Semi-conducteurs  : Bruxelles légiférera début 2022 sous le signe de la préférence européenne

L'European Chips Act, la réponse de la Commission européenne à la pénurie de semi-conducteurs, verra le jour en 2022. Présenté par le commissaire Thierry Breton, il doit renforcer la souveraineté du Vieux Continent dans la production de puces électroniques face à la domination asiatique, et sera assorti d'un mécanisme de préférence européenne.
L'European Chips Act sera présenté début 2022 pour permettre à l'Europe de restaurer sa souveraineté face à la pénurie de semi-conducteurs.
L'European Chips Act sera présenté début 2022 pour permettre à l'Europe de restaurer sa souveraineté face à la pénurie de semi-conducteurs. (Crédits : DR)

Bruxelles se prépare à réagir face à la pénurie de semi-conducteurs, qui contrarie la reprise dans plusieurs secteurs depuis le début de l'année, en particulier dans le secteur automobile. Annoncé en septembre dernier par la Commission européenne, l'European Chips Act doit permettre à l'UE de retrouver une souveraineté technologique et industrielle en la matière après trente ans de désintérêt de la part des pays occidentaux. Bruxelles se prépare à réinvestir fortement dans le secteur, et imposera en contrepartie la mise en place d'un mécanisme de préférence européenne en cas de crise. Le projet de loi sera présenté début 2022.

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Soutien public fort pour le secteur

Avec l'European Chips Act, Thierry Breton entend reconstruire massivement des capacités de production sur le Vieux Continent et réduire sa dépendance à l'Asie. Dans une interview accordée à plusieurs médias européens et publiée le 27 novembre, il déclare : « Dans le cadre du "chips act" que je présenterai début 2022, l'Europe supportera les investissements, notamment de rupture, et plus largement l'ensemble du secteur en assouplissant les règles de concurrence relatives aux aides d'Etats. »

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en avait annoncé le principe mi-septembre. « Nous sommes dépendants des microprocesseurs les plus avancés fabriqués en Asie. Il ne s'agit donc pas seulement de notre compétitivité. L'enjeu est aussi notre souveraineté technologique », ainsi que la conquête de « nouveaux marchés pour des technologies européennes novatrices », avait-elle souligné.

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Doubler la production européenne

L'objectif de l'UE est de doubler les capacités de production de puces en Europe d'ici à 2030 pour parvenir à produire 20 % des semi-conducteurs dans le monde, selon la feuille de route de l'UE présentée en mars, alors que le marché mondial est estimé à 440 milliards d'euros.

Aujourd'hui, l'Europe et les Etats-Unis ne représentent plus à eux deux que 18 % de la production mondiale de semi-conducteurs, contre environ 60 % il y a 30 ans. La production étant désormais concentrée en Asie - 50 % de l'offre mondiale pour la seule île de Taïwan - il est difficile pour les unités de fabrication situées à l'autre bout du monde de répondre immédiatement à la demande forte occidentale actuelle, impulsée par la rapidité de la reprise économique mondiale qui s'ajoute à la demande structurelle de l'électronique grand public (smartphone, électroménagers).

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La préférence européenne en contrepartie

Ce soutien promis par Bruxelles et en particulier Thierry Breton tranche quelque peu avec la position affichée par le commissaire européen en septembre. Il avait estimé que, pour résoudre la pénurie des semi-conducteurs les fabricants devaient accroître leur production, et que cet accroissement était de leur responsabilité : « c'est leur travail de le faire, de combler les besoins de leurs clients. C'est leur responsabilité d'accroître la production. » Il avait alors parlé d'un effort de plusieurs mois pour endiguer la pénurie.

Thierry Breton n'entend pas pour autant signer un chèque en blanc. Toujours dans son entretien du 27 novembre, il a annoncé que : « En contrepartie de ce soutien public, nous instaurerons un mécanisme de préférence européenne en cas de crise ». Les détails de ce mécanisme n'ont pas été dévoilés pour le moment, mais il s'agit vraisemblablement de la possibilité pour l'Europe de limiter les exportations de semi-conducteurs en cas de pénurie pour privilégier l'approvisionnement des industries locales.

Le commissaire européen a ainsi fait le parallèle avec la politique américaine sur les vaccins contre la Covid-19 : « C'est, je le rappelle, ce que les Américains ont fait à propos des vaccins produits sur leur sol. Nous devons retenir la leçon. Les semi-conducteurs sont aussi un enjeu d'équilibre des pouvoirs. Ce n'est pas du protectionnisme mais de la souveraineté géopolitique. »

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Commentaires 12
à écrit le 29/11/2021 à 17:51
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des lois a la con ca sert a rien; l'europe est distancee depuis les annees 70, elle ne va pas revenir dedans comme ca; faut songer a devenir intelligent; personne n'achetera un processeur europeen compatible avec rien ( un peu comme la france a fabri...

à écrit le 29/11/2021 à 15:24
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Je me souviens du temps ou il y avait des usines de semi-conducteurs dans toute la France, à Grenoble, à Rennes, à Rousset-Aix, à Nantes, à Nice, à Toulouse, dans les Hauts-de-Seine,... c'était au siècle passé !!!!!

à écrit le 29/11/2021 à 9:47
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J'attends que l'UE grave dans le marbre les préférences nationale puis européenne et quelle défende ses frontières les armes à la main.

à écrit le 29/11/2021 à 9:02
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d un point de vue stratégique il est temps...qu on fait chirac sarko hollande et consorts sur ce sujet ..rien trop feodés aux interêts économiques ...bref comme taiwan représente 50% de la production et que la chine va surement l' envahir d ici 2-3 a...

à écrit le 29/11/2021 à 8:59
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d un point de vue stratégique il est temps...qu on fait chirac sarko hollande et consorts sur ce sujet ..rien trop feodés aux interêts économiques ...bref copme taiwan représente 50% de la production et que la chine va surement l' envahir dici 2-3 an...

à écrit le 28/11/2021 à 22:10
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En fait Breton, il ne sait pas trop de quoi il parle, il a juste placé, deux jours après son départ Philipe au conseil d'Atos.

à écrit le 28/11/2021 à 19:11
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Il faudrait commencer par déplacer Taïwan en Europe.

à écrit le 28/11/2021 à 16:15
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Et comment on va faire pour avoir des usines qui gravent en 7nm ou mieux en Europe ? Ca ne parait pas très bien parti si on écoute ST ou les autres industriels européens... On n'a pas vu l'annonce d'une grande usine (wafer 300mm).

à écrit le 28/11/2021 à 13:10
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A ne pas confondre avec les conducteurs de semi ! (remorques) Pour lesquels il y a aussi pénurie, hi hi hi

à écrit le 28/11/2021 à 13:10
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A ne pas confondre avec les conducteurs de semi ! (remorques) Pour lesquels il y a aussi pénurie, hi hi hi

à écrit le 28/11/2021 à 12:39
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" préférence " Il aura fallu attendre 40 ans que ce gros mot européen soit prononcé ! Les citoyens français prononcent depuis 40 ans " incompétence politique" ou " bisounours politique " au choix .

à écrit le 28/11/2021 à 12:23
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Un "mécanisme de défense européenne" ?! LOL ! Le dogme européiste néolibéral est tel que cela les écorcherait de parler tout simplement de mesure "protectionnisme", terme qui existe depuis très longtemps mais banni par les prêcheurs européistes alors...

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