Fréquences 5G : le régulateur veut éviter une flambée des prix

L’Arcep, le régulateur des télécoms, a lancé en fin de semaine dernière une consultation publique pour décider des modalités d’attribution des fréquences 5G. L’institution dirigée par Sébastien Soriano cherche notamment à éviter que ces ressources stratégiques ne fassent l’objet d’enchères aussi élevées qu’en Italie, au risque de plomber, à terme, les opérateurs.
Pierre Manière
Sébastien Soriano, le président de l'Arcep.
Sébastien Soriano, le président de l'Arcep. (Crédits : Reuters)

C'est parti. Vendredi dernier, l'Arcep, le régulateur des télécoms, a donné le coup d'envoi d'une consultation publique concernant l'attribution des prochaines fréquences 5G. Dans les semaines à venir, les opérateurs télécoms, mais aussi tous les acteurs concernés de près ou de loin par cette nouvelle génération de communication mobile, sont invités à répondre à un long questionnaire. Leurs réponses permettront, au final, à l'Arcep de proposer au gouvernement différentes solutions pour attribuer ces fréquences. Lesquelles constituent des ressources vitales pour les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, dont les premiers déploiements commerciaux de la 5G sont attendus en 2020.

Surtout, l'Arcep, qui souhaite que l'appel d'offres pour ces fréquences intervienne à la mi-2019 - comme Sébastien Soriano, son président, l'a indiqué à La Tribune le mois dernier - veut éviter un « scénario à l'italienne ». Récemment, les enchères pour les fréquences 5G ont atteint des sommets de l'autre côté des Alpes. Les opérateurs ont déboursé plus 6,5 milliards d'euros. Un montant astronomique, qui a laissé pantois analystes et observateurs. A leurs yeux, cette flambée des prix pourrait déboucher sur un « bain de sang » dans l'industrie du mobile. Etant donné que celle-ci devra, d'une manière ou d'une autre, se débrouiller pour rentabiliser cette énorme dépense.

Une « martingale » à trouver

Selon Reuters, Sébastien Soriano cherche « la parade », écrit l'agence économique, pour ne pas se retrouver en France dans une situation similaire, tout en se montrant prudent.

« Je ne peux pas encore vous dire que pour moi, l'Italie est un contre-exemple tant que je n'ai pas complètement trouvé la martingale pour qu'on fasse les mêmes choses, affirme-t-il à Reuters. Il y a une loi d'airain qui est celle de la rareté. Plus il y a d'acteurs qui veulent une ressource limitée, et plus cela crée une attribution qui est compétitive. »

Il renchérit :

« Il y a une équation encore à résoudre. Pour éviter que la compétitivité de l'attribution ne se transforme en prix élevés, il faut être inventif. »

Un temps évoquée, la possibilité d'un nouveau « New Deal », où l'Etat céderait des fréquences en échange d'importantes obligations de couverture semble écartée. Pour autant, le gouvernement ne serait pas dans une logique de faire payer le plus possible les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. Lesquels bataillent dans un marché ultra-concurrentiel, et sont en parallèle confrontés à de très lourds investissements dans la fibre et dans la 4G. Cet élément est fondamental. Si les enchères se sont enflammées en Italie, c'est d'abord parce que Rome a délibérément mis en place un règlement pour récupérer un maximum d'argent.

Eviter des enchères « irrationnelles »

Reste que l'Arcep est confrontée à plusieurs défis pour définir les modalités de l'appel d'offres et les obligations à venir des opérateurs. En particulier, plusieurs bandes de fréquences concernées ne seront pas disponibles tout de suite. Certaines sont, par exemple, déjà utilisées par des chaînes de télévision, les ministères de l'armée et de l'Intérieur, et ne pourrait pas être libérées avant 2023, voire 2026. Le risque, c'est qu'au moment des enchères, les fréquences disponibles soient jugées insuffisantes aux yeux des opérateurs pour déployer leurs services.

Du côté des cadors du mobile, on multiplie les signaux d'alerte pour éviter un scénario à l'italienne. Fin septembre, alors que les enchères crevaient le plafond en Italie, Didier Casas, directeur général adjoint de Bouygues Telecom, a tiré la sonnette d'alarme. « En Italie, le mécanisme des enchères des fréquences est dangereux, a-t-il affirmé lors d'un forum sur les télécoms organisé par Les Echos. Les enchères montent de manière irrationnelle. » Même son de cloche chez l'opérateur historique. En Italie, « on hésite entre le sapeur Camember ou les Shadoks », a tweeté Ramon Fernandez, directeur général délégué d'Orange, mi-octobre.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 07/11/2018 à 10:05
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La réponse existe pourtant : Un seul réseau mutualisé, GIE de tous les opérateurs et des Régions. RAN Sharing obligatoire.

à écrit le 30/10/2018 à 15:16
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Mon ancêtre Ecossais James Clerk Maxwell m'a appris que les fréquences radio-électriques appartiennent à....tout le monde !

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