Enhywhere, de petites stations de ravitaillement en hydrogène à portée de main

La start-up, lauréate du programme Propulse de l'Agence de l'Innovation pour les Transports, conçoit et installe des stations à hydrogène autonomes et compactes. Le but ? Mettre sur pied un réseau de distribution accessible partout, pour une mobilité décarbonée.
(Crédits : DR)

Hechem Nadjar le dit avec force : « Je suis un missionnaire »... Après avoir été ingénieur dans l'industrie pétrolière, notamment chez Shell, entreprise pour laquelle il a contribué à élaborer la première station à hydrogène de Californie, sa carrière a pris un tournant. Il est désormais président d'Enhywhere, une start-up qu'il a fondée en 2021 avec deux professionnelles de haut niveau. Laurence Grand-Clément, X et MBA (INSEAD), a une expertise technique en hydrogène reconnue [depuis l'entretien, Laurence a quitté l'entreprise]. Chantal Soubigou, docteure en chimie, est spécialiste en énergie et en innovation. Les trois entrepreneurs ont d'abord identifié un problème majeur pour le développement commercial de l'hydrogène vert, une source d'énergie décarbonée alternative pour les mobilités. « Les véhicules à hydrogène offrent de nombreux avantages, dont une grande autonomie permettant des usages intensifs, et une recharge en quelques minutes. Toutefois, il n'y a pas assez de stations de ravitaillement, explique Hechem Nadjar. En outre, les constructeurs ou les fournisseurs réfléchissent uniquement à des installations d'envergure, sur le modèle des grandes stations d'essence. » Or ces équipements, lourds et coûteux, sont longs à mettre en œuvre et peu présents sur le territoire.

En conséquence, le marché de l'hydrogène pour le transport et la logistique a du mal à décoller. Les constructeurs hésitent en effet à produire des véhicules que les utilisateurs rechignent à acheter, en raison des difficultés d'approvisionnement...

Electrolyse embarquée

Pour sortir de cette impasse, Enhywhere a donc décidé de prendre le contre-pied. La start-up parie sur le développement de réseaux maillés de mini stations. « Il s'agit d'amorcer la pompe. Notre idée est d'aider les utilisateurs potentiels - services de taxi, camions, véhicules de livraison pour le dernier kilomètre, notamment - à expérimenter l'hydrogène », poursuit le président de la jeune pousse.

Mais encore faut-il que de petites stations puissent être implantées un peu partout. D'où la nécessité de concevoir des installations très compactes et autonomes, s'insérant aisément dans tous les territoires, y compris au regard des prescriptions du code de l'environnement.

L'innovation d'Enhywhere consiste en une miniaturisation de son système d'électrolyseur et de compresseur. Cette électrolyse embarquée permet de produire et de déployer de petites stations n'importe où : dans des zones urbaines très denses, au sein d'espaces ruraux, sur des quais d'embarquement de marchandises, à un dépôt de bus... Les premières expérimentations sont en cours. Les early adopters sont satisfaits et les constructeurs de véhicules utilitaires s'y intéressent.

L'hydrogène vert étant désormais reconnu comme un carburant zéro émission incontournable par les autorités réglementaires européennes et californiennes, la start-up, incubée au Perqo, au sein du Conseil Régional d'Ile-de-France, au Los Angeles Cleantech Incubator et au Venture Accelerator de l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), ambitionne de devenir le partenaire de référence dans la production et l'exploitation de mini stations hydrogène, en Europe comme aux États-Unis, en construisant des stations capables de desservir 500 000 véhicules d'ici à 2030.

« Propulsés »

« Le point d'inflexion est venu de Propulse », relève Hechem Nadjar. Depuis que la start-up a été sélectionnée par le programme de l'Agence de l'innovation pour les transports (AIT), ou, comme le dit l'entrepreneur, « depuis que nous sommes 'propulsés' », la société a pris son envol. Les premières discussions avec les spécialistes de l'AIT sur la technique, la réglementation et les subventions possibles ont été fructueuses. De plus, Enhywhere a réussi une levée de fonds en amorçage de 5 millions d'euros. La jeune pousse a également obtenu le soutien de Bpifrance, grâce au programme Deeptech. Enfin, le Gouvernement français l'a identifiée parmi les 125 start-up pouvant bénéficier d'un accompagnement financier et extra-financier, afin de répondre à de grands enjeux de société, dont la décarbonation des transports, selon les priorités stratégiques établies par le plan France 2030. Et Enhywhere vient d'être sélectionnée dans le Top 10 des start-up de la mobilité en Europe. « Propulse nous ouvre des portes. Les bénéfices sont aussi en termes de visibilité et de crédibilité. Nous avons fait énormément de chemin en très peu de temps », ajoute le dirigeant.

Il en reste à parcourir. Mais Hechem Nadjar est confiant. Il compte aussi sur une participation à la vitrine des innovations dans les mobilités, pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques 2024, pour implanter une mini station à hydrogène près d'un site de compétitions. De quoi susciter l'intérêt des nombreux visiteurs, français et étrangers, renforcer les possibilités de déploiement de cette nouvelle technologie et accélérer également une deuxième levée de fonds pour atteindre les objectifs qu'Enhywhere s'est fixés.

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Commentaires 6
à écrit le 05/03/2024 à 17:04
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bonjour j'adore cette idée hydrogene, déjà quand je fais le plein de GPL les gens de tiennent à 10 m ,avec l'hydromachin ça sera 100m. question :, qui sera le premier à se faire hindenburgiser,?

le 23/03/2024 à 23:41
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L’ accident du dirigeable de l’ Hindenburg n est pas comparable ..: pas la même époque pas la même technologie dont notamment les réservoirs… les 350000 automobilistes coréens et Japonais qui roulent déjà à l hydrogène depuis 6 ans n’ ont visibl...

le 23/03/2024 à 23:41
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L’ accident du dirigeable de l’ Hindenburg n est pas comparable ..: pas la même époque pas la même technologie dont notamment les réservoirs… les 350000 automobilistes coréens et Japonais qui roulent déjà à l hydrogène depuis 6 ans n’ ont visibl...

le 23/03/2024 à 23:41
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L’ accident du dirigeable de l’ Hindenburg n est pas comparable ..: pas la même époque pas la même technologie dont notamment les réservoirs… les 350000 automobilistes coréens et Japonais qui roulent déjà à l hydrogène depuis 6 ans n’ ont visibl...

à écrit le 01/03/2024 à 17:53
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Merci de bien vouloir retirer cette photo sur laquelle je figure qui date d'il y a un an et dont je ne pense pas avoir autorisé sa réutilisation pour publication dans cet article. Au titre du droit moral à l'image.

le 07/03/2024 à 20:18
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Laurence GRAND-CLEMENT, c'est un nom bizarre pour un hydroliseur...Il faudrait mieux l'appeler Ampère, Volta, ou Coulomb....

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