Allergies aux pollens : la startup Lify Air tire la sonnette d’alarme

La startup orléanaise Lify Air, qui propose une solution de détection des pollens dans l’atmosphère, vient de réaliser une levée de fonds pour accélérer son développement. Face à ce problème de santé publique qui monte, les collectivités restent pourtant peu mobilisées. Explications.
L’un des capteurs de Lifyair installé au sein de la ville d’Orléans.
L’un des capteurs de Lifyair installé au sein de la ville d’Orléans. (Crédits : ( © Lify Air ))

Entre 1970 et 2023, la proportion de Français allergiques aux pollens, ces grains minuscules transportés par le vent et permettant la reproduction des plantes, serait passée de 7 à 30%. D'ici 2050, ce pourcentage atteindrait 50%, selon les chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). A la clé, des syndromes bénins, écoulements nasaux et toux, mais aussi des maladies respiratoires graves comme l'asthme. Quatre millions de Français souffrent de cette affection à des échelles plus ou moins critiques.

Le changement climatique, qui se traduit notamment par la migration de végétaux sudistes vers le Centre et le Nord de l'Hexagone ainsi que l'élargissement de la « saison pollinique », s'étalant désormais de mars à octobre, est le principal responsable de l'affolement des chiffres.

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Face à la montée en flèche de la population allergique, la startup Lify Air, qui a mis au point des capteurs de détection en temps réel des pollens dans l'atmosphère, vient de lever 1,5 million d'euros pour industrialiser ses solutions. La société basée au Labo' d'Orléans a notamment été soutenue financièrement par le nouveau fonds d'investissement régional Centre-Val de Loire Amorçage. Lify Air est aussi passée par les deux plateformes fintech Sowefund et Place quatorze pour attirer plusieurs investisseurs privés.

Démarrage timide

Créée en 2018 par Jérôme Richard, par ailleurs maire adjoint de Saint-Denis-en-Val dans l'agglomération d'Orléans, la startup a déjà investi quelque deux millions d'euros en R&D dans ses capteurs. Proposant un abonnement payant aux collectivités, elle a mis au point l'application sur smartphones « Live Pollen » pour en restituer les données. Sa finalité est, d'une part, le suivi en direct par les habitants de la présence de poussières végétales dans l'air. Elle leur permet, d'autre part, d'adopter les mesures ad hoc, à savoir le maintien à l'intérieur et la prise de traitements antihistaminiques.

Seule pour l'instant sur ce créneau, la société, qui emploie une dizaine de salariés, a jusqu'à présent commercialisé ses capteurs auprès de 45 territoires de l'Hexagone, représentant environ sept millions d'habitants. Les métropoles de Rouen et de Metz, les villes de Saint-Etienne, Dunkerque, Aix-en-Provence et Saint-Quentin-en-Yvelines sont ainsi équipées de capteurs de détection des pollens. Lify Air implantera sa solution au premier semestre 2024 dans six nouvelles agglomérations, dont Valenciennes, Forbach et Saumur. « La levée de fonds nous permettra notamment de muscler notre force commerciale pour convaincre de nouvelles villes, explique Jérôme Richard, PDG de Lify Air. Nous allons conjointement installer nos capteurs à nos frais via des partenaires dans les dix plus grandes agglomérations courant 2024. L'objectif est de leur faire mieux prendre conscience du sujet de la qualité de l'air et de hâter leur décision ».

Déploiement national

S'emparer d'un sujet aussi vital pour la population que la prévention des allergies aux pollens serait rendu difficile à Paris, Marseille, Bordeaux ou encore Strasbourg, du fait de la lenteur des autorisations, tant de la part des collectivités que des autorités sanitaires. Selon Jérôme Richard, l'action de certains lobbies industriels et automobiles, à Bruxelles et à Paris, freinerait également la prise de décision.

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En bâtissant une communauté digitale de quelque 20 millions d'utilisateurs d'ici un an, Lify Air espère ainsi provoquer un effet d'entraînement auprès du top 10 des villes françaises. La startup enrichira également l'application Live Pollen grâce à de nouvelles fonctionnalités, notamment des prévisions polliniques ainsi qu'un journal des allergies à tenir quotidiennement. Lify Air compte enfin mettre à profit ses nouvelles lignes budgétaires pour lancer un nouveau capteur, cette fois de mesure des particules fines générées par les transports. Il sera destiné en priorité aux ZFE. Cette solution, qui sera expérimentée cette année, doit en principe être commercialisée en 2025. Avec un objectif de chiffre d'affaires de cinq à six millions d'euros réalisé d'ici trois ans, la jeune pousse loirétaine a bien l'ambition de devenir l'une des acteurs référents privés de la surveillance de la qualité de l'air dans l'Hexagone.

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