French Tech : déjà 4 méga-levées de fonds en 2020... autant qu'en 2019 !

La French Tech a réalisé en janvier le meilleur mois de son histoire, avec plus de 800 millions d'euros récoltés, soit plus du double du mois de janvier 2019. Les méga-levées représentent la moitié du total. Le signe que la France est en train de gommer sa faiblesse dans le growth equity ?
Sylvain Rolland
Mécaniquement, les grosses levées de fonds, y compris les méga-levées, sont amenées à se multiplier en 2020.
Mécaniquement, les grosses levées de fonds, y compris les méga-levées, sont amenées à se multiplier en 2020. (Crédits : DR)

Le verrou du growth equity, c'est-à-dire les méga-levées de fonds de plus de 100 millions d'euros, est-il déjà en train de sauter en France ? En 2019, ce segment, révélateur du manque de maturité de l'écosystème d'innovation français par rapport à ses rivaux britannique et allemand, était la grande faiblesse d'une année pourtant excellente (5 milliards d'euros levés par la French Tech, +39% sur un an).

Mais 2020 commence sur des chapeaux de roues. En un mois à peine, la French Tech enregistre déjà 4 méga-levées de fonds : 180 millions d'euros pour la plateforme de notation de la RSE Ecovadis, 125 millions d'euros pour le champion européen du bricolage et du jardinage ManoMano, 104 millions d'euros pour la fintech Qonto, et 100 millions d'euros pour la "space tech" Kinéis et sa constellation de nano-satellites pour l'Internet des objets. Autrement dit, en un seul mois, la French Tech a généré autant de méga-levées que sur toute l'année 2019 !

Lire aussi : La French Tech a levé 5 milliards d'euros en 2019 mais le plafond est encore loin

Un vrai déblocage en 2020 ?

La concentration de quatre méga-levées en à peine plus d'un mois est-elle un hasard de calendrier ou le signe d'un vrai déblocage qui annonce une explosion du growth equity en 2020 ? Probablement un peu des deux. Rien ne dit que ce rythme effréné se poursuivra toute l'année : l'an dernier, les quatre opérations de plus de 100 millions d'euros (les 205 millions d'euros de Meero, les 150 millions de Doctolib et les 110 millions de Ynsect et de ManoMano, déjà) ont toutes été finalisées au premier semestre. Certains y voyaient le signe d'un déblocage, mais le deuxième semestre a refroidi les ardeurs, avec aucune méga-levée en France alors qu'elles se multipliaient outre-Rhin et outre-Manche.

Lire aussi : Levées de fonds : pourquoi la France ne va pas dépasser le Royaume-Uni de sitôt

Si 2020 commence en fanfare, les freins pointés du doigt en 2019 n'ont pas magiquement disparu : l'écosystème français, très jeune puisque la French Tech a commencé à se structurer il y a moins de dix ans, est toujours en phase de rattrapage par rapport à ses voisins allemand et britannique. Et même si Emmanuel Macron a poussé les investisseurs institutionnels à promettre 6 milliards d'euros dans l'écosystème d'ici à 2022, dont 3 milliards d'euros pour financer les plus gros tours de table, les effets de cette mobilisation ne sont pas encore perceptibles et la France manque toujours de fonds spécialisés dans le growth equity.

En revanche, ces méga-levées sont très prometteuses pour 2020 à plusieurs niveaux. A l'exception de Kineis, qui a levé 100 millions d'euros avec des investisseurs français (Bpifrance et le CNES notamment), les trois autres tours de table ont été menés par des acteurs internationaux : l'européen CVC Growth Partners pour Ecovadis, le singapourien Temasek et le russe Tismet Holdings pour ManoMano, et le géant chinois Tencent pour Qonto. Autrement dit, les startups françaises n'hésitent plus à aller chercher à l'international l'argent qu'il peut manquer à l'écosystème français, en attendant que celui-ci se mette au niveau.

Enfin, l'exemple de ManoMano, qui a réalisé six levées de fonds en sept ans dont 110 millions d'euros neuf mois avant les 125 millions d'euros de janvier, illustre le "cercle vertueux" de l'innovation : pour espérer devenir un géant européen voire mondial et créer les milliers d'emplois qui vont avec, une startup doit financer régulièrement son hyper-croissance. Cela signifie que de nombreuses pépites qui lèvent aujourd'hui plusieurs dizaines de millions d'euros pourraient dans les mois et années à venir avoir besoin de beaucoup plus. Mécaniquement, les grosses levées de fonds, y compris les méga-levées, sont amenées à se multiplier en 2020.

Plus de 800 millions d'euros levés en janvier, un record

Il est donc peu probable que le compteur de l'année reste bloqué à quatre méga-levées. Par effet ricochet, le record de 5 milliards d'euros levés en 2019 par la French Tech sera très probablement battu. Sur le seul mois de janvier, la French Tech a déjà récolté 801 millions d'euros, d'après le décompte de FrenchWeb. Soit plus du double de l'an dernier à la même période (315 millions d'euros). Le précédent record de juin 2019 (757 millions d'euros) est battu.

Dans le détail, les trois méga-levées du mois (Ecovadis, ManoMano et Qonto) pèsent 409 millions d'euros, soit un peu plus de la moitié du total. Annoncée le 3 février, l'opération de Kinéis n'entre pas dans le calcul. Les méga-levées boostent donc le ticket moyen, mais le nombre d'opérations reste similaire sur un an : FrenchWeb recense 61 opérations en janvier, contre 54 en janvier dernier. Cette stabilité indique que la base reste solide (les levées d'amorçage et les Séries A, qui représentent la quasi-totalité des tours de table), tandis que l'augmentation du ticket moyen traduit que la France progresse sur le refinancement de ses pépites.

Lire aussi : "La vraie menace pour la French Tech, c'est la crise des talents" (Kat Borlongan)

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 03/02/2020 à 19:17
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whaouh! et sinon faut comparer au passe ( y compris plus lointain) et aux concurrents, avec plein d'indicateurs je dis ca car c'est un peu evident qu'avec les lois hollande eckert sapin et la celebre loi pellrin ' aka dailymotion', oui c'est sur c'...

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