Etats-Unis : les villes s'attaquent à la régulation de la reconnaissance faciale

New-York examine actuellement trois projets de loi pour limiter l'usage de la reconnaissance faciale par les entreprises et les propriétaires. Depuis mai, trois villes américaines ont déjà interdit l'utilisation dans l'espace public de cette technologie controversée. Un mouvement qui illustre les nombreuses craintes et potentielles dérives de la reconnaissance faciale.
Anaïs Cherif
(Crédits : Reuters)

Aux Etats-Unis, la reconnaissance faciale s'attire les foudres des grandes villes. Dernier exemple en date : New-York. La ville examine actuellement trois projets de lois visant à limiter l'usage de la reconnaissance faciale par les entreprises et les propriétaires, rapporte le Wall Street Journal. Les textes, qui doivent être soumis au vote d'ici la fin de l'année, prévoient que les entreprises soient tenues d'afficher des panneaux à l'entrée des bâtiments pour alerter leurs clients de l'utilisation de cette technologie.

Les propriétaires d'immeubles quant à eux seraient tenus de s'inscrire auprès de la ville, ce qui permettrait de conserver une base de données publiques sur le site Web de la ville. Enfin, les propriétaires qui installent des systèmes d'entrée électronique devraient également donner des clés physiques aux locataires.

En cours de déploiement, cette technologie est utilisée depuis longtemps par les forces de l'ordre pour scanner massivement des banques d'images lors de recherches de suspects. Elle fait également son apparition aux guichets des aéroports, aux entrées des salles de concerts et festivals, ou encore dans certaines chaînes de magasins qui cherchent à estimer l'âge des clients, déterminer leur sexe et analyser leurs expressions face aux produits pour proposer des publicités et promotions ciblées.

Une technologie controversée qui attise les craintes

Autant d'usages qui soulèvent de nombreuses craintes auprès des défenseurs des droits civiques et de la protection des données : atteinte à la vie privée et soupçon de surveillance généralisée, utilisation détournée des données biométriques... Ce n'est pas tout. De nombreuses études américaines, dont une publiée par le MIT et l'Université de Stanford en 2018, ont démontré les biais de cette technologie, dont certains systèmes peinent à identifier correctement les femmes et les personnes issues de minorités.

Les lois examinées par New-York illustrent un mouvement de fond naissant aux Etats-Unis, qui vise à limiter voire interdire dans l'espace public cette technologie controversée. En mai dernier, San Francisco est devenue la première ville américaine a interdire son usage par la police et les services de la municipalité.

"La propension de la technologie de reconnaissance faciale à mettre en danger les libertés civiles surpasse substantiellement ses bénéfices supposés, indique le texte adopté. La technologie va exacerber les injustices raciales et menacer notre capacité à vivre libres de la surveillance permanente du gouvernement."

Cette interdiction a été imitée depuis par Oakland et Somerville. D'autres grandes villes américaines, comme Portland, planchent également sur des ordonnances similaires. Au niveau fédéral, plusieurs membres du Congrès appellent à une régulation.

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 08/10/2019 à 19:27
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"La propension de la technologie de reconnaissance faciale à mettre en danger les libertés civiles surpasse substantiellement ses bénéfices supposés, indique le texte adopté. La technologie va exacerber les injustices raciales et menacer notre capaci...

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