Maladie « du foie gras » : la biotech bourguignonne Inventiva lancée dans la course aux traitements contre la Nash

Le marché est estimé entre 15 et 20 milliards de dollars. Aussi, la concurrence est rude. Mais une biotech créée en 2012 à Dijon, doublement cotée sur Euronext Paris et sur le NASDAQ à New York, est arrivée dans le trio de tête mondial avec un médicament déjà bien avancé pour lutter contre la NASH, autrement appelée « la maladie du foie gras ».
Une chercheuse au sein du laboratoire Inventiva, situé à Daix, à côté de Dijon.
Une chercheuse au sein du laboratoire Inventiva, situé à Daix, à côté de Dijon. (Crédits : INVENTIVA)

Aux Etats-Unis, près d'un adulte sur dix est atteint de cette maladie et peut potentiellement développer la Nash. C'est également la deuxième cause de transplantation de foie et la première chez les femmes*. Il s'agit d'une maladie grave comparable à une cirrhose du foie qui n'est pas due à l'alcool mais au style de vie. La NASH concerne en majorité les diabétiques et les obèses. Elle est classée parmi les maladies graves car si le patient atteint la phase ultime, seule une transplantation peut le sauver. Or, aujourd'hui, il n'y a pas assez de donneurs. « C'est un fléau », constate Frédéric Cren, CEO et Co-fondateur d'Inventiva. « Il n'y a pas de produit approuvé pour l'instant sur le marché mais nous sommes parmi les produits les plus avancés sur cette maladie », affirme-t-il.

25 pays, 450 sites, 1.000 patients

Avec un savoir-faire hérité de l'industrie pharmaceutique (Fournier, Solvay, Abbott), Inventiva est positionné comme un acteur de premier plan dans la course au traitement contre la NASH, puisqu'elle se rapproche de la fin de son étude clinique de phase III, évaluant son candidat médicament Lanifibranor, la dernière étape avant une éventuelle mise sur le marché. « C'est une étude importante puisqu'elle se déroule dans 25 pays, sur 450 sites, et nous devons recruter 1.000 patients », confie Frédéric Cren. Les résultats sont attendus en 2026. S'ils sont positifs, il faudra attendre encore 6 six mois à un an pour que la FDA, l'administration américaine chargée de la surveillance des produits, denrées alimentaires et des médicaments, valide le produit. « En tant que biotech, nous visons en priorité les Etats-Unis car les mises sur le marché sont plus rapides », précise Frédéric Cren.

Inventiva est dans le trio de tête

Et pour cause, dans le monde, 71 programmes cliniques sont en développement sur cette maladie. Seuls six, dont Inventiva, sont en phase III. La biotech bourguignonne arrive même dans le trio de tête juste après une biotech américaine, Madrigal. Le deuxième concurrent est le laboratoire Novo. Toutefois, ce dernier a développé une solution avec injection, contrairement aux deux autres qui sont des comprimés oraux, plus faciles d'utilisation. « Notre produit a été le premier à démontrer une baisse des lésions du foie, une baisse de l'inflammation et une baisse de la fibrose », souligne Frédéric Cren.

Un effet secondaire à prendre en compte

Lors de la phase I, un tiers des patients ont développé un effet secondaire à la prise du Lanifibranor : une prise de poids de deux à trois kilos. « Certes une prise de poids faible au regard de la centaine de kilos de la plupart des patients mais dans une société où l'esthétique prime, cet effet secondaire ne rassurait pas les investisseurs », souligne Frédéric Cren. D'autant plus que cette petite de prise de poids ne générait pas de mauvais cholestérol mais au contraire améliorait le profil des patients. Toutefois, Inventiva a entamé une autre étude de phase II qui vient de prendre fin et dont les résultats sont positifs. « Nous avons combiné la prise du Lanifibranor avec un autre médicament antidiabétique qui permet d'annuler cette prise de poids », explique Frédéric Cren.

Un nouvel investisseur : le Qatar

Inventiva réalise régulièrement des levées de fonds dont la dernière a eu lieu au mois d'août pour un montant de 36 millions d'euros, levé auprès d'investisseurs historiques comme Sofinnova Partners et Yiheng Capital, mais également auprès de nouveaux investisseurs comme Qatar Holding LLC, la principale filiale d'investissement direct du fonds souverain du Qatar, qui a pris 10% du capital.

Fin février, un financement supplémentaire de 25 millions d'euros de la part de la Banque Européenne d'Investissement dans le cadre d'un contrat de financement existant, a été alloué au financement des dernières étapes de la phase III dans la NASH.

*Source : Etude "Rule of NASH Progression The Natural History of Advanced Fibrosis and Cirrhosis Caused by NASH" publiée par la revue scientifique Hepatology en décembre 2019.

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Commentaires 2
à écrit le 27/03/2024 à 8:21
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Et c'est triste comme nous autres humains sommes incapables de lutter contre le lavage de cerveau consumériste mais ça confirme que les gens n'ont pasd de libre arbitre puisqu'ils savent qu'ils vont mourir de surpoids mais n'arrivent quand même pas à...

le 27/03/2024 à 9:45
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Ça semble une maladie planétaire (à voir si c'est pareil en Russie), les enfants obèses en Chine il parait qu'il y en a de plus en plus (contamination par la 'mal-bouffe' occidentale voire US ? Hors données génétiques particulières)). Bouger suffit-...

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