AI Cargo Foundation, au service de l'intérêt général

Cette association primée par le programme Propulse, de l'Agence de l'Innovation pour les transports, met l'intelligence artificielle au service d'une grande cause : la transformation systémique du transport de marchandises.
(Crédits : DR)

Pour changer le monde, certains lancent une start-up. Guillaume Desveaux, avec son co-fondateur Antoine du Sorbier, a choisi une autre voie... « Tout a commencé lorsque j'ai rejoint le Hub France IA, l'organisme chargé de faire la promotion de l'intelligence artificielle au service de l'efficacité de l'économie française », dit-il. Un groupe de travail sur la décarbonation des transports avait déjà été constitué, avec la SNCF, La Poste et L'Oréal, en vue de partager des données, aussi bien sur les longues distances que pour les livraisons urbaines, afin d'identifier les leviers permettant des économies d'énergie et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Mais la filière transport est très morcelée, caractérisée par de faibles marges et très concurrentielle », poursuit-il. Seule solution dans ces conditions, créer une association loi 1901, financée par l'État, pour rassurer les acteurs. La structure agirait ainsi comme un tiers de confiance.

Née en mars 2020, AI Cargo Foundation a pour objectif d'accélérer les pratiques collaboratives et l'adoption de nouveaux usages numériques pour aider la filière transport et logistique dans sa transition énergétique et environnementale. Pour ce faire, son pôle d'innovation regroupe des professionnels du transport de marchandises, des industriels, des distributeurs, des énergéticiens ainsi que des laboratoires de recherche, des collectivités territoriales et des instances gouvernementales.

Transformation systémique

Concrètement, l'association vise l'accompagnement du changement dans le transport longue distance, la décarbonation de la logistique urbaine, la réduction de l'empreinte carbone des grandes flottes de véhicules et la mesure de l'empreinte carbone du secteur. « Au-delà de ces axes, nous avons adopté une philosophie, celle des cinq M, pour massification, mutualisation, motorisation, maillage et mix énergétique », enchaîne-t-il.

Certes, les acteurs du transport n'ont pas attendu l'association pour tenter de contrer certaines aberrations, comme le fait que 60 % des barges retournent à vide, une fois la livraison effectuée... « Pour eux, avant d'être un problème environnemental, c'est un problème économique », analyse Guillaume Desveaux. Mais pour accroître la part du transport ferroviaire et fluvial -, les trains et les bateaux étant nettement moins énergivores que les poids lourds -, et mieux gérer les flux de wagons ou de barges, il faut d'abord recueillir les données disponibles, les cartographier et les analyser. Puis simuler différentes options, et enfin, piloter la transformation. Le tout grâce à l'IA.

Les questions sont nombreuses. Quelles sont les cargaisons qui se prêteraient le mieux au transport ferroviaire par rapport à la route ? Comment mutualiser le fret pour remplir un train et rentabiliser l'opération ? Concernant la logistique urbaine, les entrepôts sont-ils trop loin des lieux de distribution ? Peut-on consolider les flux ? Où faut-il situer les points de rendez-vous des vélos-cargos ? A cet égard, AI Cargo Foundation a déjà développé une application (DeliveryPark) pour informer les livreurs sur l'utilisation des aires de livraison.

Clairement, les réponses doivent aussi bien venir des acteurs économiques impliqués que des collectivités locales et des autorités nationales. « Il s'agit d'adopter une politique à l'échelle du pays, englobant tous ces thèmes et de planifier les investissements nécessaires », résume le président d'AI Cargo Foundation.

Tous alignés grâce à l'AIT

Face à ces enjeux, le programme Propulse, dont l'association est lauréate, joue un rôle clé. « L'accompagnement de l'Agence de l'innovation pour les transports (AIT) est essentiel », déclare ainsi Guillaume Desveaux. Les équipes, « très énergiques, permettent, par leur travail de sensibilisation des parties prenantes, d'aligner tout le monde sur la transformation systémique des transports, tant au point de vue normatif que d'échange de données », ajoute-t-il.

En outre, l'association a reçu 3,5 millions d'euros de Bpifrance, grâce au Programme d'investissements d'avenir, ainsi qu'un financement par le dispositif des Certificats d'économie d'énergie de 7 millions d'euros, dans le cadre des appels à programme de la DGEC/ADEME pour le report modal du fret.

Et bien sûr, il faut espérer que les solutions apportées par AI Cargo Foundation pourront être mises à profit lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 : transport du matériel des athlètes (kayaks, etc.), de la nourriture vers les stades, des déchets après compétitions... En somme, il s'agit, pour AI Cargo Foundation, non seulement d'aider le pays à réussir cet évènement, mais aussi, et surtout, de servir l'intérêt général - et celui de la planète.

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Commentaires 2
à écrit le 22/02/2024 à 7:53
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Il y a belle lurette, qu'en France, la notion d'intérêt général a complètement disparu. Parler d'intérêt général est particulièrement indécent, surtout en Macronie.

à écrit le 16/02/2024 à 23:41
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Ces 5M ressemblent beaucoup à ceux promus par l’association France Logistique…

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