Cybersécurité : Filigran, la pépite française convoitée par la crème des investisseurs américains

A peine neuf mois après sa première levée de fonds de 5 millions d'euros, Filigran récolte 15 millions d'euros supplémentaires grâce à un nouveau tour de table, mené par le fonds d'investissement américain Accel Partners (Facebook, Vinted, Slack...). La startup française développe des logiciels qui permettent aux entreprises de mieux comprendre et gérer leurs cybermenaces.
François Manens
Samuel Hassine et Julien Richard, les deux cofondateurs de Filigran.
Samuel Hassine et Julien Richard, les deux cofondateurs de Filigran. (Crédits : D.R.)

Il y a les startups qui galèrent en temps de crise, et celles qui passent entre les gouttes. En juin 2023, Filigran a levé cinq millions d'euros en amorçage pour alimenter son plan de développement sur 18 mois. Mais dès la fin de l'année, ses premiers résultats prometteurs ont déclenché un bouche à oreille dans le milieu des investisseurs. Plusieurs fonds ont ainsi toqué à la porte de la pépite de la cybersécurité, et il lui est devenu difficile de ne pas écouter les propositions.

« La crème des investisseurs s'intéressait à nous avec Accel Partners, Sequoia Capital ou encore Index Ventures. Même si ce n'était pas prévu, on s'est dit qu'il ne fallait pas laisser passer l'opportunité, et sélectionner l'un d'entre eux », raconte Samuel Hassine, un des deux cofondateurs de Filigran, qui a pris la casquette de directeur général.

La startup a finalement choisi Accel Partners pour entrer à son capital, dans une série A [première levée de fonds institutionnelle après le financement d'amorçage, ndlr] de 15 millions d'euros. Ses deux investisseurs historiques, Moonfire Ventures et Motier Ventures, ont également remis au pot. La pépite compte s'appuyer sur son nouvel actionnaire, réputé pour sa contribution aux succès de Facebook, Slack, ou encore Vinted, afin d'accélérer son déploiement en Amérique du Nord et en Asie-Pacifique, en plus de lui offrir un accompagnement qui lui manquait jusqu'à présent.

« C'est un fonds très influent dans la Silicon Valley, qui connaît bien la cybersécurité pour avoir investi dans des entreprises à succès comme Crowdstrike », résume l'entrepreneur.

Des clients renommés

Si Filigran grandit aussi vite, c'est avant tout parce qu'il a su s'appuyer sur le succès de son produit phare, OpenCTI. Lancé en 2019 comme un projet bénévole open source [c'est-à-dire que son code est ouvert, ndlr], l'outil a été adopté par plusieurs milliers de clients dès ses premières années d'existence, et même plus de 4.300 aujourd'hui.

Concrètement, il permet aux entreprises d'agréger et d'organiser à leur guise les flux de renseignement sur les cybermenaces (threat intel, dans le jargon) diffusés par des entreprises spécialisées comme Crowdstrike, Kaspersky ou Sekoia, des services de renseignements, ou encore des institutions comme la Commission européenne.

Mais encore fallait-il réussir à transformer le succès d'un logiciel open source en succès commercial. Concrètement, Filigran, fondé fin 2022, vient ajouter une couche de services en plus de l'outil OpenCTI, afin qu'il puisse s'adapter aux exigences du monde de l'entreprise. Par exemple, la startup met en place un support technique, avec un système de tickets pour faire remonter d'éventuels bugs à corriger, et elle s'engage sur un niveau très élevé de continuité du service.

« Nous arrivons aujourd'hui à avoir un flux stable de personnes de notre communauté open source qui deviennent des clients. Et puisque cette communauté est elle-même en croissance, il n'y a pas de raison que le flux diminue », détaille Samuel Hassine.

L'entreprise ne s'est pas arrêtée là. De fait, elle a réussi à gagner des appels d'offres à la fois auprès d'entreprises françaises du CAC 40, mais aussi à l'international. Des clients qui ne connaissent pas forcément OpenCTI de prime abord. C'est grâce à son succès à l'international, marqué par la signature de quelques grands noms, que la startup a autant attiré l'attention des investisseurs.

Résultat, Filigran a déjà une centaine de gros clients dont des géants industriels comme Airbus, Thalès ou Hermès, ainsi que des grandes institutions publiques comme la Commission européenne et l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'informations (Anssi). Fin novembre, la startup a fait parler d'elle avec la signature d'un contrat avec le FBI, dont elle a détaillé le fonctionnement.

Un troisième outil... et de l'intelligence artificielle

En complément d'OpenCTI, Filigran avait déjà lancé OpenBAS, une plateforme pour créer des simulations de cyberattaques et des exercices de gestion de crise sur-mesure par rapport aux cybermenaces qui visent l'entreprise. Un troisième logiciel, dédié à l'analyse de risque, va venir compléter la suite logicielle.

Alors qu'il n'employait que sept personnes début 2023, Filigran a dépassé aujourd'hui le seuil des 40 employés. « Moonfire nous a grandement aidé à nous structurer et à naviguer dans le monde de l'entreprenariat. C'est pour cette raison que nous les avions choisis, et c'est grâce à cette structuration qu'on peut accélérer de nouveau aujourd'hui », loue Samuel Hassine. Avec l'afflux d'argent frais, la jeune pousse prévoit d'embaucher 35 employés supplémentaires d'ici la fin de l'année.

Dans le détail, la moitié des recrues seront des profils commerciaux destinés à développer la prospection et le suivi des clients en Amérique du Nord depuis les Etats-Unis et dans la région Asie-Pacifique depuis l'Australie. L'autre moitié des recrues seront des profils de data ingénieurs, chargés d'alimenter les logiciels de la startup en fonctionnalités d'intelligence artificielle. « Nous ne voulons pas faire de l'IA pour faire de l'IA, sous prétexte que c'est tendance. Nous souhaitons simplement répondre aux besoins simples de nos clients : notre plateforme accumule énormément de données, et il faut que nous puissions leur permettre de les exploiter au mieux », justifie Samuel Hassine. Grâce à ces investissements, il espère réaliser 20 millions d'euros de chiffre d'affaires sur les 24 prochains mois, dont les deux tiers à l'étranger.

François Manens

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Commentaires 4
à écrit le 01/03/2024 à 10:52
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Macron s'occupe de l'Ukraine mais nous n'avons toujours pas de fonds de pension pour soutenir nos entreprises, bien décevant.

le 01/03/2024 à 16:21
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Oui, ça reste un socialiste inconséquent et incapable

à écrit le 01/03/2024 à 9:35
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Une start up peut êtres française mais qui ne lève ses fonds qu'auprès d'investisseurs US est donc une start-up américaine.

le 11/03/2024 à 18:53
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Vous faites erreur @jason13: le capital amorçage qui remet au pot est basé pour l'une à Londres et pour l'autre à Paris.

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