Pollution dans le métro à Paris : les stations Belleville, Jaurès et Oberkampf dans le rouge

Une cartographie précise de la pollution dans le métro et le RER parisien a été réalisée à l'initiative de l'autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), avec l'appui d'Airparif. Cette étude révèle des niveaux de pollution supérieurs au seuil recommandé dans au moins trois stations. Des solutions vont ou ont commencé à être déployées pour améliorer la situation, concernant notamment la ventilation et le système de freinage.
Outre les trois stations où le seuil de pollution est dépassé, 31 stations du métro parisien affichent un « niveau moyen » de concentration de particules fines PM10 (photo d'illustration).
Outre les trois stations où le seuil de pollution est dépassé, 31 stations du métro parisien affichent un « niveau moyen » de concentration de particules fines PM10 (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

[Article publié le lundi 22 janvier à 9h44, mis à jour à 13h20] Alerte à la pollution dans les stations de métro Belleville, Jaurès et Oberkampf. Dans ces trois stations de l'Est parisien, la concentration de particules fines PM10 (d'un diamètre inférieur à 0,01 mm) dépasse les 480µg/m3, soit le seuil maximum recommandé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à partir d'une heure d'exposition dans les enceintes ferroviaires. Parmi les autres stations étudiées, 31 affichent un « niveau moyen » de concentration de particules fines PM10, c'est-à-dire entre 140 et 480µg/m3, et dix un « niveau faible », donc inférieur à 140 µg/m3. S'agissant des particules PM2,5, plus fines et plus nocives, aucun chiffre n'a été communiqué à ce stade.

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Une première cartographie officielle

Ces données ont été publiées dans une étude ce lundi 22 janvier, commandée par l'autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), avec l'appui d'Airparif, association agréée de surveillance de la qualité de l'air. Elle se base, d'une part, sur des mesures prises par la RATP et à la SNCF pendant a minima une semaine complète (sept jours sur sept et 24 heures sur 24) et, d'autre part, sur les mesures prises en continu dans certaines stations pendant toute la période 2015-2022, via le réseau de mesure de ces deux entreprises.

C'est la première fois qu'IDFM réalise une telle cartographie. Un outil dont elle a besoin pour évaluer la réalité de la pollution dans le métro parisien, qui fait l'objet de nombreux débats. Au printemps dernier, une autre étude, réalisée pour l'émission de télévision « Vert de rage », publiait une cartographie précise - mais contestée par la RATP - de la pollution dans le réseau souterrain. Elle arrivait d'ailleurs aussi à la conclusion que la station Belleville était la plus polluée.

Quelques semaines plus tôt, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour « mise en danger d'autrui » visant la RATP, soupçonnée par l'association Respire de dissimuler à ses usagers un taux de particules fines anormalement élevé. Le président de cette structure a d'ailleurs réagi à l'annonce de l'étude d'IDFM. Tony Renucci a regretté le choix du seuil de 480µg/m3, en dessous duquel rien ne permet d'assurer que l'air est sain. Il a aussi déploré que l'étude ne donne aucun chiffre sur les particules PM2,5. « Les PM10 sont des particules grossières qui ne pénètrent pas profondément dans l'organisme comme les PM2,5 », a-t-il souligné.

pollution metro

Carte de la qualité de l'air sur les quais des métros, RER et Transilien. Source : Airparif / IDFM

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Une cartographie plus poussée attendue à l'été

Les acteurs des transports parisiens se servent de cette toute récente étude pour se défendre et contester les citriques.

« Les travaux communiqués par Airparif et IDFM ne reflètent pas l'exposition des voyageurs ni des salariés », avance Sophie Mazoué, responsable développement durable pour le groupe RATP.

D'après elle, aucun usager ou salarié ne reste une heure sur un quai, et n'est donc soumis à un niveau de concentration de particules fines supérieur au seuil recommandé. En outre, il convient selon elle de disposer aussi des données dans les rames. L'autorité a d'ailleurs promis d'établir à l'aube de l'été une cartographie précise des 397 stations du métro et du RER ainsi que des lignes.

« Les particules ne sont pas les mêmes dans les rames et sur les quais. En général, c'est un peu plus faible dans les rames car l'air est ventilé. On aura la vérification au mois de juin », a indiqué le directeur général d'IDFM, Laurent Probst.

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Pour le moment, la littérature scientifique très restreinte sur la qualité de l'air dans le métro empêche d'émettre un avis tranché sur les conséquences pour la santé. Il y a deux ans, l'Anses, saisie par les pouvoirs publics, s'était toutefois penchée sur la question de la qualité de l'air dans les souterrains du métro. Elle avait ainsi suggéré le risque « d'inflammation des voies respiratoires, en particulier chez les populations sensibles comme les asthmatiques » ou « d'effets sur la fonction cardiaque autonome » engendré par une mauvaise qualité de l'air. Mais elle avait rejeté « le risque augmenté du cancer du poumon ou de l'infarctus du myocarde ».

Promesses d'amélioration

En attendant que les risques soient plus clairement identifiés, IDFM compte demander aux opérateurs RATP et SNCF de déployer un plan d'action pour améliorer la qualité de l'air dans les stations les plus polluées. Cela passe par augmenter ou améliorer la capacité des systèmes de ventilation, ce qui est déjà prévu pour les trois stations les plus polluées. « Belleville bénéficiera dès 2024 du renouvellement d'un ventilateur », a promis IDFM. Jaurès verra son ventilateur renforcé cette année et à Oberkampf, un nouveau ventilateur fonctionne depuis fin 2023 et deux ouvrages supplémentaires seront construits cette année.

« Ces trois stations passeront au moins à l'orange, sinon au vert », veut croire Laurent Probst.

Des moyens sont également mis sur le déploiement d'un nouveau système de freinage. Car une grande partie des particules fines sont produites au moment du freinage des trains. Cette mesure a été approuvée « à l'unanimité » le 7 décembre dernier lors du conseil d'administration d'IDFM. Le nouveau système, placé sur les semelles et garnitures de freinage des trains, a montré « son efficacité » lors de « plusieurs expérimentations », avec notamment une « réduction jusqu'à 90% des particules PM10 ».

IDFM a donc demandé à la RATP et à Transilien SNCF Voyageurs de déployer « dès que possible cette solution sur l'ensemble des rames du RER A, des métros des lignes 1, 2, 4, 5 et 9 », où circule du matériel roulant vieux d'une à trois décennies, « et leurs successeurs, ainsi que sur ceux ne disposant pas de freinage électromagnétique dernière génération ». À ce stade, seuls les métros de dernière génération MP14, déployés sur les lignes 4, 11 et 14 disposent d'un freinage électro-magnétique, non émetteur de particules fines.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 23/01/2024 à 9:43
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Une corneille semble y avoir trouvé son bonheur; qui croire?

à écrit le 22/01/2024 à 21:07
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Et donc, les clients de la RATP tombent comme des mouches ? Dans ces stations, mais aussi dans les autres ? Depuis des dizaines d'années que cette pollution sévit ? Franchement, si vous avez envie de démontrer qu'on en fait un peu trop avec ces parti...

à écrit le 22/01/2024 à 15:40
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Souvenir : Perso, j'aimais entendre la stridulation des grillons dans le métro à une époque quand je rentrais tôt le matin ,mais l'interdiction de fumer dans le métro à l'origine de leur disparition puisqu'il mangeait le tabac. Les ballasts en pierr...

à écrit le 22/01/2024 à 10:00
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Ben oui d'avoir obligés les salariés esclaves à se déplacer sous terre comme des rats leur impose aussi la contrainte de la pollution ainsi concentrée. Les gens sont vraiment de très bonne volonté hein, avec des outils aussi malléables, aussi souples...

à écrit le 22/01/2024 à 9:58
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Est ce qu'on sait si les freins des vélos en surface participent à cette pollution ?

le 22/01/2024 à 10:35
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Pollution métallique ou caoutchouc ? Les pneus de vélo s'usent, et donc polluent. Les chaussures génèrent peut-être des particules si on marche beaucoup, elle s'use quand on s'en sert, la semelle (un kilomètre ça use, ça use, etc :-) ). Dans les tun...

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