Première victoire pour les Gafam contre les autorités antitrust américaines, et particulièrement pour Facebook. Un juge américain a infligé un revers aux instances du pays qui accusaient le réseau social de pratiques anti-concurrentielles en rejetant lundi des plaintes déposées fin 2020. Résultat, en Bourse, la firme californienne a dépassé le trillion de valorisation lundi (1.008 milliards de dollars). Mardi, le titre progressait fortement à +4,18% une heure après l'ouverture du Nasdaq, pour un prix par action de 355,64 dollars.
Au départ, l'autorité américaine de la concurrence (FTC) et les procureurs représentant 48 États et territoires estimaient que Facebook abusait de sa position dominante - constituée notamment à partir des effets de réseau. Cette force de frappe empêchait, selon les plaignants, l'émergence de nouveaux acteurs et bridait toute concurrence. Ils demandaient notamment une séparation des services de messagerie instantanée que sont Instagram et WhatsApp.
Pas d'éléments anti-concurrentiels tangibles selon le juge
Après étude minutieuse de la saisine, le juge James Boasberg a estimé que les éléments avancés par les autorités américaines n'étaient pas suffisants :
"La FTC n'est pas parvenue à présenter suffisamment de faits pour établir de manière plausible" que le groupe disposait vraiment d'un pouvoir monopolistique sur les réseaux sociaux.
"Le groupe ne dit presque rien de concret sur la question clé du pouvoir réel de Facebook (...), c'est presque comme si l'agence s'attendait à ce que le tribunal approuve sans broncher l'idée répandue selon laquelle Facebook est un monopole", remarque le magistrat dans son argumentaire.
Le juge laisse toutefois une porte ouverte : s'il rejette entièrement la plainte des procureurs généraux, il donne à la FTC trente jours pour présenter de nouveaux documents étayant plus précisément ses accusations. L'institution anti-trust, nouvellement présidée par la très anti-gafam Lina Khan, pourrait donc revenir à la charge.
Le magistrat a par ailleurs affirmé que la politique selon laquelle Facebook empêchait le transfert des données vers des applications concurrentes comme Twitter, TikTok ou Snapchat n'était pas contraire aux lois sur la concurrence.
Ce sujet est majeur et il pourrait bien revenir très rapidement sur la table. Une commission judiciaire du Congrès a voté plusieurs mesures la semaine dernière afin d'imposer la portabilité des données d'une messagerie à une autre. Il est aussi prévu d'interdire aux colosses de la tech d'acquérir des concurrents pour préserver leur pouvoir de marché.
Ces textes doivent encore passer par la Chambre des représentants, à majorité démocrate, puis par le Sénat, où leur sort est plus incertain.
Le réseau social s'est félicité de ces décisions, qui "reconnaissent les défauts des plaintes gouvernementales déposées contre Facebook". "Nous rivalisons tous les jours équitablement avec d'autres entreprises pour gagner le temps et l'attention des gens", a affirmé un porte-parole.
(avec AFP)
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