Finalcad lève 40 millions de dollars pour numériser les géants mondiaux de la construction

Après un pivot réussi en 2016 pour devenir un éditeur de logiciels déployables sur tous les chantiers, Finalcad veut devenir le "Salesforce ou le Dassault Systèmes de la construction", c'est-à-dire un nouveau standard mondial adopté par tous les géants du secteur. L'eldorado asiatique est en ligne de mire.
Sylvain Rolland
Finalcad est spécialisée depuis fin 2011 dans la digitalisation des process sur les chantiers.
Finalcad est spécialisée depuis fin 2011 dans la digitalisation des process sur les chantiers. (Crédits : Finalcad)

Alors que tous les secteurs d'activité se digitalisent à grande vitesse, il n'est pas rare de voir sur les chantiers des ingénieurs QSE (qualité, sécurité, environnement) par exemple, remplir une fiche de rapport terrain à la main ou prendre des photos qu'ils ajouteront plus tard dans le dossier. Anecdotique ? Pas vraiment. "Les process sont lents et lourds, donc coûteux. Ils entraînent beaucoup d'erreurs et de défauts. Et en plus on n'exploite pas le trésor des données de chantier, source d'économies et d'amélioration de la productivité", détaille David Vauthrin, le PDG et cofondateur de Finalcad, spécialisée depuis fin 2011 dans la digitalisation des process sur les chantiers.

Signe d'un marché en plein boom, la startup parisienne annonce ce jeudi 13 décembre le succès d'une troisième levée de fonds de 40 millions de dollars (35,3 millions d'euros), auprès des fonds internationaux Draper Esprit, Cathay Innovation et Salesforce Ventures. Les français Serena, Aster et CapHorn, qui avaient financé Finacad lors de ses deux premiers tours (2,1 millions d'euros en 2014 et 20 millions de dollars en 2016), remettent aussi au pot.

De l'appli sur tablette et smartphone au standard mondial de la construction

Créé fin 2011 par un trio d'ingénieurs bien familiers avec les problématiques rencontrées sur les chantiers, Finalcal propose aux grandes entreprises du secteur de la construction des logiciels en mode SaaS (via un abonnement annuel) pour améliorer leur gestion des chantiers.

"Le secteur de la construction est en plein essor. Les besoins en bâtiments, en infrastructures et en énergie vont doubler dans les vingt ans à venir avec l'explosion de la démographie mondiale. Mais aujourd'hui on ne construit pas assez vite et pas assez intelligemment car les process sur le terrain ne sont pas assez optimisés", explique David Vauthrin.

A l'origine, Finalcad proposait aux entreprises de leur fournir, chantier par chantier, des tablettes et des smartphones dotés d'un logiciel de gestion pour aider les ingénieurs sur le terrain, et uniquement dans le secteur du bâtiment. Conforté par son succès, la startup opère en 2016 un pivot stratégique, pour devenir un véritable éditeur de logiciels en mode SaaS. Sa spécialité : "des outils de digitalisation des métiers terrain pour l'ensemble du secteur, plus seulement le bâtiment mais aussi les infrastructures, l'énergie et les concessions", précise l'entrepreneur. Sa promesse : "notre panier moyen est de 300.000 euros, mais les économies réalisées et les gains grâce à l'exploitation des données font que le ROI est multiplié par 10". Sa cible : "le top 250 mondial". Avec une ambition forte : "imposer Finalcad comme le Salesforce ou le Dassault Systèmes de la construction", c'est-à-dire un "nouveau standard mondial", adoptable pour tous les process internes de tous les géants du secteur :

"Il y a énormément de concurrence dans la digitalisation du BTP, mais aucun éditeur de logiciel n'est aujourd'hui capable de s'intégrer dans les process internes de tous les géants mondiaux du secteur, pour tous les chantiers possibles, et à toutes les étapes du chantier, du gros oeuvre jusqu'aux opérations de maintenance", décline David Vauthrin.

Objectif 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023

Finalcad semble avoir les épaules pour cette ambition. La startup emploie plus de 170 personnes, contre 3 en 2012, 45 en 2014, 70 en 2016, et prévoit d'arriver à environ 270 salariés en 2020. Plus de 20.000 projets ont été réalisés avec ses solutions logicielles, dans une trentaine de langues et dans plus de 35 pays.

Le dirigeant compte sur cette nouvelle levée de fonds pour accélérer le déploiement à l'international, et notamment en Asie, afin d'arriver à 100 millions de chiffre d'affaires en 2023. "Nous sommes présents sur tous les continents mais il est clair que l'Asie tire la croissance et que la Chine va particulièrement concentrer notre attention", affirme David Vauthrin, qui voit un "déplacement du centre de gravité" de l'entreprise de l'Europe vers l'Asie dans les années à venir.

L'argent servira également à intensifier la R&D pour accélérer sa diversification à des solutions logicielles pour les chantiers d'infrastructures, d'énergie et des opérations de maintenance. D'ici à environ deux ans, la startup n'exclut pas de relever encore de l'argent, cette fois un méga-ticket de plus de 100 millions d'euros, "car il y a tellement de marchés à prendre". A l'heure où les politiques français et européens cherchent à favoriser l'essor de champions européens du numérique, c'est exactement l'ambition de Finalcad sur une verticale BtoB très peu attractive pour le grand-public, mais sur laquelle il y a une place à prendre qui n'est pas encore occupée par les Américains ou les Chinois.

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 13/12/2018 à 18:26
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euh, le batiment, c'est pas l'ingenierie de voitures! avant de vouloir tout numeriser, faut prendre les pbs la ou ils sont, et dans le batiment, y a du boulot! et avant d'utiliser le bigdata et le machine learning, faut souvent juste ouvrir les yeu...

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