantages techniques », poursuit-il. Par exemple, le micromoteur est deux fois plus petit que le plus petit des moteurs existant sur le marché. Ce dernier est également 25% plus économe en consommation d'électricité, permettant une préservation de l'autonomie des batteries. Dernier point important : le micromoteur est insensible aux champs magnétiques.

Relocaliser la production en France

Pour l'instant, la majorité des micromoteurs sont fabriqués en Asie. « Lorsqu'ils sont utilisés dans les montres connectées, il faut les visser à la main sur les cartes électroniques. Ce qui est inenvisageable dans les pays développés », souligne Pierre-François Louvigné.

L'avantage du micromoteur conçu par Silmach est qu'il est issu du monde de la microélectronique, c'est-à-dire qu'il a été conçu comme un composant microélectronique. « Nous sommes capables de fabriquer et d'assembler nos moteurs sur des cartes électroniques, que ce soit à Besançon, où partout en France et même en Europe », assure Pierre-François Louvigné.

Afin de prouver que la technologie est enfin prête - après vingt ans de R&D - la PME a commercialisé une montre hybride (à aiguilles) connectée, conçue et assemblée à Besançon, en partenariat avec le groupe américain TIMEX, en novembre 2023. Son nom : TheTimeChanger, première montre au monde alimentée par une « Silicium Machinery ».

Un wafer, disque assez fin de matériau semi-conducteur, comme le silicium. Ces microstructures sont une composante majeure dans la fabrication des circuits imprimés, des transistors, des semi-conducteurs de puissance ou des MEMS.

[Un wafer, disque assez fin de matériau semi-conducteur, comme le silicium. Ces microstructures sont une composante majeure dans la fabrication des circuits imprimés, des transistors, ou des MEMS.]

Une rupture technologique aux multiples applications

Le premier marché sur lequel se positionne Silmach est celui des objets connectés. Son secteur de prédilection est l'horlogerie, et plus précisément les montres hybrides (à aiguilles) connectées, puisqu'elle vise à remplacer le moteur Lavet, utilisé dans toutes les montres électroniques à aiguilles depuis les années 60.

Besançon est également connu pour son écosystème dans les dispositifs médicaux. Dans ce secteur, par exemple, le micromoteur de Silmach permettrait de miniaturiser des implants et d'offrir plus d'autonomie, comme une nouvelle génération de moteurs pour valves, d'une poignée de millimètres carrés. « Ces produits repensés pourraient ainsi contribuer à améliorer les conditions de vie des patients », précise Pierre-François Louvigné. De nouvelles perspectives pour la thérapie, notamment pour les stimulateurs cardiaques, la contraception, le traitement du glaucome, ou en neurologie.

D'autres pistes de développement de produits sont également en cours dans les secteurs de l'aéronautique, de la défense, du BTP, et des transports. « Notre micromoteur, considéré comme un composant électronique, donne la possibilité aux concepteurs et designers des produits électroniques de demain, d'intégrer une fonction micromécanique dans l'électronique », déclare Pierre-François Louvigné. « À eux d'inventer les futures applications ! », poursuit-il.

Pour la deeptech bisontine - outre cette haute récompense obtenue - le CES de Las Vegas est l'occasion de développer son réseau international. Les dirigeants de l'entreprise ont d'ores et déjà prévus des rendez-vous avec les GAFA, mais également les grands acteurs japonais et coréens des montres et des objets connectés.

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Commentaires 4
à écrit le 11/01/2024 à 18:33
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Et, ainsi, la "Dépendance" n'aura plus de coupure entre la naissance et la fin de vie ! ;-)

à écrit le 11/01/2024 à 17:38
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C'est bisontine et non pas byzantine et Besançon n'est pas Byzance,enfin pas encore.

le 12/01/2024 à 9:43
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Merci d'avoir signaler cette coquille. C'est désormais corrigé.

à écrit le 11/01/2024 à 16:25
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Médaille d'or en Silicium pour Silmach. La R&D et les premières lignes industrielles tests, un temps long nécessaire. La présentation de la libellule et ses power mens (Silmach, Timex, DGA), c'était lors du Salon aéro en 2017. Bravo ! Avec Soitec...

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