Grâce à l'IA, Posos créé la première base de données mondiale pour les logiciels de santé

La startup française Posos a obtenu l'agrément de la Haute Autorité de Santé pour sa base de données médicamenteuse, destinée à assister les médecins dans leur prescription de traitement. Cet agrément, qui n'avait plus été accordé à un nouvel acteur depuis 20 ans, ouvre à la startup l'accès au marché des logiciels de santé.
François Manens
Avec sa base de données médicamenteuse, Posos espère conquérir un marché mondial.
Avec sa base de données médicamenteuse, Posos espère conquérir un marché mondial. (Crédits : Pixabay)

Une base de données qui devrait rapporter gros. Pendant deux ans, la startup française Posos a travaillé sur la création d'une base de données médicamenteuse, un puits d'informations destiné à assister les professionnels de santé dans leurs prescriptions. Elle permet de chercher les médicaments indiqués pour une pathologie, de trouver des alternatives thérapeutiques ou encore de recommander une posologie adaptée au patient. Au bout de ces efforts se trouve Posos Medical Database, qui vient de recevoir l'agrément de la Haute Autorité de Santé.

« En France, un logiciel médical ne peut fonctionner qu'avec une base de données du médicament. Et pour obtenir ce statut, il faut passer l'agrément », résume Emmanuel Bilbault, cofondateur et directeur général de la startup. Grâce à son nouveau statut, Posos peut enfin se tourner vers les éditeurs de logiciels médicaux -un marché en croissance, estimé à plus de 30 milliards de dollars à l'échelle mondiale- avec une grande ambition : devenir leur principal fournisseur de données.

Une première en 20 ans

« Aucun acteur n'a reçu cet agrément depuis 20 ans », se félicite Posos dans son communiqué. La jeune pousse vient disrupter un marché qui a très peu évolué ces dernières années, alors qu'elle alimente en données un secteur du logiciel de santé pour sa part bien dynamique.

Pour s'imposer, Posos mise sur une innovation de sa base de données : tout y est traduit selon la terminologie Snomed, une nomenclature utilisée à l'international. Concrètement, chaque médicament, pathologie ou encore acte médical est associé à une sorte de plaque d'immatriculation. Avec ce système, Posos s'affranchit de la barrière de la langue, explique Emmanuel Bilbault, et il peut -après quelques ajustements aux particularités locales- se projeter sur n'importe quel marché dès les prochains mois.

C'est pour cette raison que Posos se présente comme « la première base de données mondiale », capable d'irriguer toute l'industrie du logiciel de santé. « Si un acteur traditionnel veut adresser un nouveau pays, il doit réannoter toute sa base de données, un processus très chronophage. A cause de ce fonctionnement, les éditeurs de logiciels de santé sont souvent différents d'un pays à l'autre. Nous voulons permettre d'enfin lancer leur internationalisation avec notre base de données », élabore Emmanuel Bilbault. Mais ce n'est pas tout, le dirigeant se targue de fournir aux professionnels de santé une meilleure information : « la base sert avant tout à mieux prescrire, plus rapidement et à l'état de l'art, afin que chaque patient reçoive le traitement le mieux adapté. »

Sur son site, la startup rappelle qu'entre 2021 et 2022, la Haute Autorité de Santé enregistré une augmentation de 27% « d'événements indésirables graves liés aux soins médicaux lors d'une hospitalisation en France », tandis qu'aux États-Unis, « les erreurs médicamenteuses causeraient des complications chez 1,3 million de personnes chaque année ». Posos promet à ses utilisateurs de réduire drastiquement ces risques.

L'intelligence artificielle, traductrice express

Si Posos est le premier à encoder toute sa base dans la terminologie Snomed, c'est parce que l'exercice était particulièrement chronophage avec les méthodes traditionnelles. Et pour cause : l'encodage d'un document médical doit prendre en compte des subtilités de langage parfois très pointues. C'est ici qu'entre en scène l'intelligence artificielle. Un modèle d'IA créé sur mesure par la startup, capable de prendre en compte le contexte de chaque document, s'est ainsi chargé d'encoder 20 millions de fichiers issus de 220 sources médicales différentes. L'objectif : avoir le plus d'informations possible à croiser pour fournir les meilleures recommandations

« Grâce à ce traitement automatisé, nous avons pu construire en deux ans une base de données que nous aurions mis dix ans à constituer avec les méthodes traditionnelles »,  vante l'entrepreneur. Pour autant, l'humain reste dans la boucle : avant d'être validées, les traductions de l'IA passent tout de même par deux vérifications successives, effectuées par des pharmaciens.

Place à la commercialisation

L'heure a sonné pour Posos, qui va enfin pouvoir adresser son marché, sept ans après sa création. Concrètement, les éditeurs de logiciels vont payer un abonnement pour accéder à sa base de données. Mais la startup va déjà plus loin, et leur propose des modules clé en main qu'ils pourront intégrer à leurs logiciels. Par exemple, un de ces modules permet de lire les ordonnances à partir d'une photo, et d'éditer automatiquement d'une prescription renouvelée. A la clé : un gain de temps, et la réduction du risque d'erreur de frappe. Libre à chaque futur client de la startup d'acheter les différents modules dans ce qui pourrait ressembler à terme à une sorte de magasin de petites applications.

Quant à la vague de l'intelligence artificielle générative qui s'apprête à balayer le secteur, elle pourrait aussi profiter à Posos, qui détient avec sa base de données un matériau rare et indispensable à l'entraînement des IA. La startup pourrait donc à terme commercialiser sa base de données à des développeurs d'IA, mais cette activité n'en est qu'à ses premiers balbutiements.

La startup compte aujourd'hui 45 employés, et devrait recruter pour appuyer ses efforts commerciaux. Si elle a suffisamment de liquidité pour l'instant, grâce à une levée de 9,8 millions d'euros datée d'octobre 2022, son dirigeant suggère que la conquête commerciale de Posos passera sûrement par un nouveau tour de financement.

François Manens

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