Rendez-vous le 9 mars 2023 devant le tribunal correctionnel de Quimper pour la société Centrale Biogaz de Kastellin. C'est ce qu'a confirmé à l'AFP la procureure de Quimper Carine Halley ce mercredi 12 octobre. Inaugurée en 2018, cette centrale injecte dans le réseau gazier du méthane produit à partir de fumier, de lisier ou de déchets de l'industrie agroalimentaire. Sa production correspond à la consommation de gaz d'environ 6.000 personnes.
Mais un incident technique s'est produit le 17 août 2020. Une cuve a débordé et environ 400 m3 de digestat, une matière organique issue du processus de méthanisation, se sont alors écoulés dans un fleuve côtier, en amont d'une usine d'eau potable, provoquant un pic d'ammoniaque et rendant l'eau impropre à la consommation.
Conséquence : l'usage de l'eau potable a été restreint par arrêté préfectoral pour 50 communes, touchant 180.000 personnes dont Châteaulin, une grande partie de Quimper et la très touristique presqu'île de Crozon. Plusieurs associations, dont la CLCV et Eau et Rivières de Bretagne, ont porté plainte après cette pollution.
« Procès du risque industriel » pour nos rivières
La société, filiale d'Engie, sera jugée pour les délits de « déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer » et de « pollution par rejet en eau douce ou pisciculture de substances nuisibles au poisson ». Il lui est aussi reproché l'infraction d' « exploitation d'une installation classée sans respecter les mesures prescrites par arrêté pour la protection de l'environnement ».
La peine maximale encourue pour ces délits est une amende de 375.000 euros ainsi que diverses peines d'interdiction ou de confiscation, outre la peine de remise en état des lieux. Interrogée, la société a déclaré à l'AFP « prendre acte de cette décision » et ne pas souhaiter « faire de commentaires avant l'audience ».
« C'est le procès du risque industriel qu'on fait courir à nos rivières », a déclaré à l'AFP Arnaud Clugery, porte-parole d'Eau et Rivières de Bretagne, association qui s'est battue pour la tenue d'un procès public. « La justice environnementale ne doit pas être une justice au rabais », a-t-il ajouté.
(Avec AFP)