Le Campus Cyber lance le Cyberscope, la bible des données sur la cybersécurité

Avec son Cyberscope, le Campus Cyber trie le bon gain de l'ivraie en mettant en avant les indicateurs essentiels dans la multitude de rapports sur la cybersécurité française. Mais surtout, il vise à pousser les organismes à travailler entre eux pour produire des indicateurs fiables, aujourd'hui manquants.
François Manens
Le Campus Cyber endosse une fois de plus son rôle de plaque-tournante de l'écosystème.
Le Campus Cyber endosse une fois de plus son rôle de plaque-tournante de l'écosystème. (Crédits : FM pour La Tribune)

Le Campus Cyber veut faire du tri dans les chiffres pour mieux comprendre les enjeux de la cybersécurité française. Dans son rôle de fédérateur de l'écosystème, l'organisme a installé autour de la table une dizaine d'organisations qui produisent des chiffres sur la cybersécurité. On y retrouve des associations d'entreprises comme le Clusif, le Cesin, l'Alliance pour la Confiance Numérique (ACN) et Hexatrust, le cabinet de conseil Wavestone, des organismes publics comme l'Anssi et Bpifrance ou encore le fonds d'investissement Tikehau Capital. À la clé de ces discussions se trouve la première édition du Cyberscope, une sorte de « best of » de la multitude de rapports, axée sur trois thématiques (innovations, menaces, emploi). L'objectif : valoriser les nombreuses études en proposant un point d'accès unique, qui offre une visibilité sur les indicateurs essentiels.

Lire aussiSecurity Copilot : Microsoft mise sur l'IA pour devenir incontournable en cybersécurité

Produire les chiffres manquants

Mais les ambitions de l'initiative vont au-delà de cette première édition. L'ouverture de la discussion entre les acteurs doit permettre d'identifier à court terme « les trous dans la raquette », c'est-à-dire les chiffres manquants, afin que les organismes concernés s'en saisissent. « Ces différentes associations ne travaillaient pas souvent ensemble auparavant, et c'est notre rôle au Campus Cyber d'articuler ces échanges. Donner plus de visibilité aux chiffres clés et identifier ceux qui manquent nous apparaît comme un véritable enjeu de souveraineté », résume à La Tribune Yann Bonnet, directeur général délégué du Campus Cyber.

Cette première édition du Cyberscope n'est donc qu'un premier pas. L'initiative a vocation à agréger d'autres sources, et même à s'étendre à l'échelle européenne sur les sujets pertinents. L'Enisa (l'agence cyber de l'Union européenne) serait notamment intéressée pour s'investir. « Dans ce projet, le Campus endosse le rôle de tiers de confiance » résume Yann Bonnet. « Nous contrôlons les chiffres et nous sélectionnons les échantillons qui nous paraissent les plus essentiels. Nous pourrions produire les indicateurs manquants si personne ne le fait, mais ce n'est pas notre vocation. »

Le nombre d'attaques réussies en baisse

Pour prouver sa capacité à fédérer l'écosystème, le Campus Cyber tenait donc ce mercredi 21 juin une table-ronde avec la directrice du Clusif Luména Duluc, le président du Cesin Alain Bouillé, Gérôme Billois, co-auteur du rapport de Wavestone sur l'écosystème des startups cyber française ainsi que Aurélie Bauer, cheffe du Centre de Formation à la Sécurité des Systèmes d'Information de l'Anssi. Chacun a tour à tour présenté les grandes leçons de ses rapports respectifs, exposant ainsi les limites actuelles du Cyberscope, qui apparaît pour l'heure plus comme une juxtaposition de chiffres que comme une synthèse.

À travers les trois thématiques (innovation, emploi et menace), la tendance est plutôt au beau fixe. Malgré la montée des menaces, le nombre d'attaques réussies diminue, les budgets pour la cybersécurité augmentent légèrement, et les professionnels se satisfont de plus en plus de la performance de leurs outils. Côté innovation, l'écosystème a accueilli 32 nouvelles startups (pour un total de 164 selon Wavestone), et continue une certaine progression des montants levés malgré les difficultés de financement de la tech.

Lire aussiCybersécurité : les entreprises européennes restent frileuses dans leurs investissements

L'emploi, talon d'Achille de l'écosystème cyber

Mais l'emploi semble rester le talon d'Achille de l'écosystème. D'après Aurélie Baue, même si les entreprises créent des emplois dédiés à la sécurité, elles ne le font pas encore correctement. « Sur 16.000 offres recensées dans notre observatoire des métiers (2021), 35% indiquaient "ingénieur en cybersécurité", ce qui n'est pas un métier mais un niveau de diplôme. Les entreprises ne savent pas embaucher, et elles ne trouvent donc pas de réponse sur le marché  », développe-t-elle. De l'autre côté du marché, l'écosystème se penche sur différentes initiatives pour améliorer l'attractivité du secteur auprès des étudiants, et créer des formations qui correspondent mieux à ses besoins.

François Manens

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.