Méthanisation agricole : la startup bretonne Sublime Energie va liquéfier du biogaz à la ferme

Défendant une méthanisation vertueuse et rentable pour les agriculteurs, la jeune pousse deeptech Sublime Energie, installera en 2025 à Plélo en Côtes-d’Armor un démonstrateur capable de produire 180 tonnes de carburant bas carbone et 300 tonnes de CO2 biogénique par an. A partir du traitement des déchets organiques issus de l’agriculture, elle veut engager les exploitants dans une démarche d’économie circulaire et de transition écologique.
Une levée de fonds de 11,5 millions d'euros va permettre à l’entreprise Sublime Energie de financer la fabrication et l’installation d’un démonstrateur capable de liquéfier le biogaz et produire du carburant bas carbone. Il sera installé dès 2025 au sein de Gazéa, une société exploitant un méthaniseur agricole.
Une levée de fonds de 11,5 millions d'euros va permettre à l’entreprise Sublime Energie de financer la fabrication et l’installation d’un démonstrateur capable de liquéfier le biogaz et produire du carburant bas carbone. Il sera installé dès 2025 au sein de Gazéa, une société exploitant un méthaniseur agricole. (Crédits : Sublime Energie)

Gagnante pour la Région Île-de-France du concours Tech for Future, organisé par La Tribune en 2023, dans la catégorie Environnement et Énergie, la jeune entreprise de la deeptech Sublime Energie, fondée en 2019, creuse son sillon pour développer une troisième voie à la méthanisation agricole.

En parallèle au biogaz dédié à la cogénération (réseaux de chaleur, électricité) et au biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel (GRDF), cette société à mission a mis au point une technologie de liquéfaction de biogaz brut à la ferme, issu du traitement des biodéchets agricoles, le lisier principalement. Son premier site pilote à l'échelle va voir le jour. Objectif : produire du carburant bas carbone pour la mobilité lourde (tracteurs, poids lourds logistiques) et développer le premier réseau de collecte de biogaz.

180 tonnes de biométhane sur un an

Émanation d'un projet scientifique développé par le centre de recherche de Mines Paris-PSL, l'entreprise de treize personnes vient de lever 11,5 millions d'euros, dont 10 millions d'euros auprès du fonds Révolution Environnementale et Solidaire abondé par le dividende sociétal de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, afin de mettre en place en 2025 un démonstrateur sur le site Gazéa.

Sur cette exploitation d'élevage porcin installée à Plélo en Côtes d'Armor et membre de l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), l'unité de méthanisation installée en 2009 produit actuellement en cogénération 450 kilowatts électriques à partir de 16 à 17.000 tonnes de déchets annuels.

Dans un an, une partie du biogaz sera prélevée par Sublime Energie. Mis en service au deuxième trimestre 2025, le futur démonstrateur sera calibré pour produire 180 tonnes de biométhane par an et 300 de CO2 biogénique destiné à l'industrie.

« Après un premier tour de table en 2021 (Storengy, Vestra Elsaco Grup) et la création de deux précédents pilotes en preuve de concept et à l'École des Mines, ce démonstrateur vise à développer un projet de portage de biogaz brut et de carburant alternatif au diesel » fait valoir Bruno Adhémar, cofondateur et président de Sublime Energie. En 2017, cet ancien cadre du nucléaire (Cogema, Areva) s'est intéressé à la méthanisation pour donner un autre sens à sa carrière.

« Le biométhane liquide sera vendu localement pour décarboner l'ensemble de la mobilité lourde routière tout en assurant un complément de rémunération aux agriculteurs. Ceux-ci détiennent 90% de la biomasse mais le développement de la filière et sa rentabilisation sont entravés par l'inadéquation entre les lieux de production potentiels et les lieux de consommation », ajoute le dirigeant qui anticipe l'extension commerciale du modèle à une dizaine de méthaniseurs en 2026-2027 puis à d'autres régions.

Rentabiliser l'installation de petits méthaniseurs

S'appuyant sur un humidificateur et des compresseurs, la technologie de Sublime Energie, « unique au monde » revendique-t-elle, prévoit de capter sur place le biogaz pour la liquéfaction, avant une mise en citerne destinée au transport. Le projet est associé à un hub de récupération du biogaz.

En permettant la mise en place de tournées locales de collecte, Bruno Adhémar entend proposer à des exploitations agricoles trop petites ou éloignées des réseaux gaziers de rentabiliser l'installation d'une unité de méthanisation sur leurs parcelles en mutualisant les coûts d'épuration. A l'autre bout de la chaîne, il a entamé des discussions avec des fabricants de tracteurs au BioGNL et des distributeurs de carburant souhaitant passer au bioGNL.

« Ce modèle valorise la souveraineté énergétique pour les agriculteurs bretons et une indépendance en matière d'engrais, puisque le digestat (résidus) est valorisé sur le plan agronomique. Au-delà des nouvelles exploitations sans méthaniseur, nous regardons aussi du côté des unités déjà existantes » précise-t-il.

La France compte 2.000 unités de méthanisation dont 1.200 en cogénération et 800 en injection. Or, certaines ont entre dix et quinze ans et vont arriver à leur terme. Quant à l'agriculture, elle est l'un des principaux contributeurs d'émissions de gaz à effet de serre en France.

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Commentaires 2
à écrit le 12/03/2024 à 8:12
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« l'unité de méthanisation installée en 2009 produit actuellement en cogénération 450 kilowatts électriques à partir de 16 à 17.000 tonnes de déchets annuels. » le kilowatt est une unité de puissance. L’unité de methanisation doit produire une quanti...

à écrit le 11/03/2024 à 19:26
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"Défendant une méthanisation vertueuse et rentable pour les agriculteurs" Parce qu'en effet il y en a qui ne le osnt pas, sur lequel se jettent sans réfléchir les agriculteurs, sans en peser les contraintes, sans prendre en compte tous les coûts et i...

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