Numérique : Ayrault promet une loi sur la protection des données personnelles, mais pas d'argent supplémentaire

Le Premier ministre veut renforcer la protection des données personnelles des internautes via une loi qui sera déposée devant le Parlement en 2014. Même si 18 mesures ont été présentées, Jean-Marc Ayrault n'a pas débloqué de fonds supplémentaires pour le numérique.
Copyright Reuters

C'était une première pour le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre a présidé jeudi matin à Gennevilliers son "séminaire gouvernemental sur le numérique". Cette manifestation, qui doit avoir lieu tous les ans, est censée fixer de manière concrète la feuille de route de chaque ministère en matière numérique. Dix huit mesures ont été présentées, essentiellement en matière de formation et de compétitivité. Principale annonce: le gouvernement présentera au Parlement début 2014 une loi renforçant "la protection des données personnelles" des citoyens sur Internet. 

Montebourg veut relocaliser les serveurs en Europe

Le sujet brûlant des données personnelles, ces informations que l'internaute dissémine sur la Toile, est revenu récemment sur le devant de la scène, et même jeudi matin avec Arnaud Montebourg. Le ministre du Redressement productif a demandé à ce que les serveurs soient relocalisés en Europe, ou mieux en France. Une proposition qui pourrait laisser perplexe. Si elle vise d'abord Facebook et Google, elle pourrait aussi concerner des opérateurs télécoms dont les call centers sont situés au Maroc par exemple. 

Le rapport Col(l)in n'est pas évoqué

Surtout, les données étaient au coeur du rapport sur la fiscalité du numérique remis au gouvernement par Nicolas Colin et Pierre Collin. Leur thèse: les géants du Net, comme Google, Amazon, Facebook ou Apple, sur-exploitent les données des internautes, il faut donc leur imposer une taxe supplémentaire. Ce qui permettrait de soumettre à l'impôt des entreprises américaines qui y réchappent, en délocalisant leur activité en Irlande, au Luxembourg et aux Bermudes. Pourtant, si la fiscalité est la mesure numéro 12 de la feuille de route du gouvernement, ce dernier n'a rien annoncé de nouveau. Il continuera d'agir au niveau international en négociant avec l'OCDE ou l'Union européenne. Sur un plan national, il attend les conclusions du Conseil national du numérique (CNN) avant d'envisager de nouvelles pistes. Pas un mot n'a été donc dit sur le résultat de la mission Col(l)in pourtant commandée par le gouvernement. 

Pas d'investissements supplémentaires

Sans surprise, le gouvernement n'a pas annoncé d'investissements publics supplémentaires, et préfère utiliser les enveloppes existantes. Comme François Hollande l'avait déjà dit, 150 millions d'euros des investissements d'avenir seront ré-orientés vers les "technologies clefs", objets connectés et logiciels embarqués, super calculateurs et simulation (domaines de prédilection de Bull et de Dassault Sytèmes), cloud computing, big data, sécurité des systèmes d'information. Aucune précision n'a été apportée sur la répartition de l'enveloppe. Cette semaine, l'AFDEL, qui représente les éditeurs de logiciels, avait demandé 150 millions d'euros rien que pour le big data. Les PME et les TPE pourront bénéficier de 300 millions d'euros de prêts bonifiés, via la banque publique d'investissement.  En matière de très haut débit, le président François Hollande avait déjà annoncé une aide de 3 milliards d'euros aux collectivités locales

Le gouvernement va aussi tenter le concept de "Paris Capitale Numérique" en province. L'idée : créer 15 quartiers dans des agglomérations, où seront réunis les grands groupes, les PME et les start ups. Les startups pourront aussi participer à un programme baptisé "Ambition logicielle", piloté par l'AFDEL et l'INRIA, qui facilitera leurs démarches auprès des différents dispositifs d'aides publiques.

2.000 emplois d'avenir dans le numérique

En matière d'emploi, les efforts se concentrent sur les jeunes sans diplômes. 2.000 emplois d'avenir (destinés aux 16-25 ans qui n'ont pas le bac) pourront être affectés aux Espaces publics numériques. Le gouvernement promet aussi un soutien aux "décrocheurs", ces jeunes en rupture scolaire. Autre objectif : former 150.000 enseignants aux usages du numérique en deux ans, tandis qu'un plan d'action pour les étudiants, qui doit former aux métiers du numérique "au moins 3.000 jeunes de plus chaque année".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 8
à écrit le 01/03/2013 à 8:53
Signaler
Et encore une couche sur la prétendue "pénurie"... Extrait de la feuille de route : "les fédérations professionnelles estiment à au moins 3000 le déficit annuel de diplômés de haut niveau pour les postes offerts par la seule filière numérique. Object...

à écrit le 01/03/2013 à 8:02
Signaler
Qu'est-ce qu'un "Espace public numérique" ? Est-ce un endroit ou un décrocheur scolaire explique à une grand mère comment pécho sur facebook ?

à écrit le 28/02/2013 à 22:47
Signaler
protéger les données personnelles par une loi ? et pourquoi pas une ligne Maginot ?

à écrit le 28/02/2013 à 22:29
Signaler
mais entre Fleur Pellerin et lui on se demande s'ils sont aux gouvernements ou pas... un règlement européen sur les données personnelles est en cours d'écriture et devrait être voter d'ici la fin de l'année. C'est quand même dingue qu'il ne soit pa...

à écrit le 28/02/2013 à 22:12
Signaler
De qui se moque-t-on? Il ne se passe pas un mois sans l'évocation d'une nouvelle loi liberticide, d'une nouvelle limitation de la liberté d'expression (il suffit de voir le rapport de l'UE qui propose de labéliser ceux qui pourront tenir blog sur un ...

à écrit le 28/02/2013 à 21:36
Signaler
"former aux métiers du numérique au moins 3.000 jeunes de plus chaque année". => Le chômage des informaticiens est au plus haut depuis 2005 (http://www.journaldunet.com/solutions/emploi-rh/emploi-et-chomage-dans-l-informatique-0213.shtml)... et notre...

à écrit le 28/02/2013 à 20:47
Signaler
Avec la fibre optique à domicile, chacun pourra ouvrir son serveur personnel au monde entier. Si les serveurs ne sont pas situés en France sinon aux frontières, c'est bien parceque France Telecom a limité les terminaisons et la bande passante livrées...

le 01/03/2013 à 19:45
Signaler
les entreprises vaient des dibits bien supérieurs à l'adsl et avant que l'adsl n'existe, toute en treprise est raccordable à n'importe quel débit sur le teritoire, toute entreprise peut installer un data center dans le larzac, l'opérateur posera la ...

le 06/07/2015 à 21:21
Signaler
un marxiste anglais comme Emmanuel Todd je suppose. C'est a dire un ideologue complètement ambivalent, contre tout ce qui ne flatte pas ses idées et son ego et hermétique à toute confrontation au réel. C'est le Grexit assuré Tant mieux pour l'euro t...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.