Mytraffic lève 3 millions d'euros pour revitaliser les centres-villes européens

Avec cette levée de fonds, la jeune pousse Mytraffic, qui extrait les flux de passants et de véhicules au service des villes et des enseignes, veut conquérir l'Europe.
César Armand
(Crédits : Reuters)

 Un rideau de fer baissé. Une vitrine de magasin bardée d'autocollants "A vendre" ou "à céder". Quelle que soit leur taille, de nombreuses communes subissent la désertification de leurs centres-villes. Pour y remédier, le gouvernement met en route, en mars 2018, le plan "Action cœur de ville" doté de 5 milliards d'euros sur cinq ans au profit de 222 villes. En complément, la loi "Elan", adoptée en octobre 2018, débouche sur la mise en place d'une opération de revitalisation de territoire (ORT) qui permet aux communes et intercommunalités de copiloter, avec les préfets, les autorisations d'exploitation commerciale. En clair, les collectivités concernées peuvent suspendre, sur une durée de trois ans, l'implantation d'équipements nuisibles aux centres-villes.

Lire aussi : Logement : ce qu'il faut retenir de la loi Élan

Présent dans 30 villes françaises et italiennes

Lancée en 2016, la jeune pousse Mytraffic n'a pas attendu ces outils pour aider les communes à prendre des actions d'amélioration. Elle récupère les informations - anonymisées - de géolocalisation des téléphones portables puis les couple avec du comptage manuel pour en extraire des données de flux de passants et de véhicules.

"Cela permet aux enseignes et aux villes de connaître les rues plus commerçantes que d'autres, de pouvoir comparer entre les endroits et plus généralement de comprendre comment le commerce évolue", résume Gauthier Macheton, co-fondateur.

Par exemple, si une commune souhaite piétonniser une rue, elle peut y mesurer les passages pendant un an avant d'en réaliser le bilan chiffré. A ce jour, Mytraffic déclare être présent dans trente villes, à Vesoul (17.000 habitants) comme à Strasbourg (300.000), en France, comme en Italie.

Avec cette levée de fonds de 3 millions d'euros, via l'entrée au capital du fonds Kemel de Pierre Kosciusko-Morizet, co-fondateur de Priceminister.com, la startup entend s'implanter dans des collectivités espagnoles, allemandes, britanniques, belges et néerlandaises.

Un abonnement annuel de 10.000 euros en moyenne

Le modèle économique demeurera le même : en contrepartie d'un abonnement annuel - en moyenne de 10.000 euros - à un logiciel, la ville ou l'enseigne cliente peut consulter les flux qui la concerne.

"Les données que nous fournissons peuvent être combinées à d'autres data pour distinguer, par exemple, le flux résident du flux passant", précise Gauthier Machelon.

D'un trottoir à l'autre ou d'une heure à une autre, que ce soit à Paris ou ailleurs, le nombre de piétons n'est en effet pas le même. Idem au croisement des rues où les personnes suivent des chemins divergents.

"Chaque jour, 15.300 personnes passent devant chez Sephora au 9 avenue des Ternes, alors qu'ils sont 9.700 chez Ikks", détaille Gauthier Machelon. "Rue Lévis, 2.800 personnes sont présentes entre 12 heures et 13 heures et entre 18 heures et 19 heures, contre 1.400 entre 14 et 15 heures ."

Pour les commerçants indépendants et les professionnels de l'immobilier

Outre les collectivités ou les enseignes, Mytraffic propose ses services, gratuitement, aux commerçants indépendants qui peuvent se connecter à la plateforme monlocalcommercial.fr pour définir leur implantation, notamment en y regardant l'emplacement de leurs concurrents.

Les professionnels de l'immobilier travaillent aussi avec la jeune pousse pour déterminer la valeur des immeubles et le niveau des loyers, en lien avec les flux de passants et de véhicules.

César Armand

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