Climate Act : 300 entreprises, surtout dans la tech, réclament une règlementation plus contraignante

Un an après son lancement, le collectif "Climate Act", à l'initiative de la startup Shine, a triplé de taille -de 100 à 300 entreprises membres, essentiellement des startups- et se donne l'ambition de passer à 3.000 l'an prochain, notamment en l'ouvrant à des entreprises hors de la tech. Son objectif : accélérer la transition écologique en imposant un bilan carbone plus strict que celui en vigueur et en promouvant des actions concrètes pour réduire l'empreinte carbone des entreprises.
Sylvain Rolland
(Crédits : DR)

La mayonnaise a pris. Un an pile après son lancement, le collectif "Climate Act", qui embarque les entreprises dans la lutte contre le changement climatique, a triplé de taille et voit loin pour les années à venir. Créé à l'initiative de la startup Shine, le collectif est passé de 100 à 300 membres, et a commencé à sortir de la tech, son secteur d'origine. "L'idée du Climate Act est de dire que la législation ne va pas assez loin et que les entreprises y gagneraient, financièrement et en terme d'image, à mieux prendre en compte leur empreinte carbone et à agir pour la réduire", explique à La Tribune Nicolas Reboud, le Pdg de Shine.

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La règlementation "oublie" les petites entreprises

Effectivement, malgré l'urgence climatique, seules les entreprises de plus de 500 salariés, soit à peine 5% des entreprises françaises, ont pour obligation d'évaluer une partie de leurs émissions de gaz à effet de serre. Et cette obligation ne porte que sur une petite partie seulement de leurs émissions : il s'agit des émissions dites directes (ou scopes 1 et 2). Les émissions dites indirectes (scope 3) ne sont pas prises en compte. Mais ce sont, pour beaucoup d'entreprises, les plus importantes : le transport des marchandises, les déplacements professionnels ou encore la gestion des déchets ne sont par exemple pas comptabilisés.

Ainsi, pendant que seule une minorité d'entreprises comptabilisent une faible part de leurs émissions, les autres, plus petites, peuvent se concentrer sur leur croissance sans prendre en compte leur incidence sur le climat.

"Nous jugeons le seuil réglementaire trop élevé et son envergure trop restreinte. Nous pensons qu'il est de notre responsabilité de prendre les devants pour nous placer dans l'action dès aujourd'hui", explique les membres du collectif dans le texte fondateur, que La Tribune avait publié en exclusivité l'an dernier.

Adhérer au Climate Act implique donc de s'imposer d'aller au-delà de la règlementation. Les membres signataire s'engagent ainsi à réaliser tous les ans un bilan carbone complet (incluant les scope 1, 2 et 3), en partager ouvertement les conclusions, et à agir concrètement pour réduire les émissions identifiées. Sur les 300 membres actuels, les bilan carbone de 150 d'entre eux sont disponibles sur la plateforme Passerelle, qu'un membre à mis à disposition du collectif pour réunir les bilan carbone des membres sur un même espace commun. Pourquoi seulement 150 ? "Un nombre non-négligeable d'entreprises nous ont rejoint depuis le début de l'année, or le bilan demandé porte sur l'année 2021. De plus, certaines entreprises ont publié leur bilan sur leur propre site et pas encore sur notre plateforme Passerelle", précise Nicolas Reboud.

Un lobbying encore faiblard

Au moment de sa parution dans La Tribune, le texte avait fait grand bruit, notamment dans la French Tech. Et pour cause : il réclamait que le gouvernement fasse de l'engagement à agir contre le changement climatique l'un des critères de sélection du Next40 et du French Tech 120, les deux indices phares qui promeuvent les 120 startups françaises dotées du plus de potentiel.

Mais Cédric O, le secrétaire d'Etat à la Transition numérique, avait rapidement douché les espoirs d'une réforme : "Le Next40 et le French Tech 120 obéissent à des critères économiques avant tout", avait-il tranché. Rapé pour l'édition 2022. Mais le fondateur de Shine se veut confiant pour l'édition 2023 et au-delà. "Les discussions sur toujours sur la table avec la Mission French Tech et l'Etat pour faire évoluer les critères du French Tech 120 et du Next 40 pour une meilleure prise en compte de l'impact carbone", affirme-t-il à La Tribune.

Malgré tout, le Climate Act n'a pas réussi, pour l'instant, à faire bouger les lignes politiques. Un durcissement de la règlementation pour intégrer le scope 3 à la mesure de l'impact carbone ne semble pas sur la table, et l'urgence climatique n'est toujours pas une priorité politique ou médiatique, en témoigne la quasi-indifférence avec laquelle a été reçu le nouveau rapport alarmant du GIEC publié le 28 février dernier, quatre jours après le début de la guerre en Ukraine.

C'est pour cela que le collectif espère peser davantage en s'ouvrant à toutes les entreprises qui le souhaitent. Pour les rassurer, Nicolas Reboud insiste : "Faire un bilan carbone complet, ce n'est pas très compliqué. C'est facile, ça ne coûte pas cher, et c'est un premier pas indispensable qui a un impact très positif en terme d'image et de culture d'entreprise".

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 15/03/2022 à 7:55
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Ben disons que yaura toujours des gens qui n'ont pas de véritable problème en fait, tant mieux pour eux.

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